En finir avec Cesare Lombroso ?

Un personnage qui brûle

En tant qu’historien et directeur scientifique du Musée d’anthropologie criminelle « Cesare Lombroso », je dois faire un préambule général : parfois les idées des scientifiques sont mauvaises et celles de Lombroso le furent souvent ou eurent des conséquences négatives en passant des livres aux applications pratiques, de lui à ses disciples.

Raciste, misogyne et longtemps partisan de la peine de mort, Lombroso est indéfendable, et son image ne s’améliore pas avec l’apparition des correspondances inédites qui le concernent1. Cependant, le fait que ce penseur du XIXe siècle soit devenu un symbole à exposer dans les stades de football2 nous fait comprendre qu’autour de sa figure il y a eu une manipulation de la mémoire qui doit être expliquée, pour essayer d’empêcher que la désapprobation le touchant s’étende aussi à ceux qui conservent de manière critique un précieux héritage archivistique et muséal. Le Museo Lombroso n’a pas d’objectifs apologétiques. Il raconte l’histoire de ce psychiatre et anthropologue né à Vérone en 1835 et mort à Turin en 1909, sans chercher à dissimuler ses erreurs et ses défauts ; il conserve et valorise les collections qu’il nous a léguées, favorise les recherches des étudiants et des chercheurs universitaires en mettant à leur disposition ses fonds, constitués de dessins ou d’écrits produits au sein des asiles psychiatriques et des prisons, de photographies judiciaires, de correspondances entre savants, de reproductions de tatouages, de collections d’armes et ainsi de suite3.

Portrait de Cesare Lombroso dans sa jeunesse

Portrait de Cesare Lombroso dans sa jeunesse

Deuxième Congrès international d’anthropologie criminelle, Paris, 1889

Deuxième Congrès international d’anthropologie criminelle, Paris, 1889

Portrait photographique de Cesare Lombroso (sans date)
Portrait de Cesare Lombroso (sans date)

à gauche : Portrait photographique de Cesare Lombroso (sans date)

à droite : Portrait de Cesare Lombroso (sans date)

Pour analyser les multiples utilisations de la figure de Lombroso depuis sa mort, il convient d’abord de mesurer l’influence qu’il a exercée sur la culture italienne de son vivant, en particulier à la fin du XIXe siècle, et d’expliquer les raisons de la forte exposition publique de ce savant, liée notamment à son engagement au sein du Parti socialiste italien. J’aborderai ensuite les principales critiques successivement adressées à Lombroso dans le discours public, au sein des milieux catholique et idéaliste à l’époque de sa disparition, puis dans le milieu fasciste, qui frappa ses plus étroits collaborateurs, et enfin dans le milieu gramscien. La troisième partie de mon exposé sera consacrée au second après-guerre, aux célébrations du premier cinquantenaire de la mort de Lombroso et à l’utilisation du personnage, dans le cadre de la critique des institutions psychiatriques et de la science bourgeoise, comme exemple de dispositif idéologique.

Bien que Lombroso fasse l’objet de nombreux travaux historiographiques italiens et internationaux depuis plusieurs décennies – c’est en 1975 que lui fut consacrée une première biographie scientifique4 –, sa figure n’a pas encore été à ce jour abandonnée à l’histoire et continue à susciter de grandes passions. Il suffit de penser à la polémique déclenchée en 2009, lorsque l’université de Turin a ouvert au public le Musée d’anthropologie criminelle, où sont exposées les collections réunies par Lombroso et ses admirateurs. Un mouvement de protestation a aussitôt demandé sa fermeture, en rappelant que Lombroso avait été la cause des préjugés racistes des Italiens du Nord contre les Italiens du Sud. Un autre exemple d’actualisation de la figure de Lombroso est fourni par la recherche neurobiologique, et notamment de la part des spécialistes des comportements criminels désireux de trouver en lui le noble père des recherches sur la déviance et la criminalité.

Lorsque, plus d’un siècle auparavant, le critique littéraire Theodor de Wyzewa prend position, en 1897, dans la Revue des deux mondes contre Lombroso et son influence sur les intellectuels italiens, il a en tête d’autres enjeux.

« Ils [Les écrivains italiens] se montrent très préoccupés, aussi, des nouvelles théories, ou plutôt hypothèses de la science, et en particulier de celles qu’inventent tous les jours, avec une fécondité et une assurance imperturbables, les “anthropologues”, “criminologues”, “psycho-physiologues” italiens de l’école de M. Lombroso. On sait combien cette école est active et bruyante, et l’instance qu’elle met à transformer en des lois générales des menus faits observés en passant. Mais peut-être ne se rend-on pas compte de l’énorme importance qu’elle a su prendre, en Italie, et du contrecoup vraiment extraordinaire qu’elle y a produit, dans les domaines le plus divers de la vie intellectuelle. Sur vingt livres italiens qui paraissent à présent, dix au moins sont manifestement inspirés des doctrines lombrosistes. »5

Wyzewa, qui estimait « regrettable » l’influence lombrosienne, faisait allusion au rôle que l’école psycho-anthropologique avait joué dans le domaine littéraire, notamment dans le débat d’idées sur la permanence de la raison esthétique à l’époque de l’avènement du scientisme comme dans la réutilisation créative des doctrines psychiatriques. À l’instar de nombreux intellectuels italiens, Wyzewa craignait qu’un médecin en vogue puisse devenir un théoricien de la littérature et influencer son cours. De fait, bon nombre d’auteurs, en cette fin de siècle, s’étaient inspirés de la pensée lombrosienne. Le fort impact de son œuvre dans la culture italienne, dû aux articles et aux essais qu’il publiait régulièrement dans les revues les plus réputées et par les plus grandes maisons d’édition, en faisait un personnage à la mode, à un moment où les sciences devenaient omniprésentes dans les journaux et étaient de plus en plus demandées par le public6. Il ne s’agissait pas simplement de l’habile exploitation d’un filon éditorial : Cesare Lombroso était l’un des représentants les plus en vue de cette génération de chercheurs qui estimaient avoir joué un rôle capital dans la naissance de l’État italien et poursuivaient un projet de réforme culturelle, destiné à consolider une unité politique et sociale encore précaire7. Cette place nouvelle de la science dans l’espace public aboutit toutefois à charger cette dernière de requêtes, instances et devoirs qu’elle n’était pas en mesure de satisfaire. Sa surexposition, qui en avait fait un sujet de controverse entre les différentes coalitions politiques, fournit des arguments à ses adversaires et finit par rendre plus profonde, en Italie, la crise du scientisme positiviste que Ferdinand Brunetière avait synthétisée, en 1895, dans sa célèbre formule sur la « banqueroute de la science »8.

