Souvent, nous tendons à penser l’agriculture comme une activité spécialisée et finalisée qui permet d’assurer une production, et de rémunérer une productrice, un producteur : il faut aller d’un point A à un point B. Rien de plus naturel, ensuite, que de vouloir adapter les moyens aux fins : traduite comme un défi, l’agriculture demande des solutions.
En général, tout ce qui est susceptible de contrarier le déroulement de ce schéma moyens-fins est ensuite et spontanément conçu comme un problème à régler1, par les pouvoirs publics mais aussi parfois par les techniciens et les scientifiques du domaine. Les incertitudes climatiques ou le comportement agronomique erratique de certains végétaux et/ou animaux ne sont alors plus que des entraves, « des verrous à lever » pour maintenir la production.
Des enquêtes que nous menons dans le cadre d’un projet de recherches sur les mouvements vitivinicoles émergeants, et les réponses qui sont apportées localement au changement climatique2, montrent un rapport très différent, parfois même accueillant, avec l’incertitude. Ce rapport, qui est aussi moins finaliste, trace plus largement les contours d’une autre façon d’envisager l’agriculture, et d’une autre épistémologie. Nous voudrions le présenter ici, avant d’évoquer quelques-unes des pistes qu’il ouvre pour penser les alimentations du futur.
Paysage viticole d’agulles et de murettes sur les hauteurs de la commune de Banyuls-sur-Mer, avec vue sur le massif des Albères.
Des racines historiques de l’agriculture spécialisée et finalisée
L’idée que l’agriculture et donc l’humanité ne devraient pas dépendre des aléas climatiques, de l’imprédictibilité des plantes ou des animaux n’est certainement pas nouvelle. Tous les peuples de l’histoire ont probablement souhaité parfois la fin d’une sécheresse, le retour du gibier ou un meilleur séchage des céréales. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont tous aspiré à élever ce confort en règle. Bien sûr, dépendre de l’arrivée des pluies et/ou du printemps pour survivre induit des risques. Mais les risques sont à l’appréciation des personnes qui les prennent, et du contexte où elles le font. Aujourd’hui encore, nous observons qu’ils sont parfois non seulement tolérés mais aussi très consciemment choisis3.
Si la volonté d’autonomie n’est donc pas spécifique à un type de société, sa généralisation et sa systématisation le sont. Elles forment une tendance très caractéristique des sociétés modernes et de leur modèle agricole. C’est peut-être même en ce domaine que leur fantasme émancipateur a trouvé l’une de ses expressions les plus affirmées, parce que c’est là que la dépendance des humains à leurs environnements se dit avec le plus de force et d’évidence : il faut manger pour vivre. Les grandes agricultures actuelles se sont explicitement construites contre cette exigence, en adoptant le registre du défi : enfin, l’humanité serait soulagée du poids de la nécessité, dispensée d’avoir à faire avec l’astreinte des corps ou du climat, les incertitudes agronomiques et les variations saisonnières.
« Nourrir le monde » : c’est l’expression qui consacre désormais cette aspiration, dans les débats publics et même parfois dans les milieux académiques. Elle renforce encore un peu plus l’aura de normalité qui accompagne le modèle agricole dominant. Qui assumerait, en effet, qu’il ne faut pas nourrir le monde ? En jouant sur un réflexe moral, l’injonction à nourrir le monde naturalise un horizon universel qui n’a pour le moins rien d’évident. Elle exclut au passage toutes celles et ceux qui ne se seraient pas donnés « le monde » pour objectif, et transforme leur modestie en inconséquence : si vous n’êtes pas à la hauteur, passez votre chemin. On ne s’étonnera pas par conséquent que cette formule ait régulièrement servi les discours des industriels de l’agro-alimentaire, qui trouvaient en elle une bonne façon de fonder leurs pratiques : la légitimité des fins justifie les moyens. Elle exige que l’on prenne des mesures à la hauteur de l’urgence.
« Nourrir le monde » est peut-être une aspiration morale audible. Mais cette aspiration dessine un horizon abstrait dont il faudrait être naïf ou cynique pour penser qu’il est atteignable. Elle écrase les perspectives et elle inhibe les volontés modestes, comme si nourrir convenablement les gens ici et maintenant n’était pas déjà suffisamment compliqué. En réaction, il nous semble plus que jamais nécessaire de réinvestir la trame empirique du monde, là où s’expriment des objectifs plus concrets.
