Aux origines de l’ethnographie minière. Les « observations vécues » de Jacques Valdour vers 1900

Lors de son industrialisation, le continent européen voit émerger des espaces singuliers, qui suscitent presque immédiatement une curiosité quasi-ethnologique auprès des observateurs sociaux et des littérateurs : les mines, et notamment les houillères, réparties le long d’un « croissant fossile1 » allant des Midlands britanniques à la Silésie. Pour nombre d’entre eux, l’originalité de ces espaces tient avant tout à ce qu’ils échappent à la classification urbain / rural. Dès lors, le modèle d’organisation humaine auquel les espaces miniers sont souvent comparés est celui des plantations coloniales – ce qui tend par ailleurs à accroître l’idée d’un exotisme intérieur au continent européen. Ainsi, nous retrouvons cette analogie aussi bien dans le célèbre roman de Jules Verne intitulé Les Indes noires (1877), que dans la sociologie étatsunienne des années 19302. Pour d’autres, inspirés notamment par les traités de médecine et d’hygiène industrielle, ces espaces productifs favoriseraient l’apparition d’une « race minière », dotée de ses propres caractéristiques physiques et psychologiques. Ainsi, dans son Traité pratique des maladies, des accidents et des difformités des houilleurs qui paraît en 1862, le médecin belge Hubert Boëns-Boisseau écrit :

Si vous trouvez en chemin un homme de taille inférieure à la moyenne, avec une grosse tête, des cheveux courts et souvent clairsemés, à face large, […] trapu, mais fortement constitué, épaules larges, cou court et gros, narines ouvertes, mains carrées, bras assez longs et généralement bien conformés, jambes courtes, cambrées de telle façon que les pointes des pieds regardent en dedans, les talons et les mollets en dehors, genoux rapprochés, hanches plates, bassin évasé vers le bas ; vous pouvez déclarer hardiment que vous avez vu un houilleur-né3.

À cette curiosité se joint, assez rapidement, la volonté d’adopter une démarche qui soit elle-même ethnographique, impliquant notamment l’observation participante de celui qui prétend relater avec le plus de fidélité possible l’originalité de cette forme de vie minière. À ce titre, l’exemple le plus connu est sans conteste celui d’Émile Zola qui, pour l’écriture de Germinal, se rend à Anzin en février 1884 lors de la grève qui secoue la compagnie minière. Guidé par le député d’extrême-gauche de Valenciennes, Alfred Girard, Zola descend pendant deux heures au fond de la fosse Renard de ladite compagnie (avec l’aide d’un ingénieur qui le renseigne sur les éléments techniques relatifs à l’extraction houillère et l’organisation du travail), et visite pendant quelques jours la communauté minière à travers ses principaux aspects : le coron, la maison ouvrière, l’estaminet, les bureaux4. Toutefois, cette pratique d’immersion n’a pas que des visées littéraires. Outre les ouvrages écrits par des ingénieurs et destinés à leurs pairs (qui impliquent effectivement la descente au fond, ou la narration des réalisations techniques et sociales des compagnies minières5), elle est également adoptée par la science sociale leplaysienne lors des enquêtes qui sont menées pour la revue Les ouvriers des deux mondes. Ainsi, parmi la centaine de monographies rédigées entre 1857 et 1913 et recensées par l’équipe de Stéphane Baciocchi, Alain Cottereau et Anne Lhuissier, sept sont consacrées à des familles de mineurs dans des espaces aussi divers que les mines d’or de Mariposa en Californie, les gisements métallifères de Maremme en Toscane, les mines de soufre de Lercara en Sicile, et bien entendu les mines de houille de la Ruhr, du Pas-de-Calais, de la Loire et du Couchant de Mons en Belgique6. Enfin, l’immersion dans les communautés minières nourrit des reportages qui ont, assez souvent, des visées politiques. Il en va ainsi des trois mois d’observation chez les mineurs de Chemnitz (en Allemagne) effectués par un « candidat en théologie », dont le témoignage vient à l’appui de l’ouvrage théorique de Jean Bourdeau intitulé Le socialisme allemand et le nihilisme russe (18927). Citons également les reportages réalisés, entre 1908 et 1914, par les frères Maurice et Léon Bonneff pour L’Humanité de Jean Jaurès, lors desquels ces derniers s’aventurent auprès des ouvriers des bassins houillers du Pas-de-Calais et de Decazeville, des mines métallurgiques de Lorraine et de Normandie, ou encore des mines d’or du Limousin8.

Or, c’est dans ce paysage intellectuel (à la fois littéraire, scientifique et politique) qu’apparaît une figure singulière, revendiquant une nouvelle forme d’enquête sociale : il s’agit de Jacques Valdour et de sa « méthode concrète », dont l’originalité, comme nous allons le voir, tient essentiellement à l’adoption d’une posture réflexive, revendiquée comme telle.

La « méthode concrète » chez Jacques Valdour : une observation réflexive

Nous savons peu de choses sur Jacques Valdour (1872-1938), de son vrai nom Louis Martin. Selon les rares travaux qui lui ont été consacrés, Valdour serait titulaire de quatre doctorats (en droit en 1897, en sciences politiques et économiques en 1898, en médecine en 1905 et en sciences naturelles en 1909), et il aurait effectué une série de voyages ethnographiques en Europe centrale, en Égypte, en Inde et en Chine entre 1900 et 1914. Mobilisé comme médecin militaire pendant la Grande Guerre, il aurait ensuite enseigné pendant six ans (de 1923 à 1929) à l’École des sciences sociales des facultés catholiques de Lille, avant d’être révoqué en raison de ses sympathies pour l’Action française9. En effet, Valdour a affiché un engagement politique catholique et royaliste, impliquant des biais corporatistes, xénophobes et antisémites, qui ont largement contribué à l’occultation ultérieure de son œuvre. Celle-ci compte 28 ouvrages empiriques et théoriques, dont une dizaine d’enquêtes publiées entre 1909 et 1925, menées auprès de diverses catégories d’ouvriers. Ainsi, pour la seule période qui précède 1914, sont observés les figurants de théâtre et les ouvriers du spectacle à Paris (1899), les travailleurs d’usine et d’atelier de Lyon et de Roanne (1903-1906), les mariniers et les chauffeurs-conducteurs (1906-1910), enfin les mineurs de Saint-Étienne et de Lens (1910-1912).