Personnage public et intellectuel combatif plus que savant, Lombroso fut donc un symbole autour duquel se concentra le débat sur les aspirations et les fonctions de la science dans la société italienne de la fin du XIXe siècle. La revue des jésuites Civiltà Cattolica, porte-parole de l’Église sur les nouvelles découvertes scientifiques9, réserva à Lombroso une attention toute particulière, non seulement sur la question du libre arbitre, que la théorie de l’atavisme criminel tendait à réfuter en mettant en discussion le concept religieux de péché, mais aussi sur d’autres thèmes importants du point de vue théologique, liés à la tentative de démonstration scientifique du surnaturel et de l’inconnu, dans laquelle s’étaient engagés divers représentants du positivisme italien10. Des pratiques culturelles telles que le magnétisme, le somnambulisme et le spiritisme, sur lesquelles s’étaient penchés les chercheurs de la fin du siècle, avaient déjà été condamnées dans les années 1850 par l’Église, qui s’en sentait menacée dans la gestion du merveilleux, de l’exceptionnel et de la maladie.

Ces pratiques populaires, qui remplissaient les théâtres et faisaient parler les chroniques, se trouvaient sous le tir croisé de deux adversaires qui se faisaient en réalité la guerre. Le premier, la religion, pour préserver son hégémonie culturelle, le second, la science, pour la lui disputer et affirmer un modèle de rationalité scientifique que les magnétiseurs et les occultistes avaient tendance, pour leur part, à mettre en discussion11. Par leurs recherches sur l’hypnotisme, la suggestion, le spiritisme, les facultés psychiques occultes, Lombroso et ses confrères pénétraient un domaine dont la définition avait été, encore quelques années plus tôt, l’apanage de la religion catholique, seule à même de déterminer ce qui relevait du miraculeux et du démoniaque. La vérification expérimentale de l’inconnu et du surnaturel visait un élargissement des frontières de la connaissance, mais introduisait du même coup un fort élément de contradiction au sein de la conception organiciste qui plaçait dans le fait et dans sa mesurabilité statistique le point fondamental de sa méthode12. Au-delà des pièges dans lesquels le positivisme serait tombé en poursuivant le mysticisme du fait et l’absolutisation de la science, il faut souligner qu’entre les années 1870 et les années 1880, la revue Civiltà Cattolica ne polémiquait pas contre Lombroso, qu’elle reprit même dans ses dénonciations des déformations du système judiciaire italien ou comme exemple d’un hypnotisme thérapeutique, en opposition à celui, commercial, des spectacles de divertissement13.

À partir des années 1890 toutefois, la situation se transforma radicalement. L’attaque la plus violente date de 1892, lorsque Lombroso fut dépeint comme le chef de file des chercheurs diffusant les idées matérialistes et la mauvaise éducation, causes de destruction sociale, et comme un membre de la prétendue conspiration judéo-maçonnique qui dominerait l’Université de Turin, si ce n’est toute la ville. Ses théories furent l’objet de critiques cinglantes : l’atavisme criminel était caractérisé comme une « monstrueuse affirmation », l’Homme criminel « un livre désormais dépassé »14. Les erreurs de méthode scientifique de Lombroso étaient impitoyablement dénoncées, et lui-même, « archimatérialiste reconnu », « juif fier de l’être », était attaqué en raison de son intérêt pour les pratiques spirites ou hypnotiques et l’interprétation physiologique de ces phénomènes, tout comme pour son renversement de l’image du génie, jugée préjudiciable à la dignité humaine15. En réalité, d’autres spécialistes avaient été plus radicaux que Lombroso : Eugenio Tanzi, dans son Trattato delle malattie mentali, avait assimilé les religions à des formes de paranoïa collective ; Max Nordau, dans Dégénérescence, avait stigmatisé bien davantage que lui l’art et les artistes. Mais Lombroso payait sa visibilité médiatique et son rôle d’inspirateur de nouvelles recherches.

Pendant ces années, Lombroso s’impliqua de plus en plus en politique, jusqu’à son adhésion au socialisme, en novembre 1893, dont la nouvelle connut un fort retentissement. Mieux que tout autre dans le panorama italien, il pouvait se porter garant de la crédibilité scientifique du nouveau parti. Bien que les polémiques n’aient pas manqué à l’égard de sa théorie criminologique et de sa réduction du mouvement anarchiste à un phénomène psychiquement anormal, son adhésion a sans aucun doute revêtu une énorme importance pour le parti, qui s’était constitué à Gênes l’année précédente. Il suffit de voir l’écho que la « conversion » de Lombroso eut dans la presse socialiste internationale, le plus souvent sur un ton enthousiaste et triomphaliste la présentant comme un signe évident du succès et de la maturité du socialisme italien16.

L’image publique de Lombroso s’en trouva renforcée : il commença à être considéré comme un précieux point de référence pour les initiatives les plus disparates du premier mouvement socialiste, qui établissait un lien entre l’œuvre lombrosienne et l’émancipation des couches les plus basses de la population à travers l’application des nouvelles connaissances scientifiques. Pourtant, la position de Lombroso vis-à-vis des questions politiques de son époque fut toujours quelque peu particulière. La tentative d’interprétation des grands phénomènes collectifs contemporains à la lumière des concepts de l’anthropologie évolutionniste ne pouvait que se traduire par une attitude contradictoire, oscillant constamment entre confiance dans le progrès et scepticisme de fond sur la manière dont la société, les classes, les institutions se développaient concrètement. La position de Lombroso s’avérait particulièrement délicate sur le thème des « foules » et de leur rôle dans la société moderne. Il devait concilier une thèse plutôt rigide – selon laquelle la masse affaiblissait les qualités supérieures des individus et débridait leurs instincts primaires – avec une vision idéaliste et politique à caractère progressiste. Cela se traduisait par des prises de positions publiques quelque peu déconcertantes : la condamnation de l’antisémitisme, de la réaction, du militarisme et de l’impérialisme, s’y mêlait à tout un ensemble de considérations sur les caractéristiques socio-psychologiques et morphologiques des différentes races, à une application tout aussi désinvolte des catégories de « génie » et de « folie », ou encore à un pessimisme radical vis-à-vis du système parlementaire et de l’émancipation des femmes17.