Nous le ferons ici à travers l’exemple du vin, qui n’est pas nécessaire à la perpétuation de la vie biologique sur terre4, mais qui a été pris lui aussi dans l’élan d’émancipation moderne. Pour la plupart, les vignerons les vigneronnes que nous avons rencontrés n’envisagent pas le risque, l’incertitude et/ou la dépendance comme des problèmes à régler. Plutôt comme des données de l’expérience avec lesquelles il faut composer voire, dans certains cas et à certaines conditions, comme des opportunités qui donnent sens à leur activité.
Vignoble sur les pentes de Banyuls-sur-mer. On peut voir, là encore, le système d’évacuation d’eau constitué d’agulles, peus de gall (réseau de rigoles) et feixes (murettes en pierre structurant la pente).
Dépendance, intégration et spiritualité conditionnelle
Contrairement à ce que ses défenseurs aiment à laisser entendre, l’agriculture moderne ne se contente pas de répondre tout naturellement à des contraintes pratico-techniques qui seraient toujours apparues comme telles à tous les humains. La vitiviniculture française contemporaine doit par exemple beaucoup à une bourgeoisie postrévolutionnaire en mal de légitimité, qui avait les moyens et des raisons de promouvoir sa rationalisation5. Elle a aussi été amplement soutenue par un État centralisateur qui avait tout intérêt à sa normalisation et à son contrôle ; et qui l’a souvent promue au détriment de pratiques et de cultures vernaculaires dont certaines s’accommodaient pourtant bien des « contraintes environnementales6 ».
Du reste, la dépendance aux pluies et/ou à la saisonnalité a longtemps constitué l’ordinaire de la plupart des sociétés, qui n’attendaient certainement pas toutes d’en être délivrées. Le cycle des saisons n’est pas seulement contraignant. Il offre des opportunités, comme par exemple celle de partager socialement l’inquiétude et l’attente, la satisfaction et la joie. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la plupart des humains ont ainsi vécu en espérant et en célébrant collectivement les moissons, le gibier ou les vendanges. Leur dépendance nourrissait le lien social. Elle le rendait plus nécessaire et à certains égards, probablement plus désirable.
En même temps, et c’est fondamental, elle les obligeait à se penser et à se situer dans une écologie plus large et plus épaisse que celle de l’entre-soi humain, à savoir détecter les signes annonciateurs du gel ou du printemps, les indices du passage d’un animal ou de la maturité d’un fruit. Ainsi, forcés d’être plus attentifs à leur environnement, ils en avaient nécessairement une meilleure conscience, comme ils devaient avoir une intuition plus concrète de leur intégration à un ensemble, de leur situation cosmologique.
Nous retrouvons très souvent cette conscience dans nos enquêtes. Dans le témoignage qui suit, elle est exprimée par Julie, vigneronne dans le Roussillon, qui évoque ici le calendrier contraignant de la biodynamie (lié notamment aux cycles de la Lune) :
« La biodynamie elle a une portée un peu plus, je trouve, un peu plus spirituelle par rapport au vivant. Et moi, c’est ça qui me parle. C’est à dire, c’est de considérer que la vigne c’est pas juste, ben voilà : un grenache noir planté dans du schiste dans le Roussillon, mais c’est une vigne qui est aussi en lien avec, elle est plantée sur la planète Terre et elle est soumise, comme nous tous, à des influences qui sont beaucoup plus grandes, et c’est de faire parler ces influences-là dans le vin. »
Ce témoignage ébauche les contours d’un mode d’intégration complexe, équivoque, où ni « la soumission » ni « les influences beaucoup plus grandes » ne sont jamais réduites à des problèmes qu’il faudrait par définition régler. Ce n’est donc pas que la dépendance ne pose plus problème ; elle continue certainement de le faire à l’occasion. Mais elle n’est plus réduite à cela : désormais il convient de l’accueillir avec cette ambiguïté et de la valoriser en l’accompagnant jusque dans le vin lui-même (où elle est censée « parler »).