Fort de ces matériaux, la « méthode » dont il revendique la paternité dans un ouvrage de 1914 intitulé La méthode concrète en science sociale (désormais LMC) s’inscrit au croisement de sa trajectoire individuelle et de l’état de l’art en matière d’enquêtes sociales10. En effet, dans cet ouvrage, il mentionne et reconnaît l’importance des expériences immersives réalisées par ses prédécesseurs ou ses contemporains : Le Play et son disciple Pierre du Maroussem (auteur d’une monographie sur une famille de mineurs de la Loire dans Les Ouvriers des deux mondes en 189811), Anthime Corbon dans Le secret du peuple de Paris (1863), Denis Poulot dans Le Sublime (1870), Bourdeau dans Le socialisme allemand (1892), Marie Van Vorst dans L’Ouvrière aux États-Unis (1903), et même les frères Bonneff dont il considère « très vivant et très poignant » l’ouvrage La classe ouvrière, publié en 1910. Toutefois, selon Valdour,

le phénomène social est envisagé [chez eux] après sa production et non au moment où il est produit ; il est reçu, cristallisé, et semblable à une chose morte, par l’enquêteur, au lieu d’être saisi au moment même où il apparaît […] ; il est assurément observé dans la série à laquelle il appartient, mais non dans la série vivante ; il est abstrait, non pas de la réalité, mais de la réalité vivante (LMC, p. 15-16).

Valdour veut donc aller plus loin. Dès 1909, dans son ouvrage La vie ouvrière. Observations vécues, il note :

Mieux que dans les livres, l’étude de la vie ouvrière peut se poursuivre dans la réalité même. Vécue, cette réalité reste vivante. L’observateur n’abdique rien de sa personnalité mais, en contact immédiat avec les faits matériels et moraux, subissant la discipline des choses ouvrières et de l’esprit ouvrier, il lui devient possible d’éprouver un peu de ce que les travailleurs de l’usine éprouvent, de penser ce qu’ils pensent, de rencontrer leurs peines et leurs espoirs. L’auteur a tenté d’applique cette méthode concrète. Il s’est fait ouvrier12

Le fait de privilégier le vivant sur le mort, le mouvement à la stase, le discontinu à l’abstraction, relève d’un certain air du temps intellectuel, caractéristique des années mil neuf cent, assurément hostile au positivisme scientifique comme politique13. Ce sont donc des considérations intellectuelles qui conduisent en premier lieu Valdour à « descendre vers les faits ». Ainsi, dans l’introduction de La méthode concrète, il écrit :

Je me demandai donc un jour s’il ne serait pas préférable, pour parvenir à la connaissance du réel et des solutions réelles, d’étudier directement la réalité même ; si, après avoir consciencieusement interrogé tant de réformateurs en chambre, économistes et sociologues de cabinets, savants, poètes, prophètes, qui tous décidaient du sort de l’ouvrier sans rien connaître de l’ouvrier ni de la vie ouvrière, il ne serait pas opportun de tenter de surprendre ce que l’ouvrier pense et ce qu’il veut, ce qu’il sent, ce qu’il souffre, vers quoi plus ou moins nettement ou vaguement il aspire, quelle expérience il acquiert à la suite des leçons administrées par sa propre vie, et quel remède à ses misères peut être aperçu par l’observateur qui les ferait siennes en descendant jusque dans les faits et en s’incorporant aux faits de façon que, s’interrogeant soi-même, il les interrogeait encore. (LMC, p. 4)

En outre, cette « descente vers les faits » n’annule pas la dimension subjective de l’enquête. Bien au contraire, à l’inverse de la prétendue neutralité axiologique des enquêteurs sociaux, Valdour valorise son moi-observateur : « Dans la méthode concrète telle que je l’ai définie, l’observateur fait partie de cette réalité qu’il observe sur soi et hors de soi. La réaction de la sensibilité subjective au contact de la réalité objective fait partie de sa recherche ; elle se propose à ses investigations, loin d’y échapper. » (LMC, p. 19).

L’immersion de l’enquêteur et de sa propre subjectivité dans le monde ouvrier le conduisent donc à partager avec le lecteur ses propres difficultés : c’est en cela que l’on peut qualifier sa méthode de réflexive, et c’est en cela qu’elle acquiert son originalité par rapport aux autres enquêtes citées. Ainsi, dans La méthode concrète, Valdour repère trois obstacles principaux. Le premier est sans conteste « l’ignorance du métier ». À ce sujet, il écrit : « La difficulté n’est pas tant, comme on pourrait le croire – car il suffit d’un effort de volonté – de renoncer momentanément à une vie agréable ou de vaincre une instinctive répugnance pour le travail manuel, que d’être mis à même de pénétrer dans une catégorie sociale à laquelle on est complètement étranger. » (LMC, p. 11). Il faut donc non seulement parvenir à être embauché, mais aussi parvenir à exercer un métier, souvent pénible, auquel on est extérieur. Le second obstacle a trait à l’identité de l’enquêteur : en effet, se sachant extérieur au monde ouvrier, il doit vaincre la méfiance des travailleurs tout en veillant à dissimuler son statut. Ainsi, dit-il, « pour éviter de donner prise au soupçon autant que pour me conformer à mon rôle d’observateur scrupuleux, j’ai toujours pris garde de m’effacer le plus possible et de rester, sauf dans de rares circonstances, un témoin muet, ne parlant que lorsqu’on me parlait et ne questionnant pas » (LMC, p. 53). Valdour mentionne aussi, brièvement, la suspicion de certains chefs d’industrie – suspicion qu’il parvient toutefois à lever assez facilement, en leur expliquant son projet. Mais il subsiste toutefois une troisième difficulté, cruciale, qui est celle de la communication avec les enquêtés. En effet, explique-t-il,

l’observateur peut se trouver en contact avec des compagnons insignifiants ou avec des compagnons taciturnes, soit par nature, soit par esprit de soupçon ; il n’en tirera rien […] [Toutefois] même le mutisme peut révéler quelque chose, et quelque chose de plus que le caractère fermé des ouvriers d’un certain métier ou d’une région donnée : une expérience négative enveloppe parfois certaines informations positives (LMC, p. 66).