Lombroso n’en faisait pas moins figure de porte-parole pour les militants socialistes et l’opinion publique progressiste et anticléricale ; il le resterait quelques années encore18. Deux épisodes, parmi d’autres, démontrent à quel point la figure de Lombroso avait une signification publique. Le premier est lié à sa décision de donner son corps à la science et d’exposer son squelette à l’intérieur du musée qu’il avait créé à l’Université de Turin19. Les journaux de l’époque accordèrent une grande attention à ce vœu, qui figure en bonne place au sein de la vaste couverture médiatique internationale consacrée à sa mort en 190920. Cette « étrange volonté » occasionna des sarcasmes appuyés de la part des quotidiens catholiques et de droite, notamment français, qui n’avaient pas oublié la dénonciation de l’antisémitisme au moment de l’affaire Dreyfus et les attaques contre le péril noir, militariste et clérical qui grandissait au-delà des Alpes21. En revanche, pour les journaux libéraux, cette décision traduisait son désir de « mourir en scientifique » et était « un dernier don posthume de soi à la science », un geste d’humilité louable, une exhortation à des méditations philosophiques sur la fragilité de la vie humaine22.

Sunday Magazine, 14 novembre 1909
Procès-verbal de dépôt du testament de Cesare Lombroso, octobre 1909
« La morte de Cesare Lombroso », Tempo, octobre 1909

à gauche : Sunday Magazine, 14 novembre 1909

au milieu : Procès-verbal de dépôt du testament de Cesare Lombroso, octobre 1909

à droite : « La morte de Cesare Lombroso », Tempo, octobre 1909

Lombroso est mort, « Vive Lombroso ! »

Le deuxième épisode est lié à l’attaque du frère Agostino Gemelli contre ses idées de Lombroso, lancée au cours des derniers mois de la vie du scientifique, poursuivie lors de sa disparition – Gemelli annonçant dans le titre de son livre « les funérailles d’un homme et de sa théorie »23. La conférence de ce dernier, le 21 février 1910, dans le Théâtre Balbo de Turin, où étaient réunis nombre de représentants du clergé piémontais, ne put néanmoins avoir lieu : une foule considérable, constituée en majorité d’étudiants et de militants du parti socialiste, fit irruption dans le théâtre et empêcha le jésuite de parler. L’âpre altercation entre les deux groupes se poursuivit dans les rues de la ville, où les sympathisants socialistes distribuèrent un manifeste saluant le grand bienfaiteur du peuple récemment disparu24.

L’attaque portée par Gemelli fut corroborée dans ces mêmes années par Benedetto Croce et Giovanni Gentile, tous deux représentants du courant idéaliste. Déplorant les erreurs grossières commises par Lombroso, ils mettaient en cause toute la culture positiviste, dont il était l’un des plus hauts représentants, ainsi que les nouveautés apparues avec elle dans la société italienne – le socialisme, la démocratie, la société de masse. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, la révolte des hommes de lettres contre l’école lombrosienne était, elle aussi, parvenue à maturation : pour des revues comme le Marzocco et La Voce, défendant une conception esthétisante, l’approche psychiatrique des vies des grands écrivains semblait par trop se plier aux horizons d’attente d’un public massifié. Leur crainte était que le médecin (figure socialement en ascension) n’empiète sur le domaine de la littérature, dépossédant l’art des valeurs du Beau et du Bon, désacralisant le génie artistique25. Dans les ouvrages historiographiques de Benedetto Croce, les trente ans formant l’âge du positivisme sont décrits comme une négation de la culture ; pour lui comme pour Gentile, les exagérations et les erreurs de Lombroso étaient le symbole d’une sombre époque, avec laquelle l’Italie du début du XXe siècle avait enfin pris ses distances26.

Le monument à Cesare Lombroso, à Vérone, dans son emplacement d’origine

Le monument à Cesare Lombroso, à Vérone, dans son emplacement d’origine

Après la tempête de la Première Guerre mondiale, en septembre 1921, l’inauguration du monument dédié à Cesare Lombroso, fruit d’une décision de l’administration véronaise et d’une souscription internationale, fut l’occasion d’un bilan. Il s’agissait d’un retour massif, bien que fugace, de l’homme de sciences dans la chronique quotidienne. Les articles qui rapportaient l’événement, tout en remarquant la valeur artistique de l’œuvre de Leonardo Bistolfi, soulignaient l’oubli dont avaient pâti les théories du chercheur véronais. Pour Augusto Guido Bianchi, disciple de l’anthropologie criminelle et rédacteur du Corriere della Sera, les douze années qui s’étaient écoulées depuis la disparition de Lombroso semblaient avoir été bien plus longues, « vu le silence qui a été fait autour de ses livres et de son œuvre »27. « Personne n’aurait pu envisager un tel déclin il y a vingt ans », écrit un autre journaliste, « lorsque les théories lombrosiennes suscitaient toute une série de débats très animés et que le monde scientifique était en effervescence, nous autres étudiants allions aux leçons du Maître comme s’il s’agissait des révélations messianiques d’un prophète »28.

Les attaques de Croce et Gentile contre le positivisme furent partagées, mais dans une direction bien différente, par Antonio Gramsci. Le positivisme avait été la culture du socialisme réformiste sur laquelle s’était appuyé le gouvernement giolittien pour favoriser le développement de l’industrie et des libertés dans le Nord de l’Italie et abandonner le Sud aux mains des propriétaires terriens et de la pègre. Lombroso et son école étaient accusés par Gramsci d’avoir justifié le pacte entre industriels du Nord et classes dirigeantes méridionales en diffusant des préjugés racistes sur les paysans du Sud dans la classe ouvrière du Nord. En empêchant que se soude un front révolutionnaire entre les exploités, le racisme positiviste avait constitué un pivot du colonialisme intérieur29. À l’époque, cette critique ne circula pas, car Gramsci, fondateur du Parti communiste italien, était détenu dans une prison fasciste. Toutefois, sa pensée influença beaucoup la lecture que fit la culture italienne, dans le second après-guerre, du positivisme et de l’anthropologie criminelle.

Au cours de la période fasciste, détesté par les antisémites, raillé comme penseur mais apprécié comme créateur de nouveaux outils de contrôle du crime par les idéalistes, célébré comme un père de la discipline par le groupe émergent d’endocrinologues et objet d’hommage respectueux de la part des criminologues et des médecins légistes, Lombroso est resté parmi ceux que le régime a célébrés comme incarnations du génie italien, jusqu’au tournant décisif de 193830. C’est seulement après la promulgation des lois raciales que Lombroso fut banni par le fascisme, en tant que juif, socialiste et positiviste31. Giuseppe Maggiore, un des plus importants juristes du régime, considère alors Lombroso, avec Freud et Marx, comme l’un des symboles du pouvoir détenu par le « matérialisme juif » sur la « culture italienne du XIXe siècle »32. Pour l’anthropologue Giovanni Marro, Lombroso était, avec son gendre Guglielmo Ferrero, un éminent représentant du « courant juif et judaïste » dont le destin était de sombrer dans l’oubli33.

