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Féminisme, genre et sexualités : politiques éditoriales et traductions depuis les années 1960 jusqu’à MeToo
Maîtresse de conférences

(Université de Toulouse - LERASS)

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Cet article1 propose une approche transnationale du féminisme, du genre et des sexualités2, ainsi que des politiques éditoriales, en particulier des traductions vers le français3 dans les collections spécialisées de livres. Parce qu’elles soulignent la double dimension de toute activité éditoriale, à la fois marchande et intellectuelle, les collections offrent un point d’entrée intéressant pour l’analyse du champ éditorial où des logiques économiques interagissent avec des enjeux militants, politiques, idéologiques, intellectuels ou esthétiques4. Les stratégies de maintien sur le marché ainsi que les politiques d’élargissement de l’offre ou les enjeux de visibilité poursuivis par des entreprises d’édition mettent en exergue le rôle des collections, que ce soit parce qu’elles répondent à une demande de lecture ou parce qu’elles en créent le besoin au moyen d’une offre nouvelle5. C’est une caractéristique de l’édition que de refléter les interrogations d’une société à un moment donné et d’alimenter le débat contradictoire, à plus forte raison en sciences humaines et sociales6.

À partir d’une esquisse du développement des collections qui proposent des ouvrages traduits en langue française depuis les années 1970 jusqu’au mouvement MeToo, il s’agira de sonder le processus de circulation des concepts dans le champ des biens culturels en observant notamment l’approche des femmes, du féminisme, du genre et des sexualités telles qu’elle est proposée dans les titres des collections et les discours éditoriaux de ce champ éditorial spécialisé qui, rappelons-le, est composé de structures privées et commerciales mais aussi d’une édition publique. Au sein de ce corpus délimité, l’observation des langues sources interroge la faible diversité des langues traduites et la place de l’anglais, reflet de sa prépondérance générale parmi les ouvrages traduits en français7. On peut rapporter le constat formulé pour la circulation des sciences humaines et sociales8 au cas des Women Studies et des Gender Studies anglo-saxonnes caractérisés par de nombreux décalages9. Il s’agira néanmoins d’interroger la diversité de l’offre et les mutations du champ éditorial sous l’effet des mouvements sociaux.

Traduction, équilibre économique et circulation des idées

L’approche transnationale par l’observation des traductions10 se fonde ici sur l’hypothèse d’une transposition éditoriale – ou des effets éditoriaux – que produit un mouvement internationalisé. Le féminisme se caractérise, depuis la première vague de mobilisation féministe11 et encore dans les années de deuxième vague, par un certain nombre de combats menés simultanément dans plusieurs régions du monde12. Nous pouvons citer à titre d’exemple les questions de sexualités, celles du racisme avec le Black Feminism, les luttes pour l’avortement et contre les violences et les mutilations sexuelles. La création de maisons d’édition spécialisées dans plusieurs pays différents a pu favoriser la circulation internationale des textes et notamment leur traduction. Au titre des facteurs favorables, il est à mentionner que les catalogues éditoriaux de langue française ont accueilli, dans les décennies 1980 et 1990, les productions émanant de l’institutionnalisation des savoirs féministes avec le développement des études féministes et des Gender Studies, par ailleurs inscrites dans les débats relatifs à la conduite de l’égalité institutionnelle. De même, le champ éditorial a encore réfracté, depuis la moitié des années 1990, la mobilisation transnationale du féminisme de troisième vague où les débats se sont situés à l’échelle de la critique de la globalisation. Ces débats ont inscrit les questions lesbiennes, gay, bi et trans et queer (LGBTQ) dans la défense de la libre d’orientation sexuelle, contre les stigmatisations, et se sont emparés des points de vue postcoloniaux, de l’intersectionnalité mais aussi de la question religieuse pour interroger le racisme y compris à l’intérieur du champ féministe. C’est encore en tant que mouvement militant que le féminisme se prête particulièrement à l’élargissement de son espace de diffusion et à la circulation transnationale des idées, au moyen de la traduction par exemple.

Enfin, davantage qu’un moyen d’échange, on pourrait supposer que les traductions contribuent, au moyen de la circulation des concepts, à la structuration même d’un espace transnational lié à l’universalité des problématiques soulevées et auquel participent, sur un tout autre plan, des instances supranationales comme l’ONU ou l’UNESCO. D’une part, en effet, l’existence d’une commission dédiée à l’égalité et à la contribution des femmes au développement et à la paix au sein de l’organisation des nations unies (ONU) a pu s’avérer mobilisatrice sur le plan politique et susciter une production éditoriale, en particulier autour de 1975, que l’ONU avait recommandée comme une « Année internationale de la femme », amorçant la tenue de conférences mondiales à intervalles réguliers. D’autre part, la reprise de l’Index translationum par l’UNESCO, comme un outil de coopération pour le maintien de la paix et de la sécurité dans un contexte d’échanges culturels intensifiés, s’est tout particulièrement prêté à l’analyse d’une conception partagée de la coopération intellectuelle transnationale13. C’est surtout le développement d’instances de rencontres rassemblant des organisations féministes comme les foires internationales du livre féministe tenues entre 1984 et 1994 qui ont mis en lumière l’existence d’un sous-champ transnational spécialisé, lequel a répondu à la nécessité de développer des échanges14.

Fidélisation et visibilité : la structuration de l’offre en collections

La capacité d’un mouvement social à entraîner une demande et une offre éditoriale est un argument que l’on retrouve dans les argumentaires des collections. C’est ainsi que « Libre à elles » (Seuil, 1978) justifiait son existence :

« Une collection femmes de plus ? Et maintenant ? Questions qui pourraient être interprétées comme autant de critiques… Comme si le Seuil arrivait dans un territoire surpeuplé (ce qui n’est vraiment pas le cas : sur ce point, se renseigner auprès de son libraire habituel). Il s’agit simplement d’une bataille de plus de gagnée – en son temps – dans le combat des femmes : un pas de plus vers la reconnaissance de leur spécificité, un lieu de plus, ouvert (avec les moyens de diffusion que la décision de créer une collection entraîne) à l’expression de leur manière propre de sentir, d’agir et de penser, de ce qui les rend différentes des hommes15. »

La notion de collection peut être entendue comme un dispositif éditorial particulier qui permet de valoriser une partie d’un fonds et qui contribue aux stratégies de différenciation et de singularisation de l’offre sur le marché. Le Dictionnaire encyclopédique du livre16 définit la collection comme une « série d’ouvrages de même format ou de même présentation ou destinés au même canal de vente, publiés par le même éditeur ». Il est à remarquer que les intitulés des collections, que l’on peut considérer comme la formulation synthétique d’un projet intellectuel, occupent une fonction signalétique. Ils s’adressent à un lectorat et à ses intermédiaires sur le marché des biens culturels et sont l’expression de la nécessaire différenciation de l’offre sur un marché qui se trouve, de fait, diversifié. La collection rend visible un ensemble d’ouvrages en même temps qu’elle dessine un horizon d’attentes17 permettant d’élargir le lectorat au moyen d’un arsenal discursif18. Il est en ce sens, il intéressant de s’attarder sur l’emploi et la portée des termes de « genre », « femme », « féminisme », « sexualités », dans les intitulés des collections tout en étant attentive à leur cohabitation et à leur circulation.