Vue de la ville de Lens, 1910

Vue de la ville de Lens, 1910.

Source : Archives nationales du monde du travail, 40 AS 260.5 : Exposition de Bruxelles, 1910. Société des mines de Lens, Lille Imprimerie L. Danel.

Dans le cadre de son enquête menée chez les mineurs de Lens et de Saint-Étienne (Les mineurs. Observations vécues14, désormais LM), il paraît donc intéressant de se demander dans quelle mesure Valdour se heurte aux difficultés pratiques qu’il mentionne dans La méthode concrète, et comment il les surmontent éventuellement. Nous verrons ainsi que la forme spécifique que prennent ces obstacles dans les terrains miniers, et la façon dont ils sont réfléchis par Valdour, déterminent des enjeux épistémologiques plus larges sur la façon de comprendre ces espaces et les communautés qui leur sont associées.

« L’ignorance du métier »

Dans le secteur houiller, caractérisé par la pénibilité des tâches et une très forte hiérarchisation, la difficulté première à laquelle se confronte Valdour est sans conteste ce qu’il appelle « l’ignorance du métier », c’est-à-dire son extériorité à celui-ci. Nous allons voir que celle-ci se décline de trois façons, à travers l’embauche, la pénibilité du travail et l’affectation à des tâches plus ou moins pénibles et plus ou moins valorisées, et finalement à travers le problème de la reconnaissance ou de la non-reconnaissance des pairs.

L’embauche

Le problème premier de l’embauche apparaît de façon particulièrement prononcée lors du séjour que Valdour effectue à Lens en 1912. En effet, l’enquêteur arrive dans le bassin minier à un moment où l’organisation patronale de la main-d’œuvre est ordonnée selon deux principes qui vont se révéler doublement excluant pour lui : d’un côté, l’avantage donné aux hommes dans la force de l’âge et issus de lignées de mineurs pour les travaux les plus qualifiés comme l’abattage de charbon ; d’un autre côté, un fort turn-over pour les métiers moins qualifiés (remblayeurs, herscheurs, raccommodeurs, travaux du jour), et qui conduit les compagnies à privilégier la main-d’œuvre étrangère d’origine belge, italienne, espagnole, grecque et nord-africaine.

Ainsi, au bureau de recrutement des mines de Saint-Étienne, il constate que « sept hommes sont déjà là, attendant l’arrivée de l’ingénieur. Je me joins à eux et nous patientons […]. Une demi-douzaine d’Espagnols et autant de blancs (montagnards des environs de Saint-Étienne), embauchés la veille, viennent chercheur leur “bons” d’entrée. Parmi les postulants du jour, je compte deux Italiens ». Dix minutes plus tard, l’ingénieur sélectionne les ouvriers : « Les deux Italiens et deux Français ont été admis. On congédie les quatre autres, dont je suis. » (LM, p. 141). En 1912, peu après son arrivée à Lens, il écrit : « Je préférerais travailler à Lens même. Mais naturellement, les fosses de Lens, très recherchées, ne manquent pas de personnel. Aussi la Direction peut-elle se permettre d’exclure tout candidat âgé de plus de 40 ans [Valdour, né en 1872, a alors 40 ans]. Je me présente à l’une de ces fosses. […] On me dit que le chef-porion […] est absent ; on me conseille de repasser le lendemain […] mais on ne me laisse aucun espoir d’être embauché » (LM, p. 43). Plus tard, Valdour se présente aux bureaux de la Compagnie des mines de Courrières à Billy-Montigny, et il constate que « le rebut de Lens va à Liévin, le rebut de Liévin et d’un peu partout va à Courrières. Courrières possède néanmoins, à côté [d’une] masse flottante, un noyau de mineurs stables ; mais il lui faut faire l’appoint avec des gens venus de divers coins de l’horizon et de divers métiers » (LM, p. 61).

De plus, l’absence de qualification conduit Valdour à devoir occuper des postes secondaires, auxiliaires, ce qui l’empêche de saisir pleinement la « psychologie » des ouvriers mineurs, et plus particulièrement celle des abatteurs de charbon. Le problème se pose dès 1910 à Saint-Étienne, où Valdour parvient à être embauché au fond, mais comme remblayeur (LM, p. 147). À Lens, après plusieurs échecs, il ne reste plus à l’enquêteur qu’à être employé « “au jour”, c’est-à-dire sur le “carreau de la mine” », pour travailler à la « bricole ». Il se décrit ainsi lui-même comme appartenant au « rebut des travailleurs », ceux qui sont affectés « aux besognes les plus pénibles » (LM, p. 70). Toutefois, le manque d’expérience de Valdour n’est pas le seul élément en cause dans son affectation au jour. En effet, celui-ci a auparavant rejeté plusieurs offres de postes, impliquant de se faire photographier ou de procéder à un relevé des empreintes digitales, sous prétexte de refuser de céder à cette forme de police patronale.

L’apprentissage du métier

Les métiers de la mine sont caractérisés par leur pénibilité. Aussi l’usure précoce dont sont victimes les mineurs est-elle due à la récurrence des accidents, à l’existence de pathologies professionnelles spécifiques, mais aussi à l’intensification du travail dans les années 1910, résultat indirect et non souhaité de l’introduction de la loi sur les 8 heures de travail au fond (1905) et au jour (1913). Or, comme l’a montré Rolande Trempé, les mineurs expriment une conscience précoce de cette usure, qui motive en retour l’adoption d’une législation sociale spécifique au métier (en particulier avec les lois de 1894 et de 1914 sur les caisses de retraites des ouvriers mineurs15). Ainsi, lorsque Valdour vient enquêter en terrain minier, cette pénibilité et cette usure sont déjà des faits largement établis par la littérature statistique et médicale. Fidèle à ses principes, il vient en éprouver la « réalité vivante », mais il découvre une rudesse qu’il exige peu compatible avec son activité intellectuelle.