Après l’entrée en vigueur des lois raciales, les préfets et les autorités fascistes éliminèrent le nom de Lombroso de la toponymie de Vérone, Turin et Novare. Ses descendants furent durement poursuivis par le fascisme : son fils Ugo, professeur de Physiologie humaine à l’Université de Gênes, fut destitué de sa chaire suite à l’application des lois raciales ; son gendre Mario Carrara, professeur de Médecine légale et directeur du Musée, fut expulsé de l’Université en 1932 pour avoir été l’un des douze professeurs italiens à refuser le serment de fidélité au fascisme et, soupçonné d’activité antifasciste, il dut subir une période d’emprisonnement ; ses filles Gina et Paola ainsi que son autre gendre, Guglielmo Ferrero, s’expatrièrent et leurs écrits furent interdits en tant que « littérature juive »34. Le monument de Vérone fut retiré, mais non détruit35 : le destin de cette statue, d’abord exposée, puis cachée mais préservée, est une bonne métaphore de ce que fut l’héritage de Lombroso pendant les années de la dictature, qui a mis en œuvre une politique visant à contrôler plus étroitement la prostitution et la délinquance juvénile, selon les idées préfigurées par la criminologie positiviste36.

Lombroso au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

En 1948, la ville de Vérone restaura le monument, sur décision d’une administration municipale formée par les Démocrates chrétiens, le Parti communiste et le Parti socialiste37. À Paris en 1950, l’exposition sur l’histoire des études psychiatriques organisée à l’occasion du premier Congrès mondial de psychiatrie met en valeur Lombroso comme l’un des rares Italiens à avoir contribué au développement de la discipline38. Mais, en 1957, La Stampa publia une enquête sur la criminalité dans l’Italie du Sud, dans laquelle Lombroso était mentionné en tant que représentant des anciennes théories sur l’origine du crime, qui liaient la criminalité à la nature de l’individu et non à un contexte social39. En réalité, d’autres avaient été bien plus radicaux que lui dans l’imputation des problèmes du Sud de l’Italie à un déterminisme biologique. Par ailleurs, la diffusion de l’anthropologie criminelle eut de fervents partisans dans les universités comme dans les hôpitaux psychiatriques du Sud. Il était néanmoins plus facile d’attribuer au savant, symbole du positivisme italien, les responsabilités de tout un groupe d’intellectuels.

Cette idée d’un Lombroso partisan d’un déterminisme anti-méridionaliste dans les années de l’exode massif des Italiens du Sud vers les villes industrielles du Nord n’empêcha pas que l’année du cinquantième anniversaire de sa mort, en 1959, soit émaillée de nombreuses commémorations académiques. Un congrès de juristes consacré au savant se tint à Vérone, sa ville natale, avec la participation du ministre de la Justice, ainsi qu’un second congrès sur l’art psychopathologique, accompagné d’une exposition d’œuvres d’art40. La Stampa de Turin lui consacra de nombreux articles, avec des interviews de ceux qui l’avaient connu personnellement, des anecdotes, et différents points de vue sur la valeur de son entreprise scientifique41. En l’absence de véritables études historiographiques, dans l’entrelacs d’intérêts et de lectures opposés, de dissimulations et de préjugés, les oppositions internes au milieu des criminologues face au fascisme ont empêché une interprétation univoque de Lombroso dans l’après-guerre en Italie42.

C’est seulement avec le temps que la publication des écrits de Gramsci43, et la recherche de liens historiques directs entre l’Italie libérale et le régime fasciste contribuèrent à la construction d’une image négative de Lombroso dans l’opinion publique cultivée. Cette image s’est enrichie de nouveaux éléments, entre la fin des 1960 et le début des années 1970, dans le contexte du processus de décolonisation, des luttes pour les droits civiques des Noirs en Amérique, du mouvement féministe, et des interventions des associations engagées pour la réforme du système pénal et des hôpitaux psychiatriques. Dans la vague des « années 68 », Lombroso devint une idole controversée, apparaissant comme le plus zélé théoricien de la répression dans les prisons et les asiles, bien qu’il fût un critique des « institutions totales », qu’il aurait voulu modifier radicalement. « Le génie de Lombroso », écrivait Agostino Pirella, un psychiatre, « était celui d’un homme sans qualités, d’un serviteur de la bourgeoisie qui faisait semblant, de temps en temps, de s’entêter ou de se scandaliser ». « L’obsession de la diversité, l’anxiété de la normalité » qui le hantaient était une attitude velléitaire et « fasciste »44. Les anthropologues, déterminés à rompre tout lien avec l’anthropologie darwiniste, mais aussi les historiens, sont en partie responsables de cette démonisation de Lombroso, dont les erreurs dans l’étude de la pellagre furent considérées comme corrélées aux intérêts de classe des propriétaires. Ses invectives contre l’égoïsme des propriétaires terriens étaient assimilées dans ce cadre à de la pure rhétorique, tandis que son anthropologie criminelle fut interprétée comme une tentative de fonder scientifiquement le droit de sanctionner, de punir et d’isoler ceux qui s’opposaient au nouvel ordre bourgeois45. Dans cette critique de Lombroso par la gauche des années 1960 et 1970, dans des contextes différents mais liés les uns aux autres (du mouvement de l’antipsychiatrie au féminisme, en passant par l’engagement pour la réforme pénitentiaire), le père de l’anthropologie criminelle était vu comme l’idéologue du régime libéral, capitalistique et patriarcal46.

D’abord développé au sein de la culture italienne, ce stigmate s’élargit et s’exporte. Dans les années 1970, aux États-Unis, les travaux de George Mosse et Stephen J. Gould, ont répandu l’idée d’un Lombroso père du racisme scientifique, auteur de l’anthropologie essentialiste la plus extrême – et donc inspirateur de la Shoah47. Les historiens – ou présumé tel – ont fait de Lombroso un usage paradigmatique : certaines de ses affirmations paradoxales, ouvertement racistes ou misogynes, ont été utilisées comme reflets d’une opinion plus répandue, gouvernant les appareils répressifs de l’État libéral. Les écrits de Lombroso ont été interprétés – et il en va encore souvent ainsi – sans les contextualiser dans la culture et le débat politique de son temps, sans chercher de relations avec d’autres auteurs et avec les événements de la seconde moitié du XIXe siècle, tous deux fermement présents dans son travail48. Exemplaire est en ce sens le voile posé, jusqu’à ces dernières années, sur la défense par Lombroso du judaïsme menacé par la rencontre entre le nationalisme et l’antisémitisme, sur son engagement pacifiste et antimilitariste, ou sur ses intentions de réformer la société italienne49. Autant d’aspects qui coexistait avec le racisme, la méfiance à l’égard des foules et d’autres éléments encore, dans un ensemble instable et contradictoire qui auraient nécessité une compréhension très différente de la « bestialisation » de Lombroso en tant que quintessence du darwinisme social, entendu dans un sens unique comme volonté de dominer, et du préjudice.  Bien que la figure de Lombroso ait été réétudiée depuis le début des années 1980 dans des travaux fructueux50, cette masse d’extrapolations a fini par être utilisé par de petits groupes politiques qui, en quête de légitimation dans un contexte politique et culturel très différent, ont contesté sous ces prétextes la réouverture du Musée Lombroso.

