L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février 2022 a causé d’immenses destructions de vies humaines, d’infrastructures et d’écosystèmes. Le retour de la guerre dans cette région, qui dispose d’un appareil industriel important et vieillissant hérité de la période soviétique, suscite de grandes inquiétudes. Bombardements d’usines chimiques et sidérurgiques, combats autour des installations nucléaires, destruction et contamination des écosystèmes par les armées : les dégâts environnementaux et sanitaires s’accroissent avec la poursuite des combats, et l’héritage toxique de cette violence est inquiétant pour l’après-guerre. Cet atelier propose un état des lieux des destructions en cours et de quelques risques environnementaux qui s’accumulent dans la région.
Les interrelations entre la guerre et l’environnement ont constitué l’un des sous-domaines les plus prolifiques de l’histoire environnementale au cours des deux dernières décennies. Les historiens français Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz ont même inventé un néologisme, le « thanathocène », pour caractériser le rôle prédominant joué par les guerres modernes et l’appareil militaire dans l’avènement de l’Anthropocène. Les dommages environnementaux des guerres modernes sont bien documentés depuis l’écocide de la guerre du Vietnam, mais l’actuelle agression russe en Ukraine suscite un niveau d’attention sans précédent sur les impacts environnementaux de la guerre de la part d’un large éventail d’ONG, d’activistes, de journalistes ou de chercheurs.
Coordonné par Marin Coudreau et Laurent Coumel