Si le féminisme de la première vague s’est déployé dans l’imprimé à travers la presse, les journaux spécialisés et les revues19, la deuxième vague a généré une hausse de la production répondant à une demande suffisamment importante pour structurer l’offre en collections. Tous les éditeurs ne s’inscrivent pas dans une politique de sectorisation au moyen de collections. Pour les sciences humaines et sociales (SHS) par exemple, un biais méthodologique conduit à laisser de côté les études critiques et analyses féministes qui ne sont pas identifiées si l’on s’en tient aux collections. Ici, la prépondérance de l’anglais est à souligner, et plus particulièrement celle des titres en provenance des États-Unis et d’Angleterre (voire des presses new-yorkaises et londoniennes). Cette place s’explique par l’évolution des marchés éditoriaux américain et britannique articulée aux évolutions de la gestion néo-libérale des universités et ses effets sur les presses universitaires, la principale provenance des traductions en langue française. Ce contexte peut conduire à augmenter la pratique de l’écriture directement en anglais pour atteindre une cible internationale (un phénomène renforcé par l’incitation des chercheurs à publier en anglais), tout en favorisant l’accroissement des traductions de l’anglais vers d’autres langues20. L’ensemble de l’édition semble avoir profité du contexte d’essor de l’offre en SHS, qu’il s’agisse des éditions François Maspero qui ont publié des analyses féministes, des biographies et des ouvrages en faveur de l’avortement, de Payot qui publie des traductions des textes de Phillis Chesler, de Sheila Rowbotham ou de Mary Wollstonecraft21, ou de Robert Laffont où paraît en 1972 une Histoire de la répression sexuelle22 traduite de l’allemand, et d’autres éditeurs. Mais aussi les maisons d’édition spécialisées dans le féminisme, le genre et les sexualités qui ont été laissées de côté pour cette étude qui se situe à l’échelle des collections éditoriales et qui, par conséquent, observe un panel de structures qui s’inscrivent sur ce marché sans représenter l’ensemble du sous-champ – analysé par ailleurs dans l’hypothèse de constitution d’un champ transnational de l’édition féministe23.

Un sous-champ transnational en évolution

L’observation des traductions publiées au sein des collections éditoriales aide à saisir l’évolution d’un sous-champ24 c’est-à-dire d’un espace au sein duquel s’exercent des rapports de force entre champ féministe25 et champ éditorial pour former, selon la définition du champ de Pierre Bourdieu26, un espace autonome où se jouent des luttes qui visent à légitimer des positions et à favoriser l’émergence de nouvelles positions – y compris par la circulation des idées et l’import de concepts. Par conséquent, le champ éditorial peut être représenté comme l’un des lieux où se réfracte la variété des positions et des prises de positions féministes et qui en restitue les débats. L’analyse ne peut ignorer toutefois les effets du champ économique sur le champ éditorial, tels qu’ils s’exercent notamment dans les rapports concurrentiels entre entreprises ou encore dans l’influence des conglomérats sur l’ensemble de la filière et contre lesquels quelques structures revendiquent une position « indépendante27 ». Elle ne peut davantage exclure les fonds les moins visibles ni toute l’activité éditoriale dominée du point de vue économique, qui demeure à la fois une prise de risque et la garante de l’innovation éditoriale. Cette constatation porte à tenir compte de la diversité des collections tout comme des évolutions temporelles. De même, l’évolution du champ féministe redessine ses propres contours internes dans le même mouvement où elle modifie les contours de ses luttes pour changer les représentations et pour conquérir de nouveaux droits. Les rapports de force mutuels produits par les relations entre ces champs conduisent à leur modification respective, par l’effet d’un sous-champ situé à l’intersection de plusieurs autres champs. L’espace des positions qui se lit dans les politiques et les stratégies éditoriales contribue à la compréhension de ce processus et ses enjeux.

La traduction et l’évolution des paradigmes

Lancée en 1963, « Femme » (Denoël-Gonthier) est la première collection à se consacrer au féminisme. Elle reste unique en son genre pendant 7 ans28. Parmi les traductions qu’elle propose en français, le catalogue comporte des autrices féministes contemporaines comme Margaret Mead29 pour les États-Unis ou Gabriella Parca pour les militantes italiennes30 mais aussi des autrices non contemporaines comme Virginia Woolf et Une Chambre à soi31. Avec 37 % de traductions publiées en 22 ans d’activité, cette collection envisage également de rééditer des titres pour « tirer de l’oubli un maximum d’ouvrages écrits par des femmes32 ». Le féminisme parvient en quelque sorte à produire de la valeur sur le marché des biens symboliques par le biais des collections, étant donné qu’à partir de 1970 d’autres collections s’ouvrent, principalement francophones, ne comportant qu’exceptionnellement des textes traduits. Citons à titre d’exemple le Mercure de France qui inaugure en 1970 la rubrique « Condition féminine » par un essai sur la condition féminine en Allemagne d’Erika Runge33. De même en 1972, « Femmes en mouvements » aux éditions Pierre Horay publie Contre le viol d’Andrea Medea et Kathleen Thompson34. Ces collections contribuent à amorcer une vague éditoriale inédite, abordant la plupart des sujets avancés par le mouvement féministe. Se constituent des maisons d’éditions spécialisées comme les éditions Des femmes et leur politique de traductions affirmée, ou les éditions Tierce qui développent leur catalogue dans une orientation féministe matérialiste et académique. À la fin de la décennie, précisément entre 1979 et 1982, la modification des champs militant et politique, conjuguée au recul du secteur des sciences humaines et sociales, a entraîné des mutations dans l’organisation des politiques éditoriales avec l’arrêt de collections. Celles qui se maintiennent sont révélatrices de la prise de risque des éditeurs à l’image militante, comme Syros et « Mémoires des femmes » qui avait traduit Emma Goldman en 197835.