Le Musée Lombroso

Ce Musée a fait l’objet d’une polémique étrange, mais emblématique de la crise italienne : en 1985, une exposition, La scienza e la colpa, avait souligné pour la première fois l’importance que pouvaient avoir les documents et objets rassemblés par Lombroso, en tant que témoignage de la vie à l’intérieur de la prison et de l’asile, sur les systèmes de contrôle et de répression et sur les origines des sciences sociales. Trois ans plus tard, Ferruccio Giacanelli, un psychiatre qui avait collaboré avec Franco Basaglia dans la réforme psychiatrique et qui a été impliqué dans le travail de restauration et de valorisation des archives des asiles, fut le premier signataire d’une lettre collective adressée aux autorités locales et à l’Université de Turin pour que soit garantie la conservation et l’ouverture au public des collections lombrosiennes. Signée par une centaine des principaux intellectuels italiens, dont de nombreux anthropologues culturels, folkloristes et historiens de la science, elle fit l’objet de deux consultations parlementaires visant à accélérer les travaux de rénovation. Critiques à l’égard de Lombroso, ils reconnaissaient la valeur européenne des collections lombrosiennes et déploraient le faible engagement de l’Université de Turin pour les protéger et les rendre utilisables : en bref, ils distinguaient le pensée de Lombroso de son héritage muséal51.

Le Musée Lombroso aujourd’hui, salle n° 3
Le Musée Lombroso aujourd’hui, salle n° 4

Le Musée Lombroso aujourd’hui, salles n° 3 et 4

Le Musée Lombroso aujourd’hui, salle n°6
Le Musée Lombroso aujourd’hui, salle n°8

Le Musée Lombroso aujourd’hui, salles n° 6 et 8

Pendant des années, l’Université de Turin s’est employée à restaurer ces collections, à produire un discours scientifique qui les mette en valeur et à trouver un lieu qui pourrait les accueillir, à travers un groupe de travail dirigé d’abord par Umberto Levra et Mario Portigliatti Barbos, puis par Giacomo Giacobini. Ce parcours long et ardu (en raison du mauvais état des collections et de l’absence de catalogage) a conduit à l’ouverture du Musée en novembre 2009 seulement52. Il bénéficie aujourd’hui d’un succès honorable auprès du public – plus de 20 000 visiteurs par an dans sa première décennie d’ouverture –, de l’attention des médias, de l’assentiment des spécialistes. Entre-temps, le climat a toutefois profondément changé : conçu à une époque où la culture italienne était stimulée par la lecture de Foucault, le projet a été réalisé dans une Italie qui vivait les dernières heures du berlusconisme, lequel, par la Ligue du Nord, avait introduit le poison raciste. Après l’inauguration, sept consultations parlementaires ont eu lieu pour faire fermer la nouvelle institution ; un comité « No Lombroso » a été fondé et une souscription a été lancée sur le web qui est parvenue à recueillir presque 10 000 adhésions.

Cette protestation rassemble différents éléments. Dans un premier temps, en concomitance avec les célébrations officielles du 150e anniversaire de l’unité italienne, l’attaque contre le musée visait à miner l’image du processus d’unification de l’État. Les idées populistes et réactionnaires des mouvements néo-bourboniens, qui se propagent ces dernières années dans le Sud de l’Italie, ont été amplifiées par la Ligue du Nord, qui promeut l’idée de l’unification italienne comme une brutale conquête coloniale menée par la monarchie de la maison de Savoie et non comme le fruit d’aspirations collectives à un nouvel ordre basé sur les principes de liberté, c’est-à-dire comme une violence opérée à l’égard de peuples naturellement différents. Lombroso, juif athée et matérialiste, aurait été le théoricien de cette conquête qui a ruiné le Nord, détruit la richesse mythique du royaume des Deux-Siciles et abattu le pouvoir de l’Église catholique. Ces idées servaient aussi à attaquer le Parti démocrate alors au pouvoir, défenseur de l’unité nationale, et à fournir une explication à la crise économique et sociale qui, depuis 2008, avait commencé à toucher l’Italie et en particulier les régions du Sud53.

Aujourd’hui, alors que les projecteurs des célébrations du 150e anniversaire se sont éteints, le discours contre le musée se transforme peu à peu. Le premier argument avancé est dorénavant la dénonciation des gaspillages de l’administration publique. L’idée que le musée Lombroso n’aurait aucune valeur historico-documentaire était déjà présente dès le début de la protestation, mais elle connaît un nouvel élan avec les succès du Mouvement 5 Étoiles et les polémiques personnelles de Beppe Grillo contre le musée54. Le second argument est l’invocation du respect des restes humains55. Ces derniers seraient pour une part ceux des soldats de l’armée bourbonienne, défaits par Garibaldi, déportés dans les camps de concentration des Savoie et disséqués vivants par Lombroso, et d’autre part ceux des brigands exterminés durant la conquête du royaume méridional. L’existence d’une collection anatomique au sein du musée est décrite comme un unicum, un résidu d’une époque barbare, fruit des folles expériences de Lombroso qui aurait anticipé celles des médecins nazis à Auschwitz56. À la gêne de certaines branches de l’Église catholique quant à l’existence de collections anatomiques universitaires s’est ajouté un sentiment de faute, tout au moins à Turin, lié non pas à ce qui était survenu en 1860, mais plutôt à la façon dont fut gérée l’immigration méridionale dans la grande ville industrielle qu’était Turin il y a encore quelques dizaines d’années. Ainsi, en septembre 2019, l’ouverture d’une exposition sur la collection photographique du musée Lombroso, installée au Musée national du cinéma de Turin, a été stigmatisée par une partie de la presse, qui y a vu l’intention de réaffirmer un sentiment anti-sudiste, alors même qu’elle dénonçait explicitement les éléments racistes de la pensée lombrosienne et ses conséquences en particulier dans les pays post-coloniaux57.