C’est d’ailleurs à cette condition que Julie associe l’émergence de la « spiritualité ». Et le sentiment qu’elle décrit est par conséquent beaucoup plus proche de la « sagesse » telle qu’elle était définie par Gregory Bateson7, que de la croyance à laquelle on l’assimile encore trop souvent. Ici, la spiritualité présuppose une conscience phénoménologique, incarnée dans « l’être systémique » au sein duquel l’action se déploie. C’est une disposition conditionnelle, qui dépend fondamentalement de l’expérience.
Contrairement à Julie et à nos ancêtres, nous avons été rendus plutôt indifférents8 à la succession des saisons9, et aux rythmes de l’environnement ; autrement dit dispensés d’avoir à faire l’expérience des saisons et de la dépendance comme principes structurants. Chacun sait par exemple que l’hiver ne permet pas aux tomates de pousser. Pourtant nous avons des tomates en hiver. Nous pouvons donc nous faire une représentation de l’hiver, mais aussi longtemps que nous lui interdisons de produire des effets sur les tomates et, partant, des différences sur nos vies, nous n’avons plus besoin d’attendre les tomates, ni de les fêter, ni de mieux les connaître : nous pouvons les apprécier, mais nous n’avons plus aucune raison de dépendre d’elles10.
Vivre avec l’incertitude
L’idée d’appartenance à un cosmos élargi est très répandue chez les vigneronnes et les vignerons avec lesquels nous travaillons. Les quelques éléments apportés plus haut justifient que nous ne voulions pas l’interpréter dans le cadre abstrait de l’ontologie, comme c’est souvent le cas, alors que tout pousse à l’ancrer dans le champ de la phénoménologie. Jamais il ne s’agit en effet de « prêter » ou « d’imputer » des forces à l’environnement. Il est plutôt question de lui reconnaître un pouvoir structurant autonome. C’est la capacité des vignerons à accueillir les manifestations de ce pouvoir qui est à chaque fois engagée, de même que l’habileté avec laquelle ils épousent le mouvement. On ne s’étonnera pas par conséquent que cette conscience semble finalement s’exacerber avec le changement climatique, alors que les phénomènes « saisonniers » deviennent moins prévisibles et plus saillants.
On pourrait s’attendre par contre à ce que cette conscience s’accompagne d’une forme d’usure et de découragement face à des aléas toujours plus nombreux et plus difficiles à prévoir. C’est le cas parfois. Mais l’incertitude a paradoxalement aussi un effet inverse : elle renforce souvent la conviction « qu’il faut faire avec ». Ainsi par exemple la pluviométrie, qui est dramatiquement basse dans les régions où nous travaillons. Alors que l’arrosage ponctuel des vignes y est aujourd’hui de plus en plus souvent promu par les pouvoirs publics, il fait l’objet d’une résistance obstinée parmi les vigneron·ne·s, au point que certain·es préfèrent sacrifier une part de leur production plutôt que de l’envisager comme une solution crédible. « C’est une question de logique », nous dit Pierre, installé à Vacqueyras : « Je veux peut-être bien arroser si mes vignes meurent. Mais en même temps, il ne pleut plus, et c’est pas parti pour s’améliorer. […]. C’est quand même con d’arroser alors qu’il n’y a plus d’eau. »
Vignes sur schistes à Banyuls-sur-Mer à l’automne 2023, après un an et demi de sécheresse.