Des deux enquêtes qu’il mène dans les mines, c’est son expérience à Saint-Étienne qui est la plus prolixe sur la difficulté et la dangerosité du métier. Affecté au remblayage, il doit dès le premier jour aménager un sentier dans une galerie et construire un mur de deux mètres de largeur le long de celui-ci. « Au bout de quelques instants » de labeur, note-t-il, « dans cette atmosphère confinée, humide et chaude, emplie de la fine poussière que je soulève, mon corps se couvre de sueur » (LM, p. 151). Il ajoute, quelques lignes plus loin :

Les effets déprimants du milieu physique tendent à réduire la quantité de l’effort fourni : la ventilation, à ces extrémités lointaines, est très peu sensible ; dans l’excavation même qu’il s’agit de remblayer, elle est nulle ; l’atmosphère confinée, emplie de poussière, humide et chaude, impose au travailleur, même de bonne volonté, des moments de détente continuels et répétés. En quelques minutes de travail, je suis en sueur, haletant, le cœur secoué par de forts battements. (LM, p. 152).

L’origine sociale de Valdour est-elle en cause dans cet épuisement ? Les positions de l’auteur divergent par endroits. Il affirme notamment que, dans le chantier précédemment évoqué, « la même fatigue physique que j’éprouve […], mes compagnons qui sont presque tous des anciens l’éprouvent aussi » (LM, p. 153). Ailleurs pourtant, Valdour reconnaît que son inexpérience accuse son extériorité au monde de la mine :

Les remblayeurs sont les terrassiers de la mine. Leur outil est essentiellement la pelle. Mais ne manie pas la pelle qui veut : encore faut-il apprendre à s’en servir et l’on reconnaît tout de suite le novice. Je ne rejette pas assez vite le marin jeté sur le platelage : il s’y accumule. Je ne lance pas assez loin : il me faut le reprendre au tas qu’il forme en avant du trou à boucher et l’y rejeter, ce qui double ma tâche et sa durée, mon effort et ma fatigue. […] Mon cas est celui de tout ouvrier dont l’ancien métier n’exigeait pas de dépense musculaire et qui, n’étant pas doué d’une grande vigueur physique, est conduit par le hasard des chômages à descendre dans la mine. (LM, p. 173-174).

Mineurs au travail dans une galerie de la compagnie des mines de Lens, vers 1905.

Mineurs au travail dans une galerie de la compagnie des mines de Lens, vers 1905.

À gauche, un aide-piqueur ramasse à la pelle le charbon abattu.

À droite, un raccommodeur (ou un boiseur) prépare un étai de bois avec sa hache destiné au soutènement de la galerie.

Source : Centre historique minier, n°3624 : Exposition internationale de Liège. 1905. Section française. Société des Mines de Houille de Lens (Pas-de-Calais).

Mineurs effectuant leur « briquet » ou leur « portion » (pause repas) dans une galerie de la compagnie des mines de Lens, vers 1905.

Mineurs effectuant leur « briquet » ou leur « portion » (pause repas) dans une galerie de la compagnie des mines de Lens, vers 1905.

Source : Centre historique minier, n°3624 : Exposition internationale de Liège. 1905. Section française. Société des Mines de Houille de Lens (Pas-de-Calais).

Cette inaccoutumance à l’effort est d’ailleurs remarquée par ses enquêtés. Ainsi, après deux semaines de travail, Valdour est assigné par un contremaître au remblayage d’une taille. La tâche qui lui est commandée, le vidage de cinquante bennes de mortier, s’avère néanmoins trop difficile pour lui, et il écrit : « le remblayeur qui me précède dans la chaîne va plus vite que je ne peux aller […] mon couloir s’engorge et alors – comme ils disent – “je me crève” en efforts sans rendement, “je guenille” et je n’avance pas. » (LM, p. 204). Conscient de cette différence, Valdour la répercute en une semi-théorie sur l’atavisme des mineurs : selon lui, le métier de mineur est pénible pour « celui qui lui est étranger », mais il « reste accessible aux enfants de mineurs : leur corps s’assouplit merveilleusement aux fatigues du travail au fond et s’adapte peu à peu sans prendre conscience de l’effort » (LM, p. 41). Sa lecture ethnologique des mineurs se nourrit alors de la littérature médicale et hygiéniste des années soixante et soixante-dix du XIXe siècle qui, comme nous l’avons évoqué précédemment, postule l’existence d’une « race » ouvrière déterminée par sa profession, et donc nécessairement fermée à ceux qui lui sont étrangers.

Devenir un « vrai » ou rester un « faux » mineur

Selon Valdour, l’isolement corporatiste des mineurs se traduit en un ensemble de comportements de distance, ou d’hostilité, qu’expérimente l’enquêteur. Plus encore, ces sentiments sont accrus par la forte hiérarchisation interne qui structure la communauté minière. Ainsi, à Lens, après qu’il ait été affecté au jour, à la « bricole », il ressent à l’estaminet « une nuance de froideur à mon endroit : je ne suis pas un vrai mineur ». Il ajoute :

Les vieux mineurs avec lesquels on m’a mis m’accueillent froidement ; quelques-uns même ne manquent pas une occasion de me témoigner de l’hostilité : je ne sors pas comme eux du fond du puits et je suis étranger au pays […]. Je suis plus particulièrement placé sous la direction de deux de ces anciens : l’un me jette des regards furieux […]. À l’heure de la remontée des puits de l’équipe du matin et de la descente de l’équipe du soir, les hommes du fond me regardent avec un air de dédain mal dissimulé. Je ne suis qu’un homme du jour, un “auxiliaire”. (LM, p. 75-76).

