« L’Affaire Dreyfus britannique » ? Le Brexit et les interprétations contradictoires de l’histoire
Professeure d'histoire britannique contemporaine

(Université Paris Cité - LARCA)

Emmanuel Gatti, Chute de doutes.

Emmanuel Gatti, Chute de doute. Gravure, Technique mixte, 25 ex. 70 x 100.

Le référendum sur le Brexit du 23 juin 2016 et les débats sur les suites à donner à ce vote déchirent le Royaume-Uni au point d’être comparé dans ses conséquences sur la société britannique à l’affaire Dreyfus en France. Deux camps s’affrontent dans un débat où les arguments rationnels semblent bien souvent absents. Les partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, les Brexiters bientôt devenus Brexiteers1 veulent que la Grande-Bretagne retrouve la maîtrise de ses frontières, de son budget et de sa réglementation. Le contrôle de l’immigration a joué un rôle clef dans le vote en faveur du non à l’Europe et demeure un élément déterminant dans la négociation avec l’Union européenne. En face, les partisans du maintien dans l’Union, les Remainers bien souvent traités de Remoaners2 par leurs adversaires sont favorables au statu quo mais peinent à faire valoir leurs arguments par crainte d’être soupçonnés de vouloir remettre en cause les résultats du scrutin. Les analyses sur les conséquences du Brexit notamment en matière économique font l’objet de critiques virulentes si elles ne vont pas dans le sens souhaité. Les Brexiters ont inventé à ce sujet le concept de « Project Fear » : appartiennent au Project Fear toutes les idées, arguments ou études susceptibles de mettre en doute le bien-fondé du Brexit, qui en soulignent les conséquences négatives ou simplement mettent en avant des risques inhérents à cette décision. C’est un peu l’équivalent du concept de fake news aux États-Unis.

Or le référendum a marqué un retour en force de l’histoire dans le débat politique. Chaque camp va chercher dans le passé des arguments propres à soutenir son point de vue : l’histoire est devenue un grand réservoir où chaque protagoniste vient puiser les éléments favorables à sa vision. J’ai eu l’occasion d’observer ces débats de près depuis un an à Londres, et cet article est une chronique « à chaud » de quelques convocations de l’histoire dans le débat public et de la manière dont le Brexit a réactivé des questions autour de l’histoire nationale. Trois « strates » de l’histoire nationale ont été particulièrement sollicitées et à l’origine de polémiques acerbes : la conquête de l’Angleterre par les Normands, la Seconde Guerre mondiale et la position de Churchill face à l’Europe.

Les historiens et le « récit national »

Mais sans doute convient‑il d’abord de souligner que l’instrumentalisation de l’histoire n’est pas l’apanage des tabloïdes et de la presse populaire. Réputés pour être traditionnellement peu enclins à s’investir dans les débats politiques3, les universitaires britanniques se sont mobilisés en nombre, et certains historiens renommés se sont engagés dans la bataille. Le groupe Historians for Britain. Understanding the Past, to Decide Today for the Future, créé peu avant le Référendum et présidé par David Abulafia, professeur d’histoire méditerranéenne à Cambridge, a ainsi publié en mai 2015 une lettre ouverte à David Cameron, dans laquelle ces historiens plaident pour une « Union européenne radicalement réformée » qui refléterait « le caractère distinctif du Royaume-Uni, enraciné dans une tradition largement ininterrompue depuis le Moyen-Age »4. Cette lettre a suscité de nombreuses réactions. Par exemple, dans un article publié dans la même revue la semaine suivante, intitulé « Brouillard sur la Manche, historiens isolés »5, un groupe de jeunes historiens – David Andress, Richard Blakemore, Thomas Charlton, Neil Gregor, Rachel Moss, Natalia Nowakowska, Charlotte Riley and Mark Williams  récuse l’idée d’une histoire britannique « largement ininterrompue » arguant qu’« une telle continuité serait certes spectaculaire mais [qu’] elle est erronée. Le passé britannique n’est ni aussi héroïque ni aussi unique »6. Ces articles sont les premières escarmouches d’un combat qui se poursuit depuis lors sans relâche, parfois de manière assez violente. Dans un blog publié au même moment, Neil Gregor, professeur d’histoire à Southampton expliquait : «  il est difficile de savoir par où commencer quand on se bat contre un récit [historique] – n’importe quel étudiant de première année vous le dira – que la profession a abandonné depuis des décennies »7.

 

Reprenant à leur compte une histoire whig datant du XIXe siècle et présentant l’histoire comme une progression inéluctable vers une plus grande liberté, les historiens eurosceptiques articulent leur argumentaire autour de trois idées principales qui seraient constitutives de l’exception britannique : la continuité (de la Grande Charte de 1215 à nos jours), la modération (à l’opposé des fièvres continentales) et le caractère insulaire. La continuité, en premier lieu, serait incarnée par la constitution britannique, ensemble de lois et de coutumes, écrites ou non écrites, remontant à 1215 : « le Parlement britannique incarne des principes de comportement politique qui prennent racine au XIIIe siècle », « une telle continuité n’a d’équivalent dans aucun pays d’Europe continentale »8. La flexibilité et la dimension « organique », « vivante » de la constitution britannique sont perçues comme l’illustration même du caractère unique de la nation et de ses institutions politiques. Ce à quoi leurs adversaires, europhiles ou non, répliquent que la souveraineté parlementaire ne s’est installée véritablement en Grande-Bretagne qu’à partir du XVIIe siècle, et ne s’est imposée que peu à peu, après le bain de sang que fut la guerre civile anglaise. Quant au suffrage universel, il ne le fut réellement qu’à partir de 1928, soit après à de nombreux pays européens.