Julie abonde dans le même sens, tout en évoquant certaines modalités de son adaptation au problème :
« Donc, si on continue à faire de la monoculture, bon, ce qui est encore notre cas, pour combien de temps je sais pas, mais bah [ce qu’il faut] c’est diversifier les secteurs et ça, je pense honnêtement, c’est une stratégie qui paye. Qui demande plus d’énergie, c’est plus compliqué parce que voilà, on doit faire plus de trajets. […] Mais ça paye […]. Donc ça c’est une des stratégies d’adaptation. Bon, il faut aussi commencer à se dire que tout est plus incertain maintenant. Donc alors nous, on a toujours géré en bon père de famille. […]. On n’a jamais pris, distribué de résultats, on a toujours tout laissé dans le domaine pour justement, ben, être prêts s’il y avait voilà une récolte à zéro, deux récoltes à zéro. Et je pense que, en fait, on va, on va revenir à finalement à la façon dont géraient les anciens. Ben peut-être parfois, voilà ici, très souvent […], ils n’achetaient du matériel que quand ils avaient l’argent. Ils n’avaient jamais d’emprunt. »
Où l’on voit donc comment certain·es s’adaptent à la sécheresse et à l’incertitude plutôt que de penser leur activité contre elles. En ce sens, la stratégie de diversification des cultures est particulièrement intéressante, car elle se développe partout où nous travaillons : comme dans le cas de Julie, il s’agit parfois de multiplier les sols et les cépages, d’autres fois de favoriser la polyculture ou même la poly-activité. En multipliant les liens de dépendance au lieu de les réduire, cette diversification soutient une meilleure intégration de la vitiviniculture à son environnement. Dans le même temps elle amortit les risques qui pèsent sur les récoltes. Elle contribue autrement dit à dégager l’activité de l’impératif de production, à casser son organisation en moyens/fins. On voit ainsi réapparaître certains traits caractéristiques des agriculture prémodernes « non-rationalisées », qui étaient elles aussi organisées autour d’unités diversifiées et peu spécialisées, par commodité probablement, mais certainement pas toujours par dépit.
La diversification permet de repousser le moment où l’incertitude prendra vraiment la forme d’une contrainte, et où il conviendra de la traiter comme un problème. C’est pourquoi il faut interpréter l’attitude de Julie comme une résistance épistémique plutôt que comme une résignation ; une façon de défendre et de définir ce qui compte, en termes agricoles mais aussi affectifs et existentiels. Nous insisterons sur ce dernier point pour finir, car c’est un ressort essentiel à la compréhension des vitivinicultures émergentes auxquelles nous nous intéressons. Si faire avec le climat, composer avec les éléments, dépendre du caractère des vignes est parfois pesant, cela stimule aussi l’imagination. Aussi longtemps que l’inquiétude peut être contenue dans les limites du supportable, elle suscite l’inventivité : elle oblige les vigneron·ne·s à être plus attentif·ve·s, plus sensibles, à mieux connaître leur environnement. Elle les pousse de cette façon à être acteur·trice·s, et elle leur permet d’être chercheur·es. Comme pour la spiritualité, la relation qui est ainsi définie est complexe et ambiguë, difficile à saisir pour qui a été habitué à ordonner l’agriculture en problèmes et en solutions, en objectifs et en moyens. La contrainte s’y noue intimement avec l’opportunité, la difficulté avec le plaisir, à chaque fois au cas par cas.
Dépendre des choses, des perspectives à explorer
Nous ne voudrions pas donner l’impression de promouvoir ici l’incertitude en agriculture, ni de minimiser la réalité et les conséquences du changement climatique. En revanche il nous paraît important de rappeler que ces problèmes se posent avec d’autant plus de force qu’ils se confrontent à un modèle agricole qui s’est justement pensé et organisé contre eux, et avec lequel ils sont donc dans une forme d’incompatibilité fondamentale. Les vigneron·ne·s avec lesquels nous travaillons n’ont pas exactement ce souci-là. Ils et elles ne sont pas dans une logique d’émancipation, ils et elles ne cherchent pas à se débarrasser de l’incertitude mais au contraire à vivre avec elle. Si le changement climatique est un problème pour eux et elles, c’est donc parce qu’il exacerbe des dispositions avec lesquelles ils et elles ont cependant appris à composer. À certains égards, et comme on l’a dit, c’est même souvent dans ce travail de composition difficile, peut-être de plus en plus difficile, qu’ils et elles trouvent et qu’ils et elles situent le sel de leur métier : son sens.
Parce qu’elle est fondée sur un principe d’émancipation, l’épistémologie moderne neutralise l’altérité du monde. Elle permet de la connaître, de la concevoir avec un degré de précision extrême. Mais elle ne sait pas l’accueillir en pratique, parce qu’elle est incapable de penser l’intégration d’un devenir commun à partir d’entités autonomes, et donc partiellement imprévisibles. C’est pourquoi elle peine aujourd’hui à répondre à la crise écologique, au moment où cette altérité est en train de réimposer, à marche forcée, le pouvoir de structuration qui lui avait été ôté.