Toutefois, l’expérience de Valdour à Saint-Étienne montre que cette situation n’est pas forcément définitive. En raison de la pénibilité et du fort turn-over, les ouvriers qui ne partent pas au bout de quelques jours ou de quelques semaines sont progressivement intégrés à la communauté. Au bout de deux semaines, dit-il, « mes compagnons commencent à s’apprivoiser et à me traiter comme l’un des leurs ». Puis, au bout d’un mois, « je suis maintenant considéré comme un camarade par tous les autres ouvriers » (LM, p. 202-203 ; 212-213).

Le silence ouvrier

Depuis ses débuts, l’ethnographie sociale et historique des mondes ouvriers cherche à surprendre leur « parole » – à travers la presse16, les chants17, les plaisanteries et les anecdotes18, la musique19, les témoignages20 –, et à comprendre les dispositifs par lesquels cette parole est surprise. Or, à ce niveau, les « observations vécues » de Jacques Valdour posent un redoutable problème, dans la mesure où l’enquêteur semble plutôt faire face à toute une série de silences. Ce silence peut être littéral, ainsi que Valdour l’observe dans les cabarets du Pas-de-Calais en 1912 : « Tous sont des hommes frustes et rudes, froids et violents, de visage sévère, triste. […] Attablés dès le matin à l’estaminet, autour de grandes chopes de bière, les mineurs causent sans bruit ; le cabaret reste silencieux. […] peu de paroles, pas de conversations politiques, d’abondantes libations ; c’est leur repos dominical, leur culture intellectuelle et morale, leur office religieux. » (LM, p. 36-37). À côté du patois artésien, le silence est même érigé au rang de « style parlé » de la région (LM, p. 78), entrecoupé de brusqueries, des « façons déplaisantes [qui] sont souvent celles des mineurs entre eux » (LM, p. 65).

Mais ce silence est aussi métaphorique. Il trahit la frustration d’un enquêteur qui, n’obtenant pas des mineurs ce qu’il attend (notamment en matière politique), qualifie ce silence d’« indifférentisme », d’ignorance ou d’étroitesse d’esprit. Ainsi, à Saint-Étienne, Valdour amorce un échange sur l’expérience sociale de la « mine aux mineurs » de Monthieux, mais ses enquêtés « ne développent pas davantage leur pensée ». Déçu, l’enquêteur comble à leur place, dans l’espace du texte, ce silence ouvrier par sa réflexion subjective, prétendument érudite et franchement condescendante (LM, p. 175). Le rapport de l’enquêteur à ses enquêtés révèle en outre un jeu de miroir dans lequel les commentaires de Valdour sur le « silence » des mineurs trahissent in fine son extériorité au groupe ouvrier, et révèlent les difficultés pour ce dernier à en comprendre l’autonomie morale.

Rudesse et « indifférentisme »

Si Valdour goûte peu les conversations de ses enquêtés, il n’en restitue pas moins la teneur, et donne à lire certaines caractéristiques ethnographiques des régions dans lesquelles il enquête. Ainsi, à propos de ses collègues stéphanois, il écrit :

Les propos échangés pour les besoins du travail témoignent, de la part des mineurs, d’une certaine rudesse […] : ils s’interpellent sans bienveillance et se répondent brutalement. Ces échanges de brèves paroles revêtent presque toujours une forme obscène. Le tutoiement est habituel. Le surnom est employé plus volontiers que le nom : l’un a une épaule un peu contrefaite, je ne le connais que sous la dénomination de “le Bossu” […]. Beaucoup de ces mineurs sont originaires des montagnes de la province : entre eux, ils parlent volontiers patois. (LM, p. 161).

Toutefois, Valdour n’est pas habitué à cette rudesse, et il manque parfois de se trahir : « Comme je vais prendre dans la galerie […] les pierres dont mon associé et moi nous avons besoin, un des boiseurs m’aide […]. Je lui dis “merci”. Il me reprend d’un ton rude : “T’es trop poli. Ici, dans la mine, on n’est qu’une m… ! On se dit bonjour au premier de l’an, si l’on se rencontre…” ». Enfin, la place que tiennent les obscénités sexuelles ou scatologiques dans les plaisanteries le rebute manifestement, et il n’a de cesse de déplorer la grossièreté des ouvriers qu’il côtoie.

Mais par-dessus tout, ce qui indigne Valdour est ce qu’il appelle l’« indifférentisme » des mineurs. Une conversation entre deux ouvriers de cinquante à soixante ans, portant sur l’interdiction d’une procession religieuse, suscite le commentaire suivant : « Le temps des luttes ardentes pour les convictions enthousiastes est passé. Les idées que l’on avait aimées ont déçu. On s’en désaffectionne, on critique, mais on ne va pas au-delà d’un certain indifférentisme politique et religieux. » (LM, p. 116). Le fait est encore plus patent dans le Pas-de-Calais. Valdour constate en effet que les ouvriers semblent absolument étrangers aux débats sur la loi relative aux retraites des mineurs, alors discutée au Sénat, qui les concerne pourtant. Ainsi, à propos de son logeur et de son voisin de chambre, rencontrés à Lens, il écrit : « On ne s’explique pas que, ouvriers mineurs, ils ne prêtent aucune attention aux discussions où il s’agit de leurs intérêts personnels et professionnels. Les mineurs qui fréquentent l’estaminet n’en parlent pas davantage. Ceux que je coudoierai au carreau de la mine témoigneront de la même ignorance ou de la même indifférence. » (LM, p. 52). Cette indifférence le surprend d’autant plus que le syndicat des mineurs, dirigé par le député-maire de Lens Émile Basly, exerce une influence notable sur la main-d’œuvre employée dans le bassin : en effet, selon Joël Michel, vers 1912-1913 le syndicat des mineurs du Pas-de-Calais compte environ 7000 cotisants, 20 000 adhérents et 50 000 sympathisants, sur une main-d’œuvre totale de 120 000 ouvriers21. Or, à propos du différend qui oppose Basly au syndicat des mineurs de la Loire au sujet des retraites, Valdour note que ces mêmes enquêtés, « à qui je demande leur opinion, déclarent ne pas savoir ce dont il s’agit. Un peu plus tard, je poserai la même question à un machiniste et à un forgeron du carreau, et je constaterai la même ignorance » (LM, p. 56). Plus généralement, « tous les ouvriers que je fréquente restent étrangers à ces débats » (LM, p. 90). Valdour remarque pourtant de véritables habitudes de lecture de la presse nationale ou régionale, telle que les titres Le Grand écho du Nord ou Le Réveil du Nord, organe officieux de Basly. Toutefois, lorsqu’il évoque ce conflit, ses enquêtés « savent vaguement que Basly a des difficultés à ce sujet ; mais ces histoires ne retiennent pas leur attention ; ils s’en désintéressent » (LM, p. 82).