Vera Figner. Mémoires d'une révolutionnaire
Kate Millett, La prostitution: quatuor pour voix féminines

Deux traductions publiées dans la collection « Femme » (Denoël, Gonthier) : le texte de Véra Figner (1973) traduit par Victor Serge et Jeanne Rude et le texte de Kate Millett (1972) traduit par Élisabeth Gille.

Une nouvelle offre éditoriale se formule dans les années 1960 et se déploie dans les années 1970, de façon concomitante au féminisme de deuxième vague, par l’ouverture de maisons et de collections spécialisées. L’évolution de l’offre répond à celle des questionnements sociaux et de l’institutionnalisation des études féministes dans les années quatre-vingt, puis des Gender et Queer Studies dans la deuxième moitié des années 1990 et au début des années 2000, d’origine principalement étasunienne.

Si la première collection à employer le terme « genre » est celle éditions Gay Kitsch Camp (« Question de genre ») en 1995, celle-ci n’est pas la première structure éditoriale dont l’activité se déploie sur la visibilité LGBT. En effet, dans les années 1980, Geneviève Pastre ou les éditions Persona avaient développé des projets en ce sens. Toutefois, l’essor quantitatif des structures d’édition lesbienne se remarque dans les années 1990, alors que des associations se sont fondées depuis la moitié des années quatre-vingt et se regroupent en 1997 en une Coordination lesbienne nationale, pour promouvoir la visibilité et lutter contre les discriminations faites aux femmes. Une spécialisation éditoriale se dessine dans les années 1990 de façon plus affirmée avec l’apparition de plusieurs maisons d’édition36, en soulignant sa ramification avec les luttes féministes. Précisons que l’histoire du mouvement lesbien peut être reliée à celle du genre à travers le concept de Gender, issu de la théorisation féministe de l’oppression des femmes. Mais un décalage temporel sépare les productions académiques américaines et britanniques et leurs traductions en français. En effet, si le texte de Joan Scott, « Genre : une catégorie utile d’analyse historique » a été traduit par Eleni Varikas pour une parution en 1988 dans les Cahiers du Grif37, en revanche, Trouble dans le genre de Judith Butler, paru à New York en 1990 ne parvient en français qu’en 200538. Les identités de genre et les sexualités au pluriel (sous ses appellations successives LGBT à LGBTQIA+) s’inscrivent dans le champ ouvert par le paradigme du « genre » et sont par conséquent prises en compte. Parmi les collections spécialisées qui suivent une politique de traductions, « Le rayon gay » (Balland, 1999) s’est rapidement scindé en deux collections, « Le rayon » et « Modernes » (2000). Cette dernière publie plusieurs textes issus du répertoire américain de diffusion plus ou moins large tels que Peau : sexe, classe sociale et littérature de Dorothy Allison, les Monologues du vagin d’Eve Ensler, la réédition de La pensée straight de Monique Wittig ou le Manifeste contra-sexuel de Beatriz Preciado39. Avec 50 titres en 2003, ces collections initiées par Guillaume Dustan (1965-2005) ont profité du lectorat de l’auteur d’autofictions et ont répondu à une demande de lecture.

Les lesbiennes de Berlin, 1928
Femmes lesbiennes de Berlin (1928)

Traduction publiée dans la collection « Chemin des dames » (Gay Kitsch Camp) en 1992. 

Nuancier terminologique et diversification par la traduction

Au tournant du XXIe siècle, la mise en avant des études sur les sexualités au pluriel conduit au développement de l’offre éditoriale et donne lieu à la constitution de collections. Dès la deuxième moitié des années 1990, les nouvelles collections s’appuient sur le développement des études féministes sur les femmes et le genre. La « Bibliothèque du féminisme » (L’Harmattan, 1996) inaugure les collections académiques avec l’emploi explicite du terme « féminisme » dans son intitulé. Parmi les onze collections spécialisées ouvertes entre 1996 et 2015 chez cet éditeur, la mention « genre » apparaît d’abord en 2006 (avec un domaine « genre et éducation » dans la collection « Savoir et formation ») puis en 2012-2014 par les collections « Sociologie du genre » et « Sexualité et genre ». Ces mentions tardives de « genre » peuvent s’expliquer comme un effet de la réception française des travaux de Judith Butler et de Joan Scott40. Un décalage de plusieurs décennies sépare leurs productions originales de leur publication en français. En effet, si Les Cahiers du Grif publient une traduction de « Gender : a useful category of historical analysis » [1986], de Joan Scott en 1988, son œuvre paraît sous la forme d’ouvrages en français, partiellement, à partir de 199841. Trouble dans le genre [1990] de Judith Butler paraît en 2005 aux éditions La Découverte dans une traduction de Cynthia Kraus. Trois ans pus tôt, ses entretiens avec Gayle Rubin avaient été réunis dans Marché au sexe (2002, tr. Éliane Sokol, EPEL), avant que les revues Nouvelles Questions féministes et Raisons politiques publient des traductions en 200342.

Bien que les traductions soient relativement rares dans les collections de l’édition académique et universitaire en comparaison des collections de l’édition commerciale, soulignons au titre des exceptions remarquables, les textes de l’écoféministe indienne Vandana Shiva43 traduits à la suite de la conférence mondiale de l’ONU sur les femmes à Pékin en 1995.

Maria Mies et Vandana Shiva, Ecoféminisme
Gail Pheterson, Le prisme de la prostitution
Paola Tabet, Les doigts coupés

Traductions publiées dans les collections « Femmes & Changements » (1998) et « Bibliothèque du féminisme » (2001) aux éditions L’Harmattan.

À droite : Livre publié dans la collection « Le genre du monde » (La Dispute) traduit de l’italien par Pascal Cordara (2018, réédition 2023). (Crédit : Clara Laspalas / La Dispute).

Il faut attendre 2002 pour constater la deuxième occurrence de « genre » dans une marque éditoriale, « Le genre du monde » (La Dispute), assortie de traductions44 notamment Théorie queer et culturelles populaires : de Foucault à Cronenberg de Teresa de Lauretis dans la traduction de Marie-Hélène/Sam Bourcier (2007). Aux éditions Épel (Éditions et Publications de l’École Lacanienne), « Les grands classiques de l'érotologie moderne » (2000) poursuivent le projet de faire connaître les études gays et lesbiennes ainsi que les travaux queer, cherchant à fédérer un champ de recherche qui ouvre « un débat critique entre champ gay et lesbien et champ freudien45 ». La collection ne publie que des traductions de l’américain pour la plupart des textes, exceptionnellement de l’italien. Le fonds accueille notamment les textes de David Halperin, John Winkler, Léo Bersani ou de Gayle Rubin46. C’est donc dans la première décennie du XXIe siècle que la traduction concourt à l’essor des collections centrées sur les savoirs des rapports sociaux de sexe et leurs représentations sociales, par la distinction entre « genre » et « sexualités », à l’instar des collections « Genre et sexualité » (La Découverte 2006-2011) et « Sexualité et genre » (L’Harmattan, 2014). Ces deux paradigmes dont l’usage est répandu dans l’espace académique n’émergent que tardivement dans les titres des collections.