Pour ce qui est de la modération, les Historians for Britain expliquent que « le tempérament politique britannique est beaucoup plus clément que celui des pays européens plus grands »9. Ils en veulent pour preuve l’absence de mouvements extrémistes tels que le communisme, le fascisme et le nationalisme en Grande-Bretagne. Ils s’inscrivent dans le sillage d’une définition de l’identité nationale apparue sous le gouvernement conservateur de Stanley Baldwin à la fin des années 1920 et au début des années 1930, en opposition à la vision conservatrice, impérialiste et belliciste, dominante à la fin du XIXe siècle. Le langage jingoïste du tournant du XXe siècle fait progressivement place à partir de 1914 à celui de la « der des der », puis d’une « nation de jardiniers et de femmes au foyer »10, qui valorise avant tout la retenue, l’idéal d’une vie privée, discrète et proche de la nature. Reprenant à nouveaux frais les vertus du jardin anglais et de la campagne anglaise, le gouvernement de Baldwin opère ce qu’Alison Light décrit comme « une féminisation de l’idée de la nation » et présente les Anglais comme un peuple modéré, tolérant et « exceptionnellement paisible »11. Le nouvel électorat féminin contribue à la définition d’un caractère national anglais caractérisé par « le bon sens, la bonne humeur, une liberté ordonnée, le progrès »12. La construction politique du caractère national pendant l’entre-deux guerres est revendiquée par le groupe Historians for Britain de manière essentialiste comme une caractéristique de la Grande-Bretagne depuis la Magna Carta. Il va sans dire que cette interprétation est fortement contestée – il n’est que de rappeler l’impérialisme agressif, la violence de la colonisation, l’esclavage, les massacres, etc.

Le troisième argument des historiens eurosceptiques est la distance traditionnelle de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l’Europe. David Starkey (Cambridge), membre d’Historians for Britain, explique ainsi : «  La relation à mi-distance de l’Angleterre à l’Europe continentale n’est ni nouvelle ni aberrante. Au contraire, elle est profondément enracinée dans les développements politiques des cinq cent dernières années »13. On peut s’interroger sur le point de savoir si cette « mi-distance » n’existe pas aussi entre la plupart des pays d’Europe continentale sans que cela ne crée nécessairement de rupture. N’y a-t-il pas, en effet, une « mi-distance » entre les pays scandinaves et les pays méditerranéens ou entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest, sans même parler des Balkans ? L’argument de la « mi-distance » est également contesté par les europhiles qui répliquent que « la vie politique, sociale, culturelle et économique de la Grande-Bretagne a dépendu, s’est inspiré et a inspiré l’Europe (…). L’importance de la religion chrétienne pour l’histoire culturelle de la Grande-Bretagne n’a de sens qu’en référence au monde plus large de la Chrétienté »14.

À ce stade, il convient de faire la distinction entre Angleterre et Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni est composé de quatre nations – l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord – et la Grande-Bretagne désigne les trois premières. L’Angleterre n’est donc qu’une nation parmi les trois ou quatre autres, même si l’on désigne souvent la partie pour le tout. La confusion fréquente faite entre l’Angleterre et la Grande-Bretagne par les historiens eurosceptiques comme David Starkey, quand il évoque la « relation semi-distante de l’Angleterre » avec l’Europe continentale, est critiquée par les historiens écossais qui accusent Historians for Britain d’être en réalité Historians for England. Robert Tombs (Cambridge), un des historiens les plus en vue du groupe, a d’ailleurs publié un ouvrage intitulé The English and their History15. Le Brexit est une affaire essentiellement anglaise, qui pose des questions de nature différente à l’Ecosse et à l’Irlande. Le récit eurosceptique est centré sur l’État-nation et une identité britannique unique. Il écarte délibérément les nombreux phénomènes de migration et les identités plurielles qui sont monnaie courante16. Les batailles qu’une très grande majorité d’Anglais ont lues dans le livre d’histoire pour enfants de 1905, Our Island Story, étaient présentées comme « britanniques » même si elles comprenaient évidemment des identités multiples17 : la majorité des troupes de Wellington à Waterloo n’était pas plus britannique que les troupes de Napoléon n’étaient françaises, et l’on comptait des Français parmi les marins de Nelson à Trafalgar. La Manche est, et a toujours été, un lieu d’échange plus qu’une frontière18. Our Island Story est un ouvrage très populaire, mélange de mythologies et de contes, qui remonte aux légendes arthuriennes et illustre l’exception britannique à travers le récit de la conquête des libertés britanniques. Apparenté aux fictions de Kipling, il est décrit par David Cameron comme étant son livre préféré lorsqu’il était enfant parce qu’il évoquait la destinée héroïque de la nation19. L’Ecosse et l’Irlande y sont présentées comme des provinces dont la vocation, de toute éternité, était de faire partie du Royaume-Uni.

Henrietta Elizabeth Marshall, Our Island Story (1905)

Couverture du livre Our Island Story (1905) d'Henrietta Elizabeth Marshall, illustration par A.S Forrest.