Exposition temporaire « Les milles visages de Lombroso » (1/3)

Exposition temporaire « Les milles visages de Lombroso » (1/3)

Exposition temporaire « Les milles visages de Lombroso » (2/3)
Exposition temporaire « Les milles visages de Lombroso » (3/3)

à gauche : Exposition temporaire « Les milles visages de Lombroso » (2/3)

à droite : Exposition temporaire « Les milles visages de Lombroso » (3/3)

Une dimension judiciaire s’est ajoutée au débat : en 2012, le maire du pays natal de Giuseppe Villella, le délinquant calabrais sur le crâne duquel Lombroso avait cru pouvoir fonder sa théorie criminologique, intenta une action en justice auprès de l’Université de Turin pour obtenir le retour de ce reste humain, reste dont personne ne s’était souvenu jusque-là. La demande de restitution, qui s’était vue légitimée en première instance, a été infirmée par la cour d’appel de Catanzaro en 2017, qui avait jugé légitime l’exposition du crâne de Villella à des fins éducatives et muséales. En juin 2019, la Cour de cassation de Rome a mis fin au litige, reconnaissant la pleine légitimité de la possession et de l’exposition58. Mais cela n’a évidemment pas mis fin aux controverses de la part de ceux qui s’indignent qu’un musée « raciste » puisse bénéficier de la protection de la loi59. Cette confusion continue notamment parce que des personnalités influentes de l’establishment culturel ne cessent de répandre de fausses nouvelles sur l’objet du Musée Lombroso aux plus hauts niveaux institutionnels60.

Le crâne de Giuseppe Villella et l’une des études que lui a consacrées Cesare Lombroso

Le crâne de Giuseppe Villella et l’une des études que lui a consacrées Cesare Lombroso

Enfin, un autre usage est fait, à l’échelle internationale, de ce Lombroso imaginaire : celui que portent les neuroscientifiques et les journalistes qui commentent ses découvertes sous un angle sensationnaliste. Lombroso se trouve partagé, encore une fois, entre réhabilitation et condamnation, entre précurseur des recherches sur le rapport entre esprit et comportement, et savant fou ou incapable qui a ouvert les portes aux horreurs du XXe siècle61. Même dans ce débat, la figure historique et le travail de Lombroso sont secondaires. Au travers de son fantôme, ce qui est vraiment en discussion, c’est le rôle de la science dans les structures de notre société.

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1

Silvano Montaldo, Donne delinquenti. Il genere e la nascita della criminologia, Roma, Carocci, 2019.

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2

« Atalanta, striscione imbarazzante di Lombroso a Napoli », Corriere dello Sport, 3 janvier 2018 [en ligne].

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3

Silvano Montaldo (dir), Il Museo di Antropologia criminale Cesare Lombroso dell’Università di Torino, Cinisello Balsamo, Silvana editoriale, 2015.

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4

Luigi Bulferetti, Cesare Lombroso, Torino, Utet, 1975. Les études sur Lombroso ont à présent connu différentes phases et une forte expansion internationale. Pour un premier aperçu : Silvano Montaldo, « Lombroso : The Myth, The History », Crime, History & Societies, vol. 22, no 2, 2018, p. 31-61.

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5

Theodor de Wyzewa, « Le roman italien en 1897 », Revue des deux mondes, t. CXLIV, 1897, p. 698.

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6

Andrea Rondini, Cose da pazzi. Cesare Lombroso e la letteratura italiana, Pisa-Roma, Istituti editoriali e poligrafici internazionali, 2011, p. 9-16.

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7

Paola Govoni, Un pubblico per la scienza. La divulgazione scientifica nell’Italia in formazione, Roma, Carocci, 2002, p. 105-147.

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8

Luisa Mangoni, Una crisi di fine secolo. La cultura italiana e la Francia fra Otto e Novecento, Torino, Einaudi, 1985, p. 3-40 ; Anne Rasmussen, « Critique du progrès, “crise de la science” : débats et répresentations du tournat du siècle», Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, no 14, 1996, p. 89-119.

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9

Carlo Bovolo, I cattolici italiani e la scienza. Il discorso apologetico sulla stampa clericale nell’età del positivismo, Milano, Editrice Bibliografica, 2017, p. 17-63.

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10

Chiara Gallini, La sonnambula meravigliosa. Magnetismo e ipnotismo nell’Ottocento italiano, Milano, Feltrinelli, 1983, p. 50, 59. Alba Rosa Leone réduit à tort l’attaque des jésuites à la question de l’homme criminel (« La chiesa, i cattolici e le scienze dell’uomo : 1860-1960 », in P. Clemente, A. R. Leone, S. Puccini, C. Rosetti, P. Solinas, L’antropologia italiana. Un secolo di storia, Roma-Bari, Laterza, 1985, p. 63-65).

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11

Chiara Gallini, La sonnambula meravigliosa. Magnetismo e ipnotismo nell’Ottocento italiano, Milano, Feltrinelli, 1983, p. 147-151.

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12

Francesco Paolo de Ceglia, Lorenzo Leporiere, La pitonessa, il pirata e l’acuto osservatore. Spiritismo e scienza nell’Italia liberale, Milano, Editrice Bibliografica, 2018.

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13

Francesco Salis Seevis, « La scala del delitto in Italia », Civiltà Cattolica, série X, vol. 11, 1879, p. 257-268 ; Giovanni Giuseppe Franco, « L’ipnotismo tornato di moda », Civiltà Cattolica, série XIII, vol. 3, 1886, p. 5-18, 129-149 ; Giovanni Giuseppe Franco, « Pericoli delle assemblee spiritiche », Civiltà Cattolica, série XV, vol. 6, 1893, p. 15-36.

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14

Francesco Salis Seewis, « Civiltà moderna, scienza e malfattori », Civiltà Cattolica, série XV, vol. 3, 1892, p. 143-153, 400-411.

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15

Giovanni Giuseppe Franco, « Pickman e Lombroso a Torino ossia l’ipnotismo chiaroveggente », Civiltà Cattolica, série XIV, vol. 6, 1890, p. 285-311 ; Giovanni Giuseppe Franco, « Indole degli agenti dello spiritismo », Civiltà Cattolica, série XV, vol. 5, 1893, p. 535, 537 ; Valentino Steccanella, « L’uomo di genio scoperta di C. Lombroso », Civiltà Cattolica, a. 46 (1895), série XVI, vol. 3, 1895, p. 5-18.

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16

Marco Scavino, « L’interesse per la politica e l’adesione al socialismo », in S. Montaldo, P. Tappero (dir.), Cesare Lombroso cento anni dopo, Torino, Utet, 2009, p. 117-126.