Teresa de Lauretis, Théorie queer et cultures populaires
Gayle S. Rubin et Judith Butler, Marché au sexe

À gauche : Livre publié en 2007 dans la collection « Le genre du monde » (La Dispute), traduit de l’anglais par Marie-Hélène Bourcier. (Crédit : Aude Charlier / La Dispute). 

À droite : Livre publié en 2002 dans la collection « Les grands classiques de l’érotologie moderne » (EPEL). 

Sur l’ensemble de la période perdurent aussi des collections véhiculant des représentations traditionnelles, en particulier chez les éditeurs commerciaux s’inscrivant sur le marché « féminin ». C’est le cas des collections de livres pratiques comme « Bibliothèque pratique de Femme d’aujourd’hui » (Albin Michel, 1983) et « Profession femme » (First 1990) qui contient des traductions ; citons également les collections d’histoire comme « Destins de Femmes » (Pardès, 1987) inaugurée, dans une visée plus conservatrice, avec un titre d’Abel Hermant, mais aussi les éditions Pygmalion avec les traductions des romans de Marion Zimmer-Bradley et Kathleen Herbert avec la collection « Les Dames du Lac » (1993) ; sans oublier la littérature sentimentale traduite de l’anglais, à l’instar de « Femme passion » (Presses de la Cité, 1990). Mais nous pourrions aussi souligner l’intérêt tardif manifesté dans l’édition publique pour les questions féministes, de genre et de sexualités. Alors que le terme « femme » semble se prêter à des attentes assez diverses47, l’emploi de « genre » paraît délimiter des projets plus homogènes. Chez les éditeurs universitaires, les occurrences de « genre » s’intensifient dans les intitulés des collections éditoriales autour de 2004 – mais assez rares sont celles qui publient des traductions – et couvrent plusieurs domaines disciplinaires comme l’éducation, la sociologie, l’histoire ou la critique littéraire. L’offre coexiste désormais avec des collections explicitement centrées sur le féminisme. Entre 2006 et 2012, s’ouvrent des collections dont l’intitulé contient le terme « féminisme », comme les « Archives du féminisme » (Presses universitaires de Rennes, 2006), une collection qui accueille une traduction par Geneviève Knibiehler de Féminismes en Europe, 1700-1950 : une histoire politique [2000] de Karen M. Offen (2012). On peut aussi citer les « Fondamentaux du féminisme anglo-saxon » (ENS éditions à Lyon) dont l’orientation justifie l’importante part de traductions des textes qui s’intéressent à des figures du féminisme. Du point de vue de la diversité éditoriale, ce sont aussi bien des éditeurs privés, qu’ils soient généralistes ou spécialisés dans les sciences humaines et sociales, que ceux du secteur public (presses universitaires, éditions institutionnelles du secteur public) qui s’emparent de ces thématiques.

Karen Offen, Les féminismes en Europe 1700-1950
« Fondamentaux du féminisme anglo-saxon » (ENS éditions à Lyon)

Traductions publiées en 2012 dans les collections « Archives du féminisme » (Presses universitaires de Rennes / Terre de brume) et « Les fondamentaux du féminisme anglo-saxon » (ENS éd.).

Féminisme et bibliodiversité de 2012 à MeToo

Le contexte de réception éditoriale qui caractérise la décennie 2010 est marqué par la loi ouvrant le mariage aux individus de même sexe mais aussi par les « ABCD de l’égalité » proposés par la ministre des Droits des femmes qui, du « Printemps français » à la « Manif pour tous », ont suscité de vives réactions auxquelles les groupes militants antiféministes tels que ceux revendiquant un « féminisme » de droite conservatrice48 ont pris une large part médiatique. Les argumentaires éditoriaux des collections qui présentent une offre sous la bannière du « genre » mettent en lumière un potentiel de critique sociale. Ainsi, l’emploi du terme « genre » semble inviter à l’aggiornamento par le renouvellement des paradigmes au profit d’une meilleure compréhension des sociétés, ce à quoi la traduction semble contribuer, tout en révélant les obstacles aux progrès de la connaissance49.

Réponse aux réactions conservatrices

En 2015, la collection « Sorcières » (Cambourakis) s’est ouverte sur la nécessité de proposer des réponses féministes aux « mobilisations conservatrices50 » qu’ont suscité les politiques égalitaires. En replaçant le genre dans l’héritage du féminisme, cette collection a voulu proposer des ouvrages qui abordent les thématiques des féminismes queer, décoloniaux ou écologistes. Sa déclaration d’intention, rappelant la remise en cause du droit à l’avortement en Espagne soulignant les « tensions réactionnaires qui ont suivi les débats sur le mariage pour tous51 », se présente sous les traits d’un manifeste52 dans une démarche comparable à celle empruntée 40 ans auparavant par la revue littéraire Sorcières. À l’instar de la première revue, qui proposait de renverser les représentations stigmatisantes en figures valorisantes d’empowerment, au moyen d’un titre transgressif, la collection « Sorcières » s’inscrit dans une critique sociale où les traductions nourrissent la thématique éponyme. L’anglais domine encore dans la proportion des langues sources bien que deux titres jeunesse et de bande dessinée soient traduits de l’allemand et du finnois. Deux ouvrages de bell hooks (Gloria Jean Watkins53) paraissent en 2015 et 2017, des classiques du Black Feminism étasunien, Ne suis-je pas une femme ? et De la marge au centre : théorie féministe. La collection contribue à combler le retard français avec la traduction de la militante écoféministe issue du courant altermondialiste, Starhawk (alias Miriam Simos54) suivi des Chroniques altermondialistes : tisser la toile du soulèvement global55. Cambourakis y réédite, sortis des presses féministes nord-américaines, Sorcières, sages-femmes et infirmières, une histoire des femmes soignantes de Barbara Ehrenreich et Deirdre English56 et des mêmes autrices Fragiles ou contagieuses, le pouvoir médical et le corps des femmes57. Cette collection occupe en 2015 une position originale dans le champ éditorial que l’on peut situer dans l’héritage de celles des éditions Balland, « Le Rayon gay » et « Modernes58 », d’autant plus que la collection d’Isabelle Cambourakis réédite un titre issu du répertoire de la collection de Guillaume Dustan, le livre de Dorothy Allison. L’auteur-éditeur précédent s’inscrivait quinze ans plus tôt dans le mouvement qui voyait les études « femmes » tout comme les études « gay et lesbiennes » céder la place aux Gender Studies porteuses d’« une critique radicale de la société ». En ce sens, sa collection de textes visait à « désexualiser le regard sur l’humain, libérer le corps du modèle familial traditionnel59 ».