En réponse à ces déclarations, un groupe rival Historians for Britain in Europe s’est constitué, ainsi qu’un groupe plus large Academics for Britain in Europe20. Deux logiques d’appropriation et d’appartenance à l’État-nation sont ainsi à l’œuvre. Ces débats n’ont pas cessé avec le référendum du 23 juin 2016, bien au contraire. Le site Briefings for Brexit alimente une grande partie de ces discussions en publiant les articles de Robert Tombs (qui fait partie des éditeurs du site). Le Brexit y est comparé à ce qui est appelé le Frexit de mars 1966 lorsque le général de Gaulle annonça le retrait de la France de l’OTAN21. Membre pendant dix-sept ans, la France en sortit alors, marquant ainsi sa volonté d’indépendance. Le choc provoqué par ce Frexit est peu connu en France, tandis que le sentiment de trahison demeure chez d’autres membres de l’OTAN. Cette décision a été considérée par les alliés comme un manque de loyauté et une manifestation de l’arrogance française. Pourtant, plutôt que de chercher à « punir » la France, ce qui aurait été contre-productif, les alliés ont accepté de négocier et préparer des accords (les accords Lemnitzer-Ailleret), laissant la porte ouverte à une possible réintégration des Français22. On voit bien le parallèle établi avec l’actualité la plus brûlante.

Tout comme l’Affaire Dreyfus en France, le Brexit brise les clivages politiques traditionnels. Il suscite des débats d’une nature nouvelle, dans lesquels des récits nationaux très contrastés, voire contradictoires, s’affrontent parfois avec violence. Un des arguments communs aux historiens pro-Brexit, qu’ils se situent à la droite ou à la gauche du spectre politique, est la contestation du déclin de la Grande-Bretagne et de ce qu’ils appellent le Project Fear des Remainers. Sont englobées sous ce terme, comme nous l’avons vu, toutes études, notamment économiques, qui soulignent les risques et les conséquences néfastes du Brexit sur la société britannique. Le rapport intitulé « A Brexit Proposal » publié en novembre 2017 par les politistes Christopher Bickerton (Cambridge) et Richard Tuck (Harvard) est un plaidoyer en faveur du Brexit qui émane de la gauche du spectre politique plutôt que de la droite, comme c’est le cas pour Historians for Britain. Ces chercheurs ont créé en juin dernier une association appelée The Full Brexit. For popular sovereignty, democracy and economic renewal, en défense d’un Brexit complet et en opposition à ce qui est perçu comme la compromission du gouvernement May23.

Dans un article du 27 juillet 2018, Timothy Garton Ash (Oxford) exposait les possibles méfaits d’une position européenne trop rigide face au Brexit. Il met en garde les Européens contre les dangers de ce qu’il appelle une Weimar Britain, soit une population britannique abandonnée par sa classe politique, humiliée et en colère, pleine d’aigreur et de rancœur24 : un tel pays serait dangereux pour lui-même comme pour ses voisins. Pour lui, un accord de Brexit punitif et revanchard, comme le fut en son temps le Traité de Versailles vis-à-vis de l’Allemagne, ferait courir le risque d’un nationalisme exacerbé. Le débat parmi les historiens fait partie d’un débat politique plus vaste, au sein duquel sont mobilisés plusieurs protagonistes et différentes « strates » de l’histoire.

La conquête de l’Angleterre par les Normands

Détail de la tapisserie de Bayeux représentant les chevaliers normands et des archers lors de la bataille d'Hastings

Détail de la tapisserie de Bayeux (XIe siècle) représentant les chevaliers normands et des archers lors de la bataille d'Hastings.

Un passé plus ancien a également été sollicité comme l’illustrent bien les réactions à la proposition de prêt de la tapisserie, ou plutôt de la broderie, de Bayeux par le président français au gouvernement britannique. La tapisserie du XIe siècle met en scène, sur près de sept mètres, la conquête de l’Angleterre par les Normands et la victoire en 1066 du duc de Normandie, appelé plus tard Guillaume le Conquérant, contre le Roi saxon, Harold. On y voit la traîtrise d’Harold qui se parjure en montant sur le trône à la mort d’Édouard le Confesseur, alors qu’il avait prêté serment au duc de Normandie. Harold est ensuite tué lors de la bataille d’Hastings et le duc de Normandie couronné à Westminster. La dernière inscription sur la tapisserie est « Et fuga verterunt Angli », soit « et les Anglais prennent la fuite »… Certains voient dans la démarche du président français un rappel que l’Angleterre et les Anglo-Saxons ont été envahis et assujettis par les continentaux25. Emmanuel Macron serait-il Emmanuel le Conquérant s’interroge The Guardian26? Est-ce un avertissement indiquant que rompre une promesse peut mener à la guerre ? Ou encore une mise en cause de l’idée de communauté saxonne, dont la population a en réalité été mêlée aux Normands il y a maintenant des siècles ? D’autres y voient la naissance de la Grande-Bretagne comme nation européenne27. De fait, 1066 est l’une des premières dates que retiennent les écoliers anglais auxquels on enseigne l’existence d’un Royaume anglo-saxon mythique qui défend depuis des temps immémoriaux une liberté quasi mystique, royaume envahi par une aristocratie féodale venue de France apportant avec elle une nouvelle langue, de nouvelles lois et de nouveaux châteaux. La suite de l’histoire est enseignée comme celle d’une lutte contre les despotes normands et leur absolutisme, et la récupération progressive des libertés saxonnes ancestrales et de la tradition du self-rule.