Les vigneron·ne·s que nous avons évoqué·es mettent au contraire un point d’honneur à ce que le climat ou l’environnement puisse influer sur leurs cultures et sur leurs vins, alors même que cela devient plus compliqué. Il apparaît de surcroît qu’ils et elles sont de plus en plus nombreux et nombreuses à faire ce choix, et souvent de plus en plus radicaux et radicales, comme si leur volonté d’intégrer le monde grandissait à mesure que son altérité s’affirme. Peut-être que leurs propositions ne peuvent pas être généralisées. Mais elles pointent l’impasse épistémique à laquelle aboutit la logique moderne. Comment en effet « renouer avec le vivant » à partir d’une épistémologie du dénouement et de l’émancipation ? Comment constituer des liens entre la théorie et la pratique, la nature et la culture, en commençant toujours a priori par les séparer ?
Les vigneron·ne·s évoqué·es ici ont choisi et/ou accepté de dépendre de leur environnement, et c’est ce qui les lie à lui. Cette dépendance est beaucoup plus large et plus profonde que la reconnaissance utilitariste et moderne « d’un service écosystémique » : elle relève de la nécessité et de l’obligation. En ce sens elle est par définition consciente, et à ce titre elle n’entre pas non plus exactement dans le schéma de Bruno Latour11 lorsqu’il invitait les Modernes à faire le compte de leurs dépendances pour prendre conscience de leur appartenance au monde. S’il faut faire ce compte, c’est bien parce qu’il ne s’impose pas, en effet, parce qu’il est utile (selon le sociologue) mais pas nécessaire.
La dépendance que nous avons présentée relève d’abord de la nécessité : la contrainte y est toujours nouée avec l’opportunité, mais elle la précède et elle la conditionne. Les rapports compliqués et risqués qu’elle contribue ainsi à former demandent une prise en charge plus collective de l’incertitude, des institutions et des socialités dédiées ; ils invitent à regarder vers le passé et à s’en inspirer. Ainsi il nous semble que la pensée des communs a tout à gagner d’une réflexion profonde sur ces liens de dépendance comme alternative et comme moteur d’un avenir cosmopolitique mieux intégré.
Notes
1
Léo Mariani, « Pourquoi la conservation de la biodiversité ne devrait pas être un but. Note sur l’hétéronomie des possibles », Natures Sciences Sociétés, vol. 31, n° 3, 2023.
2
Ce projet au long cours a bénéficié récemment d’un mécénat d’Abeille Assurances, qui a notamment permis le déploiement d’une enquête ethnographique en Catalogne française (réalisée par Tania Roser), où la sècheresse atteint des niveaux inédits. Il se déploie également dans le département du Vaucluse (Léo Mariani). Au-delà de la viticulture, il implique un collègue et une autre étudiante du MNHN (Julien Blanc et Maëva Maillard), qui travaillent avec des maraîchers et maraîchères du Massif central.
3
Voir aussi : David Graeber et David Wengrow, Au Commencement était… Une nouvelle histoire de l’Humanité, Paris, Les liens qui libèrent, 2023 [2021].
4
Le vin n’est pas nécessaire à la vie biologique, mais d’aucuns ont soutenu qu’il est indispensable à la vie spirituelle et sociale.
5
Georges Guille-Escuret, La Souche, la cuve et la bouteille. Les rencontres de l’histoire et de la nature dans un aliment : le vin, Paris, Éditions de la MSH, 1989.
6
Léo Mariani, « Pratiquer le mouvement. Une (ré-)émergence hétéronome dans la vitiviniculture du Sud-est de la France », in Germain Meulemans et Gaëlle Ronsin (dir.), Conservations en mouvement, Grenoble, UGA Éditions (Écotopiques), à paraître.
7
Bateson entend « la sagesse » comme une prise en compte, dans un comportement, du savoir concernant la totalité de « l’être systémique » : Gregory Bateson, Vers une écologie de l’esprit 2, Paris, Éditions du Seuil, 1980 [1972].
8
On pourrait dire « indifférants », au sens où ces événements ne font plus de différences pour nous.
9
François Walter, Désir de printemps. Histoire sensible d’une saison, Paris, Payot, 2023.
10
On ne s’étonnera pas, dès lors, que « la spiritualité » semble aussi nous venir moins facilement.
11
Bruno Latour, Habiter la Terre, Paris, Les liens qui libèrent et Arte éditions, 2022.