Prise de risque et potentiel commercial

Le mouvement MeToo, bien que lancé aux États-Unis en 2007, a essaimé par les réseaux sociaux internationaux pour s’opposer aux conservatismes à travers les hashtags #NiUnaMenos dès 2015 en Argentine, celui #JeNaiPasPeurDeDire en 2016 en Ukraine et en Russie à partir d’octobre 2017. En France #Noustoutes, #banlancetonporc participent de ce mouvement de dénonciations des violences sexistes et sexuelles qui suivent l’« affaire Weinstein » et #MeToo. La production éditoriale traitant des violences sexistes et sexuelles n’est pas endiguée par les restrictions de la pandémie60 et l’année 2021 ne connaît pas d’affaiblissement du mouvement61. Au contraire, la remise en question interne aux professions du livre incite la filière à évaluer ses pratiques et à remédier aux violences qui y sont dénoncées.

Preuve de la transversalité sectorielle de cette production, en langue française comme en traduction (même si l’anglais est la langue source majoritaire), on constate une hétérogénéité de structures dans la spécialité du féminisme et du genre, qu’il s’agisse de collections de biographies, de documents ou de récits personnels62. Un nouvel état du champ se caractérise par la convergence du féminisme avec les revendications relevant de l’écologie, des sexualités queer et des approches postcoloniales. Toutefois, c’est la production au plus fort potentiel commercial qui est favorisée, au détriment de celle proposée par les maisons féministes, souvent de plus petite envergure et qui revendiquent leur indépendance éditoriale comme une garantie de la bibliodiversité et de la prise de risque que représentent leurs publications. Par exemple chez Flammarion, la collection « Les œuvres du matrimoine » qui réédite des livres commercialisés à bas prix écrits par des autrices du XVIIe au XXe siècle paraît moins exposée à la perte de bénéfices que la collection « Epoca » chez Anacaona sous-titrée « la diversité des voix brésiliennes » qui met en circulation des textes articulant la pensée décoloniale et le féminisme63 ou que la production des éditions Divergences, qui se présentent comme une maison de critique sociale et politique, et qui intègrent le féminisme à leur catalogue avec, en traduction, les textes de Silvia Federici, bell hooks et Veronica Gago, enseignante à Buenos Aires et membre du collectif Ni Una Menos64.

Collectifs professionnels et politiques publiques

En 2018, l’association d’éditeurs indépendants, constituée en 2002 pour promouvoir la bibliodiversité, a proposé une sélection de livres issus des catalogues de ses membres intitulée Women list à l’occasion de la foire internationale du livre de Francfort. La majeure partie des références est issue des langues des anciens empires coloniaux (anglais, espagnol, français), tandis que trois titres sont publiés en indonésien, en brésilien et en turc et deux sont des traductions respectivement de l’allemand vers l’arabe (Syrie) et de l’anglais vers le français. Ce dernier titre n’est autre que le manifeste pour l’édition indépendante (Bibliodiversité, manifeste pour une édition indépendante) de Susan Hawthorne, éditrice féministe qui considère la production féministe comme un apport fondamental à la diversité, et la visibilité de la critique féministe comme un enjeu pour la liberté de parole et le recul de l’oppression.

C’est dans ce contexte même qu’en juin 2020, le Bureau international de l’édition française (BIEF), qui promeut la production française internationalement, a diffusé une sélection de 150 titres à diffuser internationalement par l’échange de droits. Le catalogue en langue anglaise intitulé Gender, Sexism & Stereotypes : A Selection of French Titles regroupe des titres choisis pour leur potentielle attractivité sur le marché international : sont mentionnées les bonnes ventes, les sélections pour un prix ou les contrats de traductions déjà réalisés. Parmi environ 150 titres publiés par 90 éditeurs français, le tiers (53) avait alors déjà fait l’objet d’une négociation pour la cession de droits de traduction au moment de l’édition du catalogue. Le secteur le plus représenté est celui de la jeunesse avec 46 références, suivi des sciences humaines et des essais (35 titres). Les éditeurs représentés sont généralement bien implantés dans le paysage éditorial, souvent membres du Syndicat national de l’édition (SNE) et pour deux tiers de la sélection, ils appartiennent aux grands groupes de l’édition française65. Dans la vague féministe, que captent les éditeurs les plus établis, les structures les plus engagées et les moins bien placées sur le marché mondial semblent sous-représentées. Cela rend d’autant plus pertinente la mise à l’agenda des femmes et du féminisme au programme des assises de la bibliodiversité de 2021, par l’Alliance internationale des éditeurs indépendants66.