Une des parodies les plus réussies de l’histoire whig du progrès inéluctable de l’Angleterre et du lien indéfectible à ce passé immémorial est le célèbre ouvrage de W. C. Sellar et R. J. Yeatman, 1066 and All That, publié après la Première Guerre mondiale, d’abord sous forme de feuilleton dans le magazine Punch, puis en volume en 193028. Ce chef-d’œuvre satirique déconstruit l’histoire nationale telle qu’elle est encore enseignée aujourd’hui, c’est-à-dire comme une fable morale où le bien triompherait du mal et la justice de l’injustice. 1066 And All That présente, par exemple, la révolution anglaise comme le fruit d’une division entre deux factions : les « Cavaliers », royalistes, costumés de manière extravagante, étaient « wrong but romantic » (ils avaient tort mais faisaient rêver) et les « Têtes Rondes », puritains vêtus de manière austère, étaient « right but repulsive » (ils avaient raison mais manquaient de séduction)29. Mais cela n’empêche pas Boris Johnson d’expliquer que le « plan de Chequers » de Theresa May, s’il était appliqué, signifierait que « pour la première fois depuis 1066, nos chefs acceptent délibérément d’être sous le joug étranger », brisant par-là cette liberté ancestrale.

Couverture de 1066 and All That de W.C Sellar et R.J Yeatman (1930) illustré par John Reynolds

Couverture du livre de W.C Shellar et R.J Yeatman, 1066 and All That: A Memorable History of England, comprising all the parts you can remember, including 103 Good Things, 5 Bad Kings and 2 Genuine Dates, illustré par John Reynolds (1930).

On dit que Nigel Farage, l’ancien leader du UKIP, porte, notamment quand il fait campagne, des cravates en soie aux motifs de la tapisserie de Bayeux, montrant les scènes où les troupes anglaises sont massacrées par « les hordes venues du continent » en 106630. De même, lors de son discours de Bruges en 1988, Margaret Thatcher avait fait allusion au fait que « notre nation (…) a été restructurée sous les règnes Normand et Angevin au XIe et XIIe siècles »31. Commentant le prêt de la tapisserie, le tabloïde, The Sun, a titré le 18 janvier 2018 « Bye-EU Tapestry » et proposé une autre version de « l’humiliante » tapisserie de Bayeux où l’on voyait « Davyd Cameroon », le traître, recevoir une flèche dans l’œil, comme Harold, et « Faire Theresa » victorieuse contre l’horrible Bruxelles, dominant ses ennemis décapités à ses pieds32. Le Daily Mail insiste pour sa part sur la violence des combats représentés dans la tapisserie : on voit que

les fondements de la tyrannie n’ont pas changé en mille ans. Comme les soldats birmans envers les musulmans Rohingyas récemment, les soldats normands sont montrés brûlant des maisons tandis que les femmes et les enfants terrifiés sont contraints à la fuite33.

La "Bye-EU Tapestry" proposée par The Sun en janvier 2018

La « Bye-EU Tapestry » proposée par The Sun en janvier 2018.

Au-delà des attaques du Sun et du Daily Mail, l’histoire de la conquête normande fait l’objet de conflits historiographiques. Le célèbre historien Macaulay du XIXe siècle insistait sur le fait que les Normands n’étaient pas liés aux Francs mais bien aux Vikings, ce qui d’une certaine manière les rendaient plus respectables34. Augustin Thierry, à la même époque, proposait une théorie assez semblable dans son Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands35. Quoi qu’il en soit, la légende de Robin des Bois défendant les paysans saxons contre une aristocratie tyrannique et francophone a été réactualisée et les réactions à la proposition de prêt de la tapisserie sont pour le moins contrastées.

La deuxième guerre mondiale rejouée

La Réforme protestante, le schisme henricien et la création de l’Église anglicane sont autant d’épisodes de l’histoire d’Angleterre qui font l’objet de nombreux romans, de films et de séries télévisées à succès. Ils sont interprétés par certains comme un premier Brexit, même s’il s’agissait bien sûr d’une rupture avec Rome, et non avec l’Europe36. De même, les guerres napoléoniennes forment un véritable réservoir d’exemples pour les Brexiters toujours prêts à démontrer le despotisme continental. C’est toutefois sur la Seconde Guerre mondiale et la manière dont l’histoire de 1940 a été convoquée que nous avons choisi de nous pencher, tant elles sont devenues incontournables dans le débat.

En 2010, une nouvelle collections de timbres-poste, intitulée Britain Alone, a vu le jour en hommage à tous les soldats, mais aussi aux civils, aux associations de bénévoles, aux femmes dans les différents voluntary services et aux enfants évacués. Très en amont du référendum et du Brexit, ces collections convoquent un récit de la Seconde Guerre mondiale où la Grande-Bretagne, seule au monde, abandonnée par une Europe occupée, survécut au Blitz grâce au courage et à la solidarité de son peuple. L’impasse est faite sur les grèves de milliers de travailleurs, malgré leur interdiction, dès le début de la guerre, pour protester contre l’exploitation et l’injustice dont ils étaient victimes. On compte en effet 3473 grèves des mineurs entre 1940 et 1944. Les photos de femmes travaillant dans les usines de munition masquent mal le ressentiment des mineurs dont les femmes ou les filles étaient du jour au lendemain mieux rémunérées qu’eux37.

De même, les photos d’enfants évacués ne rendent pas compte du refus de nombreuses familles aisées de l’intérieur du pays, sommées d’accueillir chez elles des enfants de milieux défavorisés évacués de l’East End de Londres, et qui les renvoyèrent sous les bombes. Les autorités durent alors prendre soin de placer ces enfants chez des ouvriers agricoles, davantage susceptibles de faire preuve de solidarité38. On pourrait aussi nuancer la solidarité pendant la Seconde Guerre mondiale des Women’s Voluntary Services, par exemple, dont on sait que les questions de positionnement social empoisonnaient le fonctionnement39.