Intérieur ouvrier à Lens, vers 1905.

Intérieur ouvrier à Lens, vers 1905.

Source : Centre historique minier, n°3624 : Exposition internationale de Liège. 1905. Section française. Société des Mines de Houille de Lens (Pas-de-Calais).

Intérieur ouvrier à Lens, vers 1905.

Intérieur ouvrier à Lens, vers 1905.

Source : Centre historique minier, n°3624 : Exposition internationale de Liège. 1905. Section française. Société des Mines de Houille de Lens (Pas-de-Calais).

Ignorance ou autonomie morale des ouvriers ?

Cette supposée indifférence des ouvriers mineurs à l’égard de la chose publique, à laquelle Valdour ne cesse de se heurter, repose finalement une question assez classique de la sociologie des classes populaires, à savoir celle de l’opposition entre une lecture « misérabiliste » et une lecture « populiste » de la culture ouvrière – opposition qui, dans un cas, lit dans cette indifférence l’expression d’un manque, et, dans un autre cas, y lit la manifestation d’une résistance, voire d’une forme d’autonomie morale22. En ce qui concerne l’œuvre de Valdour, il ne fait aucun doute que la posture adoptée relève du misérabilisme. Rapportant un échange avec un ancien remblayeur devenu boiseur puis abatteur par la seule observation des autres, l’enquêteur reconnaît « la précision et la lucidité que nous ne cessons de noter chez les gens de métier chaque fois qu’ils dissertent sur leur tâche » même si, ajoute-t-il, « il ne faut rien demander à ces mineurs incultes qui ne dépasse le cercle étroit de leurs préoccupations manuelles » (LM, p. 200).

L’observation des attitudes des ouvriers mineurs vis-à-vis des ingénieurs est particulièrement intéressante à cet égard. En effet, il remarque que ses collègues stéphanois « professent tous du dédain » pour les ingénieurs car, dit-il, « comme tous les praticiens ou manœuvres d’un métier », ils abhorrent « celui qui en a la science » et « ne croient pas que les gens de culture supérieure puissent avoir quelque chose à leur apprendre » (LM, p. 161). De même, auprès de ses camarades lensois, il note que

la supériorité de l’ingénieur [leur] apparaît intolérable parce qu’elle est de l’ordre intellectuel et que l’intelligence de l’ouvrier n’est ouverte qu’aux choses qu’il sait et qui sont d’ordre matériel […] Autrement dit, le champ de son intelligence est rétréci à ce que lui, ouvrier, fait, touche, voit, est accoutumé de réfléchir et de comprendre ; et, par-là, son jugement est nécessairement faussé, altéré. (LM, p. 77-78).

Enfin, synthétisant les raisons de l’opposition des ouvriers mineurs aux ingénieurs, Valdour écrit :

[L’ingénieur] représente la force de l’intelligence, et plus particulièrement d’un vaste savoir technique. L’ouvrier, c’est la force matérielle et la connaissance empirique d’une tâche aux limites extrêmement étroites. Incapable de comprendre ce qu’il ignore et de concevoir la nécessité de ce qui lui est complètement étranger […] l’ouvrier, instinctivement, juge superflue une science dont il ne soupçonne même pas les premiers éléments. […] l’ouvrier, à qui l’on ne demande guère de fournir que la force musculaire, demeure inhabile à concevoir qu’une force purement intellectuelle devienne jamais qualifiée pour concurrencer la sienne propre et surtout pour se la subordonner. Nul ne s’imposera à l’administration des remblayeurs s’il ne manie la pelle avec une incontestable supériorité, des boiseurs s’il n’excelle plus qu’aucun d’eux à boiser, des piqueurs s’il ne le l’emporte sur eux tous en habileté à abattre de la houille. (LM, p. 238).

En clair, Valdour affirme avec force la séparation entre travail manuel et intellectuel, ainsi que la supériorité du dernier sur le premier. Cette posture est logique de sa part, si l’on tient compte du fait qu’il s’agit d’un enquêteur possédant pas moins de quatre doctorats. Pourtant, c’est bel et bien à cet endroit que sa réflexivité fait défaut. En effet, s’identifiant plus volontiers aux ingénieurs qu’aux mineurs, Valdour se sent indirectement visé par cette hostilité ouvrière au travail intellectuel. Dès lors, il ne parvient pas à percevoir ce qui fait l’originalité du discours porté par les ouvriers, c’est-à-dire l’idée selon laquelle leurs compétences techniques et leur savoirs « profanes » sont considérées comme ayant au moins autant de valeur que ceux des ingénieurs ; que l’expérience quotidienne, pratique, vaut autant (voire plus) que le savoir abstrait. C’est donc tout un pan de la culture ouvrière des mines – dont les délégués mineurs, ces représentants du personnel élus démocratiquement pour opposer une contre-expertise technique à celle des ingénieurs, sont l’une des meilleures incarnations23 – qui échappe à l’observateur.