L’effet catalogue

Nous avons choisi d’analyser les traductions pour éclairer les effets éditoriaux que produit un mouvement social internationalisé. Les impératifs de marché favorisant les dispositifs de fidélisation et de visibilité nous ont incitée à placer la focale sur les collections car elles mettent en œuvre ces stratégies de commercialisation. Elles rendent visible une offre qui obéit à un projet intellectuel singulier, au moyen d’indicateurs signalétiques discursifs tels que les noms qu’elles portent. Leur multiplication semble tout autant un témoin de la segmentation des marchés que le signe de l’ouverture du champ éditorial. Même si elles sont loin de représenter l’ensemble de la production éditoriale, les collections permettent de saisir l’évolution des traductions comme un indicateur (partiel) de la circulation internationale des idées au sein d’un sous-champ constitué de la variété des positions idéologiques mais aussi contraint par des logiques économiques. Le féminisme est parvenu en quelque sorte à produire de la valeur sur le marché des biens symboliques comme en témoigne l’ouverture de nombreuses collections à partir années 1970, même si les traductions y tiennent une place relativement limitée. L’effet catalogue semble toutefois se produire, au sein d’une même collection, par la valorisation mutuelle de l’ensemble des titres, traduits et non traduits, succès d’estime et succès commerciaux, inédits et redécouverte, etc. Une spécialité s’est développée, diversifiant les approches, comme le montre l’évolution des termes employés dans les intitulés des collections qui mettent fin à la prépondérance de « femme » au profit de « genre » au moment où sont mises en avant les questions gay et lesbiennes dans l’espace social. L’essor de structures d’édition dites alors « LGBTQ » au tournant des années 2000 s’est accompagné cette fois de traductions, bien que principalement issues de l’américain et de l’anglais. Tandis que l’édition scientifique et académique privilégie la production inédite non traduite, ce qui peut se comprendre comme un signe de vitalité et s’expliquer par la mission de valorisation que remplissent les établissements publics de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un contraste entre production restreinte et production élargie serait toutefois à évaluer en matière de diffusion de ces traductions. D’une part les revues académiques spécialisées et de diffusion très restreinte traduisent de façon significative – c’est le cas des Cahiers du Grif, de Nouvelles Questions féministes ou des Cahiers du Cedref67 – ; d’autre part, des maisons d’éditions spécialisées dans le féminisme et le genre, actrices de la circulation des idées par leurs politiques de traduction, contribuent par cette voie à l’expression de nouvelles positions aux différents pôles de la production restreinte, qu’elle soit militante ou scientifique, mais quelques exemples relatifs au pôle de la production élargie ont été cités. Les maisons d’édition spécialisées ont été laissées de côté ici, soulignons toutefois que l’existence d’une édition féministe à proprement parler témoigne non seulement de la vitalité d’un secteur mais aussi de sa viabilité. Par conséquent, dans un contexte social national et international qui débat des violences sexistes et sexuelles, cette vitalité de l’offre incite, en 2020 le BIEF à proposer un programme de traductions intitulé Gender, Sexism & Stereotypes, et l’édition commerciale indépendante inclut ces approches dans la défense de la bibliodiversité. À l’issue de la première décennie du XXIe siècle la traduction a pu contribuer à réactiver la circulation transnationale des idées et de la pensée féministe pour répondre aux contestations réactionnaires visant les questions de genre. Bien que l’offre s’inscrive encore dans une économie risquée, malgré la brèche ouverte par MeToo, la diversification des langues traduites est un horizon néanmoins défendu par le collectif de l’édition indépendante68.

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    1

    Je remercie Gisèle Sapiro pour sa relecture attentive.

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    2

    Florence Rochefort, Histoire mondiale des féminismes, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je », 2022 [2018]. Françoise Gaspard, « Les femmes dans les relations internationales », Politique étrangère, vol. 65, n° 3-4, 2000, p. 730-741.

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    3

    Jean-Yves Mollier, « Histoires nationales et histoire internationale du livre et de l’édition », Mémoires du livre, vol. 7, n° 2, 2016. En ligne : https://id.erudit.org/iderudit/1036854ar

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    4

    Lucien Febvre et Henri-Jean Martin, L’Apparition du livre, Paris, Albin Michel, 1958.

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    5

    Christine Rivalan Guégo et Miriam Nicoli (dir.), La collection. Essor et affirmation d’un objet éditorial, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.

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    6

    Jean-Yves Mollier, « Édition et politique (XIXe-XXe) », in Serge Berstein et Pierre Milza (dir.), Axes et méthodes de l’histoire politique, Paris, PUF, 1998, p. 433-445.

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    7

    Gisèle Sapiro (dir.), Translatio. Le marché de la traduction en France à l’heure de la mondialisation, Paris, CNRS Éditions, 2008.

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    8

    Gisèle Sapiro, « L’américanisation des sciences humaines et sociales françaises ? Une cartographie des traductions de l’anglais, de l’allemand et de l’italien en français (2003-2013) », Biens symboliques / Symbolic Goods. Revue des sciences sociales sur les arts, la culture et les idées, n° 12, 2023. En ligne : https://doi.org/10.4000/bssg.3049

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    9

    Fanny Mazzone avec la collaboration de Bernand Banoun, « Féminisme et études de genre », in Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel (dir.), Histoire des traductions en langue française, Lagrasse, Verdier, 2019, p. 1719-1756.

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    10

    Jean-Yves Mollier, « Histoires nationales et histoire internationale du livre et de l’édition », Mémoires du livre, vol. 7, n° 2, 2016. En ligne : https://id.erudit.org/iderudit/1036854ar

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    11

    Laurence Klejman, « Les congrès féministes internationaux », Mil neuf cent, n° 7, 1989, p. 71-85.

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    12

    Florence Rochefort, Histoire mondiale des féminismes, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je », 2022 [2018].

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    13

    Mis en place avec la Société des nations par l’Institut internationale de coopération intellectuelle, l’UNESCO a relancé ce programme dès 1948 en alimentant l’Index translationum et en créant un bureau de la traduction. Fernando Valderrama, Histoire de l’Unesco, Paris, éd. Unesco, 1995.

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    14

    Fanny Mazzone, « La traduction aux éditions Des Femmes : une stratégie “géo-politico-poético-éditoriale” », in Gisèle Sapiro (dir.), Les contradictions de la globalisation éditoriale, Paris, Nouveau Monde éditions, 2009, p. 177-199.

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    15

    Monique Cahen, « Une nouvelle collection “Libre à elles” dirigée par Monique Cahen », Bulletin mensuel du Seuil, mars 1978, p. 9.

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    16

    Jean-Yves Mollier, « Collection », in Pascal Fouché, Daniel Péchoin et Philippe Schuwer (dir.), Dictionnaire encyclopédique du livre, Paris, éd. du Cercle de la librairie. 2002-2011, vol 1, p. 571.

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    17

    Gérard Genette, Seuils, Paris, Seuil, « Points Essais », 1987.

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    18

    Ivanne Rialland, « La collection éditoriale », in Critique & médium (XXe-XXIe siècles), Paris, CNRS Éditions, 2016, « Génétique », p. 199-256.

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    19

    Françoise Blum, « Revues féminines, revues féministes », in Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie et Jean-Yves Mollier (dir.), La Belle Époque des revues (1880-1914), Paris, éditions de l’IMÉC, 2002, p. 211-222.

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    20

    Gisèle Sapiro, « L’américanisation des sciences humaines et sociales françaises ? Une cartographie des traductions de l’anglais, de l’allemand et de l’italien en français (2003-2013) », Biens symboliques / Symbolic Goods. Revue des sciences sociales sur les arts, la culture et les idées, n° 12, 2023. En ligne : https://doi.org/10.4000/bssg.3049

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    21

    Sheila Rowbotham, Féminisme et révolution, traduit par Pierre Kamnitzer, Paris, Payot, 1973 [1972]. Phyllis Chesler, Les Femmes et la folie, traduit de l’américain par J.-P. Cottereau, préface d’Hélène Cixous, Paris, Payot, 1975 [1972]. Mary Wollstonecraft, Défense des droits de la femme, préface et traduction de Marie-Françoise Cachin, Paris, Payot, 1976 [1792].

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    22

    Jos Van Ussel, Histoire de la répression sexuelle, traduit de l’allemand par Catherine Chevalot, Paris, Robert Laffont, 1972.

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    23

    Fanny Mazzone, « Une édition féministe transnationale ? Éléments pour l’analyse de la circulation internationale du livre féministe. Le cas des échanges franco-italiens », Histoire et civilisation du livre, vol. 19, 2023, p. 239-259. DOI : 10.47421/HCL_19_239-259

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    24

    « Théorie du champ », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 200, décembre 2013.

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    25

    Sandrine Garcia, Le Féminisme, une révolution symbolique : étude des luttes symboliques autour de la condition féminine, thèse de doctorat de sociologie sous la direction de Pierre Bourdieu, Paris, EHESS, 1993.

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    26

    Pierre Bourdieu, « Une révolution conservatrice dans l’édition », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 126-127, 1999, p. 3-28.

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    27

    Sophie Noël, L’Édition indépendante critique. Engagements politiques et intellectuels, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2012, rééd. 2021.

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    28

    « Une pionnière : Colette Audry et sa collection “Femme” », Bulletin du livre, n° 258, 20 avril 1975, p. 19-20. Séverine Liatard, « Colette Audry, une intellectuelle », in Odile Krakovitch, Geneviève Sellier et Éliane Viennot, Femmes et pouvoir : mythes et fantasmes, Paris, L’Harmattan, « Bibliothèque du féminisme », 2001, p. 145. Séverine Liatard, Colette Audry (1906-1990). Engagements et identités d’une intellectuelle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

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    29

    Margaret Mead, L’un et l’autre sexe, traduit par Claudia Ancelot et Henriette Étienne, Paris, Denoël, « Femme », 1966 [1949].

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    30

    Gabriella Parca, Les Italiennes se confessent, traduit par Henriette Valot, Paris, Denoël, « Femme », 1966 [1959].

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    31

    Virginia Woolf, Une Chambre à soi, traduit par Clara Malraux, Paris, Denoël, « Femme », 1965 [1929].

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    33

    Erika Runge, Femmes de notre temps, traduit de l’allemand par Léa Marcou, Paris, Le Mercure de France, « En direct : condition féminine », 1970.

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    34

    Andrea Medea et Kathleen Thompson, Contre le viol, Paris, Horay, « Femmes en mouvements », 1974.

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    35

    Emma Goldman, La tragédie de l'émancipation féminine, préface, traduction, notes et commentaires par Claire Auzias-Gelineau et al., Paris, Syros, « Mémoires des femmes », 1978 [1906].

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    36

    Kata Tjinta Media (1998) et Dans l'engrenage (2003) traduisent des romans depuis l’anglais. Les Éditions gaies et lesbiennes (1997), Double interligne (1997) et La Cerisaie (2002) proposent des textes en langue française.

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    37

    Dominique Fougeyrollas-Schwebel et al. (dir.), Le genre comme catégorie d’analyse. Sociologie, histoire, littérature, Paris, L’Harmattan, « Bibliothèque du féminisme/Ring », 2003.

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    38

    Fanny Mazzone avec la collaboration de Bernand Banoun, « Féminisme et études de genre », in Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel (dir.), Histoire des traductions en langue française, Lagrasse, Verdier, 2019, p. 1719-1756.

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    39

    Dorothy Allison, Peau, traduit par Nicolas Milon, Paris, Balland, « Le rayon gay », 1999 [1982-1994]. Eve Ensler, Monologues du vagin, traduit par Christine Barbaste, Paris, Balland, « Le rayon gay », 1999 [1996]. Beatriz Preciado, Manifeste contra-sexuel, traduit par Marie-Hélène Bourcier, Paris, Balland, « Modernes », 2000. Monique Wittig, La pensée straight, communication en anglais (« The Straight Mind », New York, Modern language convention, 1978) traduite dans Questions féministes n° 7, février 1980, rééd. Paris, Balland, « Modernes », 2001.

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    40

    Gisèle Sapiro, « L’américanisation des sciences humaines et sociales françaises ? Une cartographie des traductions de l’anglais, de l’allemand et de l’italien den français (2003-2013), Biens symboliques / Symbolic Goods. Revue des sciences sociales sur les arts, la culture et les idées, n° 12, 2023. En ligne : https://doi.org/10.4000/bssg.3049

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    41

    Joan W. Scott, « Gender: a useful category of historical analysis », American Historical Review, vol. 91, n° 5, 1986, p. 1053-1075, traduction française par E. Varikas dans Les Cahiers du Grif, n° 37-38, 1988, p. 125-155.

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    42

    Fanny Mazzone avec la collaboration de Bernand Banoun, « Féminisme et études de genre », in Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel (dir.), Histoire des traductions en langue française, Lagrasse, Verdier, 2019, p. 1719-1756.

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    43

    Vandana Shiva, Éthique et agro-industrie, traduit par Marie-Paule Nougaret, Paris, L’Harmattan, « Femmes et changements », 1996. Maria Mies et Vandana Shiva, Écoféminisme, traduit par Edith Rubinstein, Paris, L’Harmattan, « Femmes et changements », 1998 [1990].

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    44

    Leonore Davidoff et Catherine Hall, Family fortunes. Hommes et femmes de la bourgeoisie anglaise, 1780-1850, avant-propos d’Eleni Varikas, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Christine Wünscher et révisé par Isabelle Clair, Paris, La Dispute, « Genre du monde », 2014 [1987]. Cynthia Cockburn, Des femmes contre le militarisme et la guerre, préface d’Arielle Denis, traduit par Séverine Sofio, Paris, La Dispute, « Genre du monde », 2015. Paola Tabet, Les doigts coupés. Une anthropologie féministe, préface de Marie-Élisabeth Handman, textes remaniés traduits de l’italien par Pascal Cordara, Paris, La Dispute, « Genre du monde », 2018 [2014].

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    46

    David Halperin, Saint Foucault, traduction Didier Eribon, et Cent ans d’homosexualité et autres essais sur l’amour grec [1990], traduction Isabelle Châtelet, en 2000. Gayle Rubin, Marché au sexe entretien avec Judith Butler, traduction Éliane Sokol, 2002 et Surveiller et jouir, anthropologie politique du sexe, traduction Flora Bolter, Christophe Broqua, Nicole-Claude Mathieu et Rostom Mesli, 2010. John Winkler, Désir et contraintes en Grèce ancienne [1990], traduction Sandra Boehringer et Nadine Picard, 2005. Léo Bersani, Sexthétique [1998-2009], traduction Christian Marouby, Guy Le Gaufey et Dimitri Kijek en 2008. Gayle Rubin, Surveiller et jouir [1975-2002], traduction Flora Bolter, Christophe Broqua, Nicole-Claude Mathieu et Rostom Mesli, ÉPEL, « Classiques de l’érotologie moderne », 2010.

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    47

    Comme le suggèrent les collections « La Femme au temps de » (Stock) ou « Femme Passion » (Presses de la Cité) dans les années 1990.

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    48

    Magali Della Studda, Les Nouvelles femmes de droite, Marseille, Hors d’atteinte, 2022.

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    49

    Lire par exemple les argumentaires des collections « Littérature et genre » des éditions Honoré Champion, en ligne : https://www.honorechampion.com/img/cms/pdf_catalog/2024_litterature_genre.pdf, ainsi que « Des deux sexes et autres » aux Presses de l’université de Saint-Étienne, en ligne : https://ihrim.ens-lyon.fr/productions-scientifiques/collections/article/collection-des-deux-sexes-et-autres, pages consultées le 1er juillet 2024.

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    50

    Éric Agrikoliansky et Annie Collovald, « Mobilisations conservatrices : comment les dominants contestent ? », Politix, n° 106, 2014 p. 7-29.

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    51

    « De la nécessité d’une collection féministe aujourd’hui », fascicule de 8 p., Cambourakis, 2014.

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    52

    Frédéric Palierne, « La déclaration d’intention, une identité entre manifeste et péritexte commercial. Une approche des discours d’intention dans les collections littéraires de la seconde moitié du XXe siècle », in Christine Rivalan Guego et Myriam Nicoli (dir.), La collection. Essor et affirmation d’un objet éditorial, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.

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    53

    bell hooks, Ne suis-je pas une femme ? [1981] et De la marge au centre, théorie féministe [1984], parus en 2015 et 2017 dans les traductions d’Olga Potot et Noomi B. Grüsig, deux classiques de la pensée du Black Feminism aux États-Unis.

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    54

    Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, magie et politique réédité en 2015, cet essai sur les liens entre sorcellerie et politique, initialement paru en 1982, est à nouveau édité 21 ans plus tard dans la traduction de Morbic aux Empêcheurs de tourner en rond en 2003 avec une préface de la philosophe Isabelle Stengers.

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    55

    Webs of Power, Notes From The Global Uprising, paru en 2002 aux États-Unis et d’abord édité par les Empêcheurs de tourner en rond en 2004 avant de figurer dans la collection « Sorcières » en 2016 dans la traduction d’Isabelle Stengers, Édith Rubinstein et Alix Grzybowski.

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    56

    Traduit en français en 1976 aux éditions du Remue-Ménage.

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    57

    D’abord édité à New York chez Feminist Press en 1973, Fragiles ou contagieuses parait en 2016 dans une traduction de Marie Valera.

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    58

    Camille Cornu, « La collection “Sorcières” d’Isabelle Cambourakis, entre militantisme et édition », ActuaLitté, 12 décembre 2015. En ligne : https://actualitte.com/article/35582/interviews/la-collection-feministe-d-isabelle-cambourakis-entre-militantisme-et-edition, consulté le 1er juillet 2024.

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    59

    Lisbeth Koutchoumoff, « Les éditions Balland sortent du bois et lancent une collection homosexuelle », Le Temps, 30 janvier 1999. En ligne : https://www.letemps.ch/culture/editions-balland-sortent-bois-lancent-une-collection-homosexuelle, page consultée le 1er juillet 2024.

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    60

    « La rentrée par thèmes. Les femmes victimes de violences », Livres hebdo du 24 juillet 2020.

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    61

    De nouvelles maisons dédiées aux femmes sans qu’elles ne s’appuient toujours sur un militantisme féministe lisible sont identifiées, comme Les Pérégrines (anciennement François Bourin) et Dalva, une maison qui se dit engagée dans le soutien des autrices, ou encore la collection « Les Indomptées » aux éditions Charleston (Leduc.s). « #MeToo - Le boom féministe : #MeToo, la déferlante éditoriale en chiffres », Livres hebdo du 25 février 2021.

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    62

    Points inaugure sa collection « Points féministe » avec Sororité (8 avril 2021), un recueil rassemblant les textes de quatorze autrices et dirigé par l’écrivaine Chloé Delaume. « Libre à elles » chez Tallandier, en 2019 est une collection de biographies de femmes engagées qui ont joué un rôle majeur quelle que soit l’époque ou le domaine d’activité. Soulignons aussi « Puissance des femmes » fondée en 2018 chez Stock, qui s’ouvre quant à elle avec Une révolution sexuelle ? de l’historienne Laure Murat, un ouvrage traitant des conséquences de l’affaire Weinstein.

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    63

    En ligne : anacaona.fr/category/feminisme, page consultée le 1er juillet 2024.

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    64

    « Féminisme, racisme, postcolonialisme… », Newsletter du BIEF, avril 2022.

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    65

    Selon le « Planisphère de l’édition française » de 2020 publié par Livres hebdo.

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    66

    « Assises internationales de l’édition indépendante, Pampelune-Iruñea, 23-26 novembre 2021 », Alliance internationale de l’édition indépendante. En ligne : https://www.alliance-editeurs.org/assises-internationales-de-l,1752, page consultée le 1er juillet 2024.

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    67

    Fanny Mazzone avec la collaboration de Bernand Banoun, « Féminisme et études de genre », in Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel (dir.), Histoire des traductions en langue française, Lagrasse, Verdier, 2019, p. 1746.

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    68

    Bibliodiversity, n° 1, juin 2011 « Bibliodiversity indicators » et n° 3, février 2014 « Translation and Globalisation ».

    Pour citer cette publication

    Fanny Mazzone, « Féminisme, genre et sexualités : politiques éditoriales et traductions depuis les années 1960 jusqu’à MeToo » Dans GisèleSapiro et Tiphaine Samoyault (dir.), « Politiques de la traduction », Politika, mis en ligne le 23/01/2025, consulté le 23/01/2025 ;

    URL : https://politika.io/index.php/fr/article/feminisme-genre-sexualites-politiques-editoriales-traductions-annees-1960-jusqua-metoo