Série de timbres-poste "Britain Alone" (2010)

Série de timbres-poste « Britain Alone » (2010).

Le paquet de timbres contenait également une sous-série consacrée à l’évacuation de Dunkerque et aux neuf journées qui ont vu les civils britanniques voler au secours des troupes. La Dunkirk Victory – mieux connue en France sous le nom de « défaite de Dunkerque » – est devenue le Dunkirk Spirit, symbolisant l’entraide entre civils et militaires britanniques, qui permit à ces derniers d’échapper au massacre, la résistance héroïque de la population civile pendant le Blitz en 1940-1941, et de manière plus générale la force morale de la nation, sans cesse convoquée par les Brexiters aujourd’hui.

Sous-série de timbres Dunkirk (2010)

Sous-série de timbres Dunkirk (2010).

De même, le slogan « Keep Calm and Carry On », imprimé sur plus de deux millions d’affiches par le ministère de l’Information britannique 1939 en prévision des attaques aériennes contre les grandes villes, mais finalement peu diffusé et largement oublié après coup, fut redécouvert en 2000. Évoquant un idéal stoïque de retenue, de discipline et de stiff upper lip, il est devenu l’emblème de l’esprit de résistance britannique face à l’adversité et de la solitude face à un continent occupé.

À moi Churchill

À tout seigneur tout honneur, la figure de Winston Churchill est une référence constante dans ce débat passionné et passionnel. Trois personnalités politiques emblématiques du camp favorable au Brexit ont cherché chacun à sa manière à capter au moins symboliquement son héritage. Dans une biographie où pointe la tentation de se décrire soi-même en décrivant le grand homme, Boris Johnson note que Churchill était un « excentrique », trait qui ferait partie selon lui du « caractère national anglais »40. Cette observation est significative de ce temps de Brexit où l’histoire semble parfois se réduire à la nostalgie complaisante et à la promotion de « caractères nationaux ». De son côté, Nigel Farage, ancien leader de UKIP se fait une gloire d’avoir réussi à convaincre Donald Trump de remettre à l’honneur le buste de Churchill dans le bureau ovale de la Maison Blanche41, tandis que Michael Gove, autre chef de file des Brexiters, insiste pour que l’école lui fasse une place plus grande dans son enseignement. Des films toujours plus nombreux lui sont consacrés qui mettent en avant la dimension héroïque du personnage et contribuent à la nostalgie de la grandeur des années 1940. Avec des visées opposées, deux nouveaux ouvrages sur Churchill viennent d’ailleurs de paraître, par le journaliste conservateur Andrew Roberts et par l’historien David Cannadine42.

En réalité, les idées de Churchill sont sans doute plus complexes et plus évolutives que ce que prétendent ceux qui l’invoquent à l’appui de leurs propres positions politiques. Le grand homme ne s’intègre pas si facilement dans les récits des Brexiters ou des Remainers. Sa position à l’égard de la construction européenne n’est pas exempte d’ambigüité et donne lieu à des interprétations divergentes et même contradictoires. Le récit le plus répandu sur le sujet se déroule comme suit. Malgré sa défaite électorale en 1945, Churchill était respecté partout en Europe ; aussi, son appel à la réconciliation entre la France et l’Allemagne et son souhait de voir se créer une « famille européenne » touchèrent les vainqueurs comme les vaincus de deux guerres mondiales et inspirèrent un mouvement européen menant à la création du marché commun puis à l’Union européenne. Les Remainers ont porté l’accent, en ce sens, sur un discours prononcé à Zurich en 1946, dans lequel Churchill appelait de ses vœux la création « d’une forme d’États-Unis d’Europe »43. Ils semblaient alors considérer Churchill comme leur argument ultime : si l’icône de la Seconde Guerre mondiale était aussi un des pères de l’Europe, qui oserait s’élever contre son héritage ? Toutefois, tandis que Churchill poussait à la création d’un partenariat franco-allemand pour mener cette nouvelle Europe, il déclarait que le Royaume-Uni et le Commonwealth, aux côtés des États-Unis et de l’Union Soviétique, devaient être des « amis et des sponsors » de ce projet44: il n’évoqua pas l’idée d’en être membre, ce que ne manquèrent pas de rappeler, à juste titre, les Brexiters. « Nous sommes avec l’Europe, mais ne lui appartenons pas » écrivait Churchill dès 1930, « nous sommes liés mais pas inclus »45.

En somme, le message n’était pas assez simple. Comment aller à rebours de l’image populaire du Bulldog et proposer une vision plus complexe d’un homme prêt à faire des concessions sur la souveraineté britannique dans l’intérêt d’une paix future ? Qui plus est, la campagne de Churchill en faveur de l’Europe se déroula tandis qu’il était dans l’opposition, durant les années 1945-1951, période moins connue du public. Le Churchill que retient la mémoire populaire est celui des années 1930, de l’été 1940 et des années de guerre46. 

C’est bien ce dernier que David Cameron tenta passionnément de mobiliser lorsqu’il expliqua le 19 juin 2016 :

Quand je suis assis à mon bureau, je me trouve à quelques mètres à peine de la salle du Cabinet dans laquelle Winston Churchill décida en mai [1940] de se battre contre Hitler – la meilleure et la plus importante des décisions peut-être jamais prises par quelqu’un dans notre pays. (…) Il ne voulait pas être seul. Il voulait se battre aux côtés des Français, des Polonais, et des autres, mais il n’abandonna pas. Il n’abandonna pas l’Europe, il n’abandonna pas la démocratie européenne, il n’abandonna pas la liberté européenne.

Aujourd’hui, nous voulons nous battre pour toutes ces choses. On ne peut pas gagner si on n’est pas dans la salle du Cabinet.47

Quand on examine attentivement les positions de Churchill sur l’Europe, il n’est pas évident de savoir dans lequel de ces récits elles s’intègrent le mieux. « Churchill est surnommé le père de l’Europe, et il a dit beaucoup de choses pour mériter ce surnom », écrivait le journaliste politique britannique Hugo Young dans son ouvrage important sur la Grande-Bretagne et l’Europe. « Mais il est également le père des malentendus au sujet de la position de la Grande-Bretagne dans l’Europe », continuait-il : « Il encouragea l’Europe à se méprendre sur la Grande-Bretagne et la Grande-Bretagne à se méprendre sur elle-même »48.

Série de timbres éditée à l'occasion du centenaire de la naissance de Winston Churchill (1974)

Série de timbres éditée à l'occasion du centenaire de la naissance de Winston Churchill (1974).

Il faut tout de même noter que Klos a découvert un témoignage important qui détruit les arguments des Brexiters comme Boris Johnson qui assurent que Churchill ne voulut jamais rien d’autre pour la Grande-Bretagne que le statut d’observateur d’une Europe intégrée. Il s’agit des écrits d’un diplomate suisse qui demanda à Churchill juste avant son discours de Zurich si le Royaume-Uni serait lui aussi membre des États-Unis d’Europe qu’il proposait. Churchill répondit alors qu’il préférait ne pas insister sur ce point, afin de laisser aux autres le soin d’inviter la Grande-Bretagne à les rejoindre : « Il ne faut pas donner l’impression que nous voulons contrôler l’Europe, bien qu’il soit évident que l’Angleterre seule est aujourd’hui capable de la diriger convenablement ». Il ajouta que l’Angleterre ne pourrait guère en faire partie en même temps que la Russie : « Ou on invitera peut-être cette dernière, qui refusera, et alors l’Angleterre pourra entrer »49

Nous n’avons pas trace d’autres conversations qui viendraient à l’appui de ces propos. La vision dynamique de l’unité européenne de Churchill et du rôle que le Royaume-Uni y serait amené à jouer était particulièrement ambigüe. En 1949, le député conservateur Robert Boothby voyagea avec Churchill d’Italie à Strasbourg, pour assister à la session fondatrice de l’assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Entre Bâle et Strasbourg, Boothby lui demanda le vrai sens de l’expression « une forme d’États Unis d’Europe ». Churchill « refusa de répondre. Il se contenta de dire d’une manière sibylline: « Nous ne sommes pas en train de fabriquer une machine, nous faisons pousser une plante vivante »50. L’ambigüité de Churchill était bien sûr de nature politique – alors dans l’opposition, il ne souhaitait pas être associé à des projets précis ou des formules qui pourraient l’exposer à la critique. Sa santé était fragile et il était aussi probablement moins apte à saisir la complexité des situations. Il pourrait même être perçu comme un des premiers soutiens de ce qu’il est désormais convenu d’appeler en Grande-Bretagne cakeism, néologisme formé à partir de l’expression « to have our cake and eat it », utilisée par Boris Johnson et reprise par de très nombreux Brexiters pour signifier le fait d’avoir le beurre et l’argent du beurre. En effet, que Churchill pense que la Grande-Bretagne et son Empire pourraient avoir une relation spéciale avec l’Europe et une position clé dans la construction européenne, sans jamais réellement expliquer comment cela pourrait se faire, pourrait être perçu comme une forme de cakeism avant l’heure.

L’argument le plus convaincant selon lequel Churchill ferait partie des pères de l’Europe se fonde sur le rôle qu’il a joué au sein du Conseil de l’Europe et de la Convention Européenne des droits de l’homme, organismes certes distincts de l’Union européenne. L’ouvrage de Marco Duranti intitulé The Conservative Human Rights Revolution montre combien la campagne de Churchill était surtout à usage interne et visait à la conquête du pouvoir politique dans son propre pays51. C’était un « vieil homme pressé » qui par une l’initiative politique sur le continent cherchait à compenser son isolement dans son propre pays. La Convention Européenne des droits de l’homme pouvait elle-même être perçue comme un mécanisme pour empêcher les gouvernements socialistes de mener des politiques de nationalisation et d’intervention de l’état que les conservateurs qualifiaient de tyranniques – on pense bien sûr au célèbre discours électoral de Churchill à la radio en 1945 dans lequel il déclara qu’un gouvernement travailliste aurait besoin « d’une forme de Gestapo » pour gouverner52.

Churchill pensait que l’Europe devait avoir « une monnaie unique », et que « les timbres-poste, les passeports, les réunions sociales européennes à buts culturels, fraternels ou philanthropiques » suivraient naturellement. Il n’y avait donc rien d’évident à ce qu’il devienne une icône pro-Brexit, comme l’UKIP le voudrait. Toutes les idées qu’il défendait étaient liées pour lui à ce qu’il appelait « la civilisation occidentale » c’est-à-dire, selon ses termes, à « la civilisation chrétienne ». Churchill à sa manière a été un grand européen mais l’utiliser en 2017 dans le débat sur le Brexit n’a pas grand sens53.

Le nom de Churchill reste pour toujours associé à l’été 1940. Et ce moment tout à fait exceptionnel, il est vrai, semble servir de toile de fond permanente au débat sur le Brexit vu du côté des Brexiters, comme si la Grande-Bretagne était à nouveau seule entre un continent hostile et une Amérique lointaine, ne pouvant compter que sur ses propres forces et celles du Commonwealth (principalement l’Australie et la Nouvelle Zélande). Il faudrait dépouiller de manière systématique la presse, notamment les tabloïdes favorables au Brexit, et mesurer la fréquence de la référence à l’été 1940 dans les articles et éditoriaux sur le sujet. Sous-jacente à cette référence, il y a l’idée plus ou moins clairement exprimée que le continent conserve une dette à l’égard de la Grande-Bretagne et qu’il fait preuve d’ingratitude en ne lui reconnaissant pas la place particulière qui lui revient en raison de son histoire.

À l’opposé de juin 1940, il y a le printemps 1956 et l’humiliation que représente l’échec de l’expédition de Suez, pour beaucoup la plus grande humiliation qu’a connue la Grande-Bretagne au XXe siècle. Dans la même presse, on trouve l’idée qu’un échec du Brexit serait une humiliation comparable. À cet égard il serait sans doute intéressant d’étudier la place respective que tient Suez dans la mémoire collective française et dans la mémoire collective britannique.

Je mets la dernière main à cet article à Birmingham, où se réunit le congrès du Parti conservateur. Je viens d’écouter le ministre des Affaires Étrangères, Jeremy Hunt, pourtant réputé plus modéré et moins fantasque que son prédécesseur, Boris Johnson, comparer l’Union européenne à l’Union soviétique et le ministre en charge des Affaires européennes, Dominic Raab, en appeler à l’esprit de Dunkerque dans l’hypothèse où les Européens voudraient punir la Grande-Bretagne. La violence et les oppositions au sein du Parti conservateur britannique sont à l’image des divisions qui déchirent en profondeur le pays et l’histoire n’est convoquée que pour attiser davantage encore l’esprit va-t-en-guerre de certains. De part et d’autre de la Manche, il s’agit de sortir des stéréotypes et d’un récit national paralysant, et de méditer les paroles de Sir Henry Tizard, chercheur en aéronautique, conseiller scientifique au ministère de la Défense britannique de 1948 à 1952, qui expliquait en 1949 : « Nous ne sommes pas une grande puissance et ne le serons jamais plus. Nous sommes une grande nation mais si nous continuons à nous comporter comme une grande puissance nous ne serons bientôt plus une grande nation non plus »54.

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1

« Brexiteers » est un néologisme modelé sur « Musketeers », les mousquetaires, pour marquer le panache et l’esprit d’aventure. Le terme « Leavers » est évidemment moins enthousiasmant.

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2

« Remoaners » est un néologisme à partir des verbes to remain (rester) et to moan (se plaindre).

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3

Stefan Collini, Absent Minds. Intellectuals in Britain, Oxford University Press, 2006.

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4

David Abulafia, « Britain : apart from or a part of Europe ? The “Historians for Britain” campaign believes that Britain’s unique history sets it apart from the rest of Europe », History Today, 11 mai 2015. Les Historians for Britain s’étaient fait connaître en 2013 par une lettre envoyée à The Times.

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5

Cette expression est un jeu de mots sur l’expression « Fog in Channel, Continent cut off », qu’on peut traduire par « brouillard sur la Manche, continent coupé ». Cette célèbre expression apocryphe (qui aurait soi-disant fait la une d’un journal et qui aurait souvent été employée dans les années 1930) est une illustration humoristique de l’anglocentrisme.

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7

Neil Gregor, « Historians, Britain and Europe », Huffpost, 14 mai 2015, mis à jour le 13 mai 2016.

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9

« The British political temper has been milder than that in larger European countries ».

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10

Alison Light, Forever England. Femininity, Literature and Conservatism between the Wars, Londres, Routledge, 1991, p. 211.

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11

Alison Light, Forever England. Femininity, Literature and Conservatism between the Wars, Londres, Routledge, 1991, p. 211 ;

Jon Lawrence, « Forging a Peacable Kingdom: War, Violence, and Fear of Brutalization In Post-First World War Britain », The Journal of Modern History, vol. 75, n° 3, 2003, p. 588.

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12

Peter Mandler, The English National Character. The History and Idea from Edmund Burke to Tony Blair, Yale University Press, 2006, p. 151.

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15

Robert Tombs est un historien de Cambridge, spécialiste de l’histoire de France. Il a beaucoup écrit, notamment sur la Commune de Paris. Son livre The English and Their History (Londres, Allen Lane, 2014) est une exception.

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16

L’ouvrage d’Alison Light, Common People. An English Family History Without Roots (Londres, Fig Tree, 2014), par exemple, montre les mouvements et identités multiples d’une famille anglaise.

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17

Henrietta Elizabeth Marshall, Our Island Story, Edinburgh, T.C. & E.C. Jack, 1905. Voir l’article de Gideon Rachman, « Rival historians trade blows over Brexit », Financial Times, 13 mai 2016.

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18

Renaud Morieux, The Channel. England. France and the Construction of a Maritime Border in the 18th Century, Cambridge University Press, 2016.

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22

John Keiger, « France and Brexit : Lessons from History », The Spectator, 18 janvier 2018.