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17

Marco Scavino, « L’interesse per la politica e l’adesione al socialismo », in S. Montaldo, P. Tappero (dir.), Cesare Lombroso cento anni dopo, Torino, Utet, 2009, p. 117-126.

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18

« I nostri grandi scomparsi. Cesare Lombroso », Il grido del popolo, 1er mai 1910.

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19

Archives du Musée d’anthropologie criminelle « Cesare Lombroso », Turin, Donation Carrara, Procès-verbal de dépôt du testament holographe du Professeur Cesare Lombroso de feu Aronne, Torino, 25 octobre 1909 (les archives font partie du système de musées de l’Université de Turin, à partir de maintenant : IT SMAUT).

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20

IT SMAUT, Lombroso 35. Le dossier contient une revue de presse internationale sur la mort de Lombroso. Y sont conservées les coupures de 288 articles en français (dont 9 parus dans des journaux suisses et 9 dans des journaux belges), 85 en italien et 54 en anglais (publiées dans des journaux anglais et américains).

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21

« L’autopsia del cadavere. Lo scheletro al museo antropologico», Corriere d’Italia, 22 octobre 1909 ; «I funerali di Cesare Lombroso. Il feretro», Il Momento, 21 octobre 1909 ; « Le cerveau de Lombroso », Peuple Français, 21 octobre 1909.

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22

Nino Berrini, « La salma di Lombroso a servizio della scienza », Corriere della Sera, 22 octobre 1909.

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23

Agostino Gemelli, Le dottrine moderne della delinquenza. Critica delle dottrine criminali positiviste, Firenze, Libreria editrice fiorentina, 1908 ; Agostino Gemelli, I funerali di un uomo e di una dottrina: in morte di Cesare Lombroso, Monza, Tipografia degli Artigianelli, 1910 (2e éd. : Firenze, Libreria editrice fiorentina, 1911).

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24

« I giudizi di Padre Gemelli sull’opera lombrosiana », La Stampa, 11 décembre 1909 ; « La conferenza di Padre Gemelli interrotta coi clamori e coi fischi al Teatro Balbo di Torino », La Stampa, 22 février 1910 ; « Le teorie di Lombroso giudicate da P. Gemelli. Scandalose scenate di intolleranza e di violenza », Il Momento, 22 février 1910 ; « La sorte toccata a Torino al frate socialista rinnegato », Il grido del popolo, 26 février 1910.

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25

Andrea Rondini, Cose da pazzi. Cesare Lombroso e la letteratura italiana, Pisa-Roma, Istituti editoriali e poligrafici internazionali, 2011, p. 17-18, 81.

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26

Giovanni Gentile, « La filosofia in Italia dopo il 1850. III. I positivisti. VI. Cesare Lombroso e la scuola italiana di antropologia criminale », La Critica, 7, 1909, p. 262-274 ; Benedetto Croce, Storia d’Italia dal 1871 al 1915, Bari, Laterza, 1928, p. 133-151.

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27

Augusto Guido Bianchi, « Il monumento a un dimenticato », Corriere della Sera, 23 septembre 1921.

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28

Umberto Turola, « Un monumento a C. Lombroso », La Nazione, 25 septembre 1921.

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29

Antonio Gramsci, Alcuni temi della questione meridionale [1930] ; Antonio Gramsci, Quaderni del carcere. Edizione critica dell’Istituto Gramsci, Torino, Einaudi, 1977, vol. II, p. 879; vol. III, p. 2279.

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30

« I cimeli scientifici di Cesare Lombroso all’Esposizione di Chicago », Archivio di Antropologia criminale, psichiatria e medicina legale, t. LIII, 1933, p. 495-496.

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31

Francesco Germinario, Fascismo e antisemitismo. Progetto razziale e ideologia totalitaria, Roma-Bari, Laterza, 2009, p. 36, 47-50, 52.

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32

Giuseppe Maggiore, « Logica e moralità del razzismo », La difesa della razza, 5 septembre 1938, p. 31-32.

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33

Giovanni Marro, «Razzismo vero razzismo spurio», La difesa della razza, 5 juin 1942, p. 4.

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34

Delfina Dolza, Essere figlie di Lombroso. Due donne intellettuali tra ‘800 e ‘900, Milano, Angeli, 1990, p. 103-105, 159-165.

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35

Archivio storico del Comune di Verona, Atti del podestà, n. 625, 29 décembre 1942.

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36

Mary Gibson, Nati per il crimine. Cesare Lombroso e le origini della criminologia biologica, Milano, Bruno Mondadori, 2002, p. 247-357.

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37

Archivio storico del Comune di Verona, Atti del Consiglio comunale, 9 novembre 1948, n. 117 ; Serie Carteggi, n. 25203/1947.

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38

Valeria P. Babini, Liberi tutti. Manicomi e psichiatri in Italia: una storia del Novecento, Bologna, il Mulino, 2009, p. 129.

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39

Nicola Adelfi, « Non è vero che si nasca delinquenti. Lo si diventa per suggestione sociale », La Stampa, 17 novembre 1957.

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40

«Aperto dal ministro di Grazia e Giustizia il congresso nazionale di criminologia», L’Arena, 20 octobre 1959.

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41

Giuseppe Gallico, « Come Cesare Lombroso a Torino faceva lezione di criminologia », La Stampa, 16 octobre 1959 ; Francesco Argenta, «L’arte figurativa è efficace per curare i malati di mente», La Stampa, 19 octobre 1959.

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42

Corrado Tumiati, Vite singolari di grandi medici dell’Ottocento, Firenze, Valecchi, 1952, p. 69-79.

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43

Incluses dans la première édition des Quaderni del carcere (1949), ces réflexions ont été reproduites à plusieurs reprises avant l’édition critique de 1977.

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44

Agostino Pirella, « Prefazione », in Cesare Lombroso, L’uomo di genio (1888), Napoleone, Roma, 1971, p. XVI.

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45

Alberto De Bernardi, Il male della rosa. Denutrizione e pellagra nelle campagne italiane fra ‘800 e ‘900, Milano, Angeli, 1984, p. 109-113, 121-123.

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46

Alberto Asor Rosa, La cultura, Storia d’Italia, vol. IV, Dall’unità a oggi, vol. II, Torino Einaudi, 1975, p. 895 ; Luigi Lombardi Satriani, Menzogna e verità nella cultura contadina del Sud, Napoli, Guida, 1974, p. 180-181 ; Id., « Lombroso scienziato razzista », Storia illustrata, novembre 1978, p. 61-67 ; Sandra Walklate (dir.), Gender and Crime. Critical Concepts in Criminology, vol. 1 : Sex and Crime or Gender and Crime?, London-New York, Routledge, 2012, p. 9-39.