Conclusion

Des difficultés auxquelles Jacques Valdour se confronte lors de son enquête chez les mineurs de Lens et de Saint-Étienne, la principale tient à l’apparente imperméabilité de la communauté minière à tout ce qui lui est étranger – en termes professionnels comme politiques et culturels – de laquelle Valdour déduit une tendance à l’isolement, au repli de la communauté sur elle-même et sur ses particularités corporatives. Or, bien que l’œuvre de Valdour soit tombée d’abord dans la disgrâce puis dans l’oubli, force est de constater que ces traits interprétatifs ne cesseront d’innerver la production historiographique puis sociologique relative aux terrains miniers dans le second après-guerre. La question de la très forte endogamie professionnelle sera notamment abordée par Philippe Ariès en 194824, avant que les travaux consacrés au syndicalisme des mineurs ne dénoncent son « égoïsme corporatif », son absence de « conscience politique globale », son irréductible « particularisme » et son « absence de solidarité avec le reste du prolétariat25 ». Le grand historien du mouvement ouvrier des mineurs en Europe occidentale, Joël Michel, mettra lui-même l’accent sur l’étroitesse de l’horizon syndical, politique et culturel des mineurs dans sa grande thèse, en s’inspirant notamment du modèle sociologique des community studies26. En clair, les difficultés auxquelles s’est heurté Valdour lors de son enquête se sont transfigurées, d’une certaine manière, en un canon analytique. De constat, l’isolement des mineurs est presque devenu un postulat, et a nourri une véritable épistémologie de l’ethnographie historique des terrains miniers.

Glossaire des termes professionnels et techniques

 

 

Abatteur : personne chargée de détacher les blocs de charbon dans une veine (l’abattage s’effectue à la pioche et à la rivelaine, un pic à deux pointes, pendant la majeure partie du XIXe siècle, avant que certaines compagnies n’introduisent les marteaux-piqueurs à air comprimé au début des années 1910).

 

Boiseur : ouvrier chargé de mettre en place les soutènements en bois ou en métal pour maintenir le toit dans les galeries.

 

Carreau : ensemble des installations à la surface (au « jour ») d’une mine de charbon.

 

Herscheur : ouvrier chargé de l’évacuation du charbon sur des wagons (principalement poussés par la force humaine, ou tractés par la force animale des chevaux).

 

Marin : selon la définition donnée par Jacques Valdour, « sorte de boue épaisse faite de mauvais charbon et de débris de pierre mouillés et jouant le rôle de mortier » (LM, p. 151).

 

Piqueur : syn. d’abatteur.

 

Platelage : plancher de charpente (fait de bois et/ou de plaques métalliques).

 

Raccommodeurs : ouvrier chargé de l’entretien des galeries, et notamment du boisage.

 

Remblayeur : ouvrier chargé de remblayer les vides d’exploitation, afin de prévenir les affaissements et les éboulements.

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1

Paul Magnette, « Le croissant fossile », Le Grand Continent, 8 février 2022. En ligne : https://legrandcontinent.eu/fr/2022/02/08/le-croissant-fossile/. Consulté le 11 novembre 2023.

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2

Voir : Edgar T. Thompson, « Mines and Plantations and the Movement of Peoples », American Journal of Sociology, vol. 37, n°4, 1932, p. 603-611.

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3

Hubert Boëns-Boisseau, Traité pratique des maladies, des accidents et des difformités des houilleurs, Bruxelles, Tircher, 1862, p. 6.

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4

Voir : Frédérique Giraud, « Quand Zola mène l’enquête : le terrain comme caution scientifique », Ethnologie française, vol. 43, n°1, 2013, p. 147-153 ; Jean-Pierre Bertrand, « Quand le roman se fait enquête (Goncourt, Zola, Huysmans) », in Éric Geerkens, Nicolas Hatzfeld, Isabelle Lespinet-Moret et Xavier Vigna (dir.), Les enquêtes ouvrières dans l’Europe contemporaine. Entre pratiques scientifiques et passions politiques, Paris, La Découverte, coll. « Recherches », 2019, p. 238-253.

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5

Voir : Louis Reybaud, « La Compagnie des mines d’Anzin », Revue des deux mondes, seconde période, vol. 96, n°1, 1871, p. 134-165 ; Émile Vuillemin, « Enquête sur les habitations, les écoles et le degré d’instruction de la population ouvrière des mines de houille des bassins du Nord et du Pas-de-Calais », Revue de l’industrie minérale, t. I, 1872, p. 279-313 ; A. Quentin, Descente dans une mine de charbon en Belgique, Nantes, Imprimerie du commerce / G. Schwob & Fils, 1891 ; Lami, Voyages pittoresques en France et à l’étranger, Le Nord de la France et excursions en Belgique, Paris, Jouvet, 1892 ; Eugène Caustier, Les entrailles de la terre, Paris, Librairie Nony & Cie, 1902 ; Amieux, Des conditions de travail dans les mines, Paris, Arthur Rousseau, 1908.

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6

Le travail de recensement et de numérisation est consultable sur le site : https://ouvriersdeuxmondes.huma-num.fr.

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7

Jean Bourdeau, Le socialisme allemand et le nihilisme russe, Paris, Félix Alcan, 1892 (en particulier chapitre IV, p. 161-200).

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8

Parmi les titres recensés par Yves Sinigaglia, voir : « Lorraine, terre de richesse et de misère », Les Temps nouveaux, 13 septembre 1909 ; « Le congrès des ‘Gueules noires’ », La Dépêche, 13 mars 1910 ; « L’estaminet des mineurs », Les Temps nouveaux. Supplément littéraire, 24 mai 1913, p. 398-399 ; « Les ‘cafus’ au pays de ‘Germinal’ », L’Humanité, 26 novembre 1913 ; « Les mines d’or du Limousin », La Dépêche, 2 mars 1914 ; « La montagne qui brûle », La Dépêche, 6 mars 1914 ; « Dans le ‘Klondike’ normand », L’Humanité, 7 avril 1914 ; « Parmi les mineurs marocains », L’Humanité, 14 avril 1914 ; « Vers un Creusot normand », L’Humanité, 16 avril 1914. Voir aussi : Les frères Bonneff reporters du travail. Articles publiés dans L’Humanité de 1908 à 1914, Paris, Classiques Garnier, coll. « Archives du travail », 2021, édition établie et présentée par Nicolas Hatzfeld.