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25

Robert Peston, « Lending the UK a magnificent depiction of the last time this country was invaded and subjugated is a wonderful Gallic joke by @EmmanuelMacron », tweet du 17 janvier 2018.

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28

W. C. Sellar, R. J. Yeatman, 1066 and All That. A Memorable History of England, comprising all the parts you can remember, including 103 Good Things, 5 Bad Kings and 2 Genuine Dates, Methuen & Co. Ltd., 1930.

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29

W. C. Sellar, R. J. Yeatman, 1066 and All That. A Memorable History of England, comprising all the parts you can remember, including 103 Good Things, 5 Bad Kings and 2 Genuine Dates, Methuen & Co. Ltd., 1930, chap. 35.

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34

Lord Thomas Babington Macaulay, The History of England from the Accession of James the Second, 1848 (5 tomes).

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35

Augustin Thierry, Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, de ses causes et de ses suites jusqu'à nos jours, Paris, Firmin-Didot, 1825 (3 tomes).

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36

L’immense succès des romans de Hilary Mantel, leur adaptation récente au théâtre et à l’écran, après la réussite de la série The Tudors et des très nombreux films sur Elizabeth I, sont autant de signes de l’appétit du public pour ce passé. La dynastie des Tudors est perçue comme le berceau de l’Angleterre moderne et de son identité nationale, notamment grâce à la création d’une église nationale, l’Eglise anglicane, rendue possible par le concept de « souveraineté » du royaume.

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37

Ariane Mak, En grève et en guerre. Les mineurs britanniques au prisme des enquêtes du Mass Observation (1939-1945), thèse soutenue à l’EHESS le 25 septembre 2018.

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38

Laura Lee Downs, « Au Revoir les Enfants: Wartime Evacuation and the Politics of Childhood in France and Britain, 1939-45 », History Workshop Journal, vol. 82 (1), 2016, p. 121-150.

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39

James Hinton, Women, Social Leadership, and the Second World War. Continuities of Class, Oxford, Oxford University Press, 2002.

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40

Boris Johnson, The Churchill Factor. How One Man Made History, Londres, Hodder, 2015.

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41

La sculpture de Jacob Epstein avait été offerte à G. W. Bush par Tony Blair. Barack Obama l’avait remplacée par une sculpture de Martin Luther King en 2009. C’est Nigel Farage, ancien leader de UKIP, qui a convaincu Donald Trump de remettre la statue de Churchill dans le Bureau Ovale, dès son arrivée à la Maison Blanche. David Millward, Daily Telegraph, 21 janvier 2017.

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42

Andrew Roberts, Churchill. Walking With Destiny, Londres, Allen Lane, 2018 ; David Cannadine, Churchill. The Statesman as Artist, Londres, Bloomsbury Continuum, 2018.

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43

Winston Churchill, Discours à Zurich, 19 septembre 1946, in Robert Rhodes James (ed.), Winston S. Churchill, His Complete Speeches, 1897-1963, 8 vol., New York, Chelsea House Publishers, 1974.

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44

Winston Churchill, Discours à Zurich, 19 septembre 1946, in Robert Rhodes James (ed.), Winston S. Churchill, His Complete Speeches, 1897-1963, 8 vol., New York, Chelsea House Publishers, 1974.

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45

Winston Churchill, « The United States of Europe », Saturday Evening Post, 15 février 1930.

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46

Richard Toye, Winston Churchill : Politics, Strategy and Statecraft, Londres, Bloomsbury, 2017.

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47

Kevin Schofield et Sebastian Whale, « David Cameron invokes memory of Winston Churchill in passionate pro-EU plea », Politics Home, 19 juin 2016.

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48

Hugo Young, This Blessed Plot: Britain and Europe from Churchill to Blair. Overlook Press. 1998, p. 6.

Voir également Richard Toye, The Roar of the Lion : The Untold Story of Churchill’s World War II Speeches, Oxford, Oxford University Press, 2013.

Ces paragraphes sont largement inspirés d’une conférence donnée par Richard Toye à l’Institut français de Londres sur « Winston Churchill, France and Europe », le 18 avril 2018.

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50

Hansard, HC Deb, 26 juin 1950, col. 1941 ; Hansard, HC Deb, 27 juin 1950, cols. 2157, 2159. Robert Boothby, Boothby. Recollections of a Rebel, Londres, Hutchinson, 1978, p. 217. Cité par Richard Toye lors de sa conférence à l’Institut français de Londres sur « Winston Churchill, France and Europe », le 18 avril 2018.

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51

Marco Duranti, The Conservative Human Rights Revolution. European Identity. Transnational Politics, and the Origins of the European Convention, New York, Oxford University Press, 2017.

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52

Winston Churchill, Discours radiophonique, 4 juin 1945, in Robert Rhodes James, ed., Winston S. Churchill, His Complete Speeches, 1897-1963, 8 vol., New York, Chelsea House Publishers, 1974. Voir Richard Toye, « Winston Churchill’s ‘Crazy Broadcast’: Party, Nation, and the 1945 Gestapo Speech », Journal of British Studies, Vol. 49, No. 3, juillet 2010, p. 655-680.

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53

Richard Toye, Winston Churchill : Politics, Strategy and Statecraft, Londres, Bloomsbury, 2017.

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54

Sir Henry Tizard, « Report », 1949, cité dans : Peter Hennessy, Never Again. Britain, 1945-1951, Londres, Jonathan Cape, 1992, p. 431.