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47

George L. Mosse, Toward the Final Solution. A History of European Racism, New York, Howard Fertig Inc., 1978, p. 83-87 ; Stephen Jay Gould, The Mismeasure of Man, New York - London, Norton, 1981, p. 124-125.

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48

Giuseppe Gangemi, Stato carnefice o uomo delinquente? La falsa scienza di Cesare Lombroso, Milano, Magenes, 2019. La dépréciation de Lombroso par Giuseppe Gangemi, professeur de Sociologie à Padoue, concerne également les « supporters » du musée : « Que représentent aujourd’hui les supporters du musée de Lombroso ? Ils sont, d’un point de vue social, des exemples représentatifs de la criminalité en col blanc (lois de la classe dirigeante) convaincus, alors comme aujourd’hui, d’être au-dessus de la loi et de l’éthique. Ils sont les représentants d’une catégorie de criminels socialement bien placés » (Giuseppe Gangemi, « Il cranio conteso di Giuseppe Villella (I parte) », Foedus, no 38, 2014, p. 77.

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49

Emanuele D’Antonio, « Aspetti della rigenerazione ebraica e del sionismo in Cesare Lombroso », Società e storia, 2001, no 92, p. 281-309 ; Delia Frigessi, Cesare Lombroso, Torino, Einaudi, 2003, p. 197-290 ; Renato Girardi, Né pazzi, né sognatori. Il pacifismo democratico italiano tra Otto e Novecento, Pisa, Pacini, 2016, p. 173-182.

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50

Umberto Levra (dir.), La scienza e la colpa. Crimini, criminali, criminologi: un volto dell’Ottocento, Milano, Electa, 1985 ; Luisa Mangoni, Una crisi di fine secolo. La cultura italiana e la Francia fra Otto e Novecento, Torino, Einaudi, 1985 ; Renzo Villa, Il deviante e i suoi segni. Lombroso e la nascita dell’antropologia criminale, Milano, Angeli, 1985 ; Andrea Rondini, Cose da pazzi. Cesare Lombroso e la letteratura, Pisa, Istituti editoriali e poligrafici internazionali, 2001 ; Gibson, Mary Gibson, Nati per il crimine. Cesare Lombroso e le origini della criminologia biologica, Milano, Bruno Mondadori, 2002 ; Delia Frigessi, Cesare Lombroso, Torino, Einaudi, 2003.

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51

Archives de la Soprintentenza per i Beni artistici e storici, Turin, lettres de Giacanelli et d’autres, 22 décembre 1988.

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52

Giacomo Giacobini, Cristina Cilli, Giancarla Malerba, « Il riallestimento del Museo di Antropologiacriminale “Cesare Lombroso” dell’Università di Torino. Patrimonio in beni culturali e strumento di educazione museale», Museologia scientifica, t. IV, vol. 1-2, 2010, p. 137-147.

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53

Silvano Montaldo, « La “fossa comune” del Museo Lombroso e il “lager” di Fenestrelle : il centocinquantenario dei neoborbonici », Passato e presente, t. XXX, n° 87, 2012, p. 105-118.

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54

Silvano Montaldo, « Il cranio, il sindaco, l’ingegnere, il giudice e il comico. Un feuilleton museale italiano », Museologia scientifica, t. 6, n° 1-2, 2012, p. 137-146.

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55

Maria Teresa Milicia, Elena Canadelli (dir.), « Il grande laboratorio dell’umanità. Il dibattito sulla repatriation dei resti umani tra storia e antropologia », Contemporanea, t. XX, 2017, p. 109-146.

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56

Maria Teresa Milicia, «Nel laboratorio sociale dell’odio: un anno di ordinario razzismo su Facebook», Voci, t. XIII, 2016, p. 124-147 ; Maria Teresa Milicia, « How Lombroso Museum Became a Permante Conflict Zone », in Viv Golding, Jen Walklate (dir.), Museums and Communities. Diversity, Dialogue and Collaboration in an Age of Migrations, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2019, p. 42-60.

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57

« “Delinquenti napoletani”, è polemica sulla mostra di Lombroso a Torino », Corriere del Mezzogiorno, 26 septembre 2019, p. 1-2 ; Alessandro Chetta, « Lombroso non muore mai », Corriere della sera. Campania, 27 septembre 2019, p. 15 ; « Studi lombrosiani in mostra. È polemica: “Scatti razzisti”. “No, di pregio storico” », Quotidiano nazionale, 7 septembre 2019, p. 25. Sur les derniers développements du mouvement néo-bourbon: Maria teresa Milicia, « Retour vers le futur Royaume des Deux-Siciles », Passés Futurs, no 4; 2018 [en ligne].

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58

Silvano Montaldo, « Sudismo. Guerre di crani e trappole identitarie », Passato e presente, t. XXXII, n° 93, 2014, p. 5-18 ; Maria Teresa Milicia, Lombroso e il brigante. Storia di un cranio conteso, Roma, Salerno editore, 2014.

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59

Stefano Massini, « Il teschio del brigante e il fake di Lombroso », La Repubblica, 21 août 2019, p. 36.

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60

Voir, par exemple, le discours de Jean-Noël Schifano à l’occasion de la cérémonie de remise de la XLe édition du Prix international Guido Dorso, Palazzo Giustiniani, Rome, 20 juin 2019 [en ligne].

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61

Peter Becker, « Lombroso come “luogo della memoria” della criminologia », in S. Montaldo (dir.), Cesare Lombroso. Gli scienziati e la nuova Italia, Bologna, il Mulino, 2010, p. 33-51 ; Aman Amrit Cheema, Ashish Virk, « Reinventing Lombroso in the Era of Genetic Revolution: Whether Criminal Justice System Actually Imparts Justice or is Based on ‘Convenience of Assumption’? », International Journal of Criminology and Sociological Theory, vol. 5, no 2, 2012, p. 936-946 ; Emilia Musumeci, Cesare Lombroso e le neuroscienze: un parricidio mancato. Devianza, libero arbitrio, imputabilità tra antiche chimere ed inediti scenari, Milano, Angeli, 2012 ; Adrian Raine, « The Criminal Mind », The Wall Street Journal, 26 avril 2013 ; Edoardo Boncinelli, « Il cervelletto di Lombroso. La neurocriminologia rilancia alcune tesi dello studioso. Ma serve cautela », Corriere della Sera, 12 mai 2013 ; Adrian Raine, The Anatomy of Violence. The Biological Roots of Crime, New York, Vintage books, 2014