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9

Voir : Tatiana Morozova, « Jacques Valdour, enquêteur social », maîtrise, Université Paris 1, 2008 ; Bernard Valade, « Un marginal de la science sociale : Jacques Valdour », Revue européenne des sciences sociales, vol. 51, n°1, 2013, p. 213-233 ; Jean-Noël Retière, « ‘L’observation vécue’ d’après Jacques Valdour (1872-1938) : surprendre, éprouver… », in Pierre Leroux et Erik Neveu (dir.), En immersion. Pratiques intensives du terrain en journalisme, littérature et sciences sociales, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, p. 93-105. Voir aussi : Xavier Vigna, L’espoir et l’effroi. Luttes d’écritures et luttes de classe en France au XXe siècle, Paris, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 2016 (notamment chapitre II, p. 47-85).

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10

Jacques Valdour, La méthode concrète en science sociale, Paris, Arthur Rousseau, 1914.

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11

« Piqueur sociétaire de la mine aux mineurs de Monthieux (Loire, France). Ouvrier chef de métier, d’après les renseignements recueillis sur les lieux en août et en septembre 1895 par M. Pierre du Maroussem, docteur en droit ». En ligne : https://ouvriersdeuxmondes.huma-num.fr/monographie/piquer-societaire-mine-aux-mineurs-monthieux-89. Consulté le 13 novembre 2023.

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12

Jacques Valdour, La vie ouvrière. Observations vécues, Paris, Giard & Brière, 1909, p. 1-2. Cité in : Xavier Vigna, L’espoir et l’effroi. Luttes d’écritures et luttes de classe en France au XXe siècle, Paris, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 2016, p. 49-50.

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13

Voir : Christophe Prochasson, Les années électriques (1880-1910), Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui / L’aventure intellectuelle du XXe siècle », 1991.

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14

Jacques Valdour, Les mineurs. Observations vécues, Paris / Lille, Giard & Rousseau, 1919.

Retour vers la note de texte 17146

15

Rolande Trempé, « Travail à la mine et vieillissement des mineurs au XIXe siècle », in Alain Cottereau (dir.), « L’usure au travail », Le Mouvement social, vol. 124, 1983, p. 131-152 ; Id., « Le syndicalisme des mineurs et le problème santé jusqu’à la création de la Sécurité sociale », in Madeleine Rebérioux, « Mouvement ouvrier et santé. Une comparaison internationale », Prévenir, vol. 1, n°18, 1989, p. 31-44.

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16

La parole ouvrière 1830-1851, textes choisis et présentés par Alain Faure et Jacques Rancière, Paris, La Fabrique, 2007.

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17

Laurent Marty, Chanter pour survivre. Culture ouvrière, travail et technique dans le textile. Roubaix 1850-1914, Lille, Atelier ethno-histoire et culture ouvrière / Fédération Léo-Lagrange, 1982.

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18

Ariane Mak, « En grève et en guerre. Les mineurs britanniques au prisme des enquêtes du Mass Observation (1939-1945) », thèse, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2018.

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19

Marion Henry, « “Every village would have a band” : building community with music: a social and cultural history of brass bands in the British Coalfields », 1947-1984, these, Sciences Po Paris, 2021.

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20

Ariane Mak (dir.), « Histoire orale des mondes ouvriers », Le Mouvement social, vol. 274, n°1, 2021.

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21

Joël Michel, « Le mouvement ouvrier chez les mineurs d’Europe occidentale (Grande-Bretagne, Belgique, France Allemagne). Étude comparative des années 1880 à 1914 », thèse, Université Lyon 2, 1987, p. 394-396.

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22

Voir notamment : Claude Grignon et Jean-Claude Passeron, Le Savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, Éditions du Seuil, 1989. En ce qui concerne plus proprement la discipline historique, voir : Madeleine Rebérioux, « Une culture ouvrière », in André Burguière, Jacques Revel (dir.), Histoire de la France, t. IV, Les formes de la culture, Paris, Éditions du Seuil, 1993, p. 455-465 ; Marion Fontaine (dir.), « Cultures ouvrières », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, vol. 35, 2017.

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23

Voir : Bastien Cabot, « Écopolitiques ouvrières. Enquête socio-environnementale dans les mines de charbon du Nord-Pas-de-Calais (fin XIXe-début XXe siècle) », thèse, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2022.

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24

Philippe Ariès, « Aux pays noir : la population minière du Pas-de-Calais », in Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie depuis le XVIIIe siècle, Paris, Éditions du Seuil, 1971, p. 69-118.

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25

Pour une vue globale sur la question, voir : Marion Fontaine, « Mineurs français et britanniques. Un réformisme syndical ? », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, vol. 30, 2012, p. 73-88. Les citations correspondent, par ordre d’apparition, à : Rolande Trempé, « Le réformisme des mineurs français à la fin du XIXe siècle », in « Avec ou sans l’État ? Le mouvement ouvrier français et anglais au tournant du siècle (Actes du colloque de Londres, 1966 », Le Mouvement social, vol. 65, 1968, p. 93 ; Madeleine Rebérioux, « Le socialisme français de 1871 à 1914 », in Jacques Droz (dir.), Histoire générale du socialisme, t. II, De 1875 à 1918, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 1997, p. 164 ; Jacques Julliard, Autonomie ouvrière. Études sur le syndicalisme d’action directe, Paris, Gallimard / Le Seuil, coll. « Hautes Études », 1988, p. 70.

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26

Joël Michel, « Le mouvement ouvrier chez les mineurs d’Europe occidentale (Grande-Bretagne, Belgique, France Allemagne). Étude comparative des années 1880 à 1914 », thèse, Université Lyon 2